Général d’armée Denis Favier : « Les événements démontrent la nécessité d’anticiper, planifier et conduire des opérations au niveau central »

  • Par la rédaction du site Gendinfo
  • Publié le 30 janvier 2016
Général Denis Favier
© MAJ - Fabrice BALSAMO

Les événements de 2015 ont mené au développement d’une gestion centralisée des crises. Le général d’armée Denis Favier revient sur l’évolution de la DGGN, devenue état-major opérationnel.

Les nombreux événements qui ont émaillé l’actualité en 2015, notamment les attentats terroristes, le crash de la Germanwings ou l’accident de car de Puisseguin, ont non seulement pesé sur l’activité opérationnelle de la gendarmerie, mais ils ont également conduit l’Institution à développer une gestion de crise de plus en plus centralisée. Le général d’armée Denis Favier revient sur l’évolution de la DGGN, désormais pléinement état-major opérationnel de gestion de crise.

Mon général, pourquoi avoir fait évoluer la DGGN pour en faire un état-major, centre de commandement opérationnel ?

Nous avons vécu cette année des séquences opérationnelles denses, que ce soient les attentats terroristes, le crash aérien de l’Airbus de la Germanwings dans les Alpes ou encore les phénomènes de contestation comme les ZAD. Elles ont démontré la nécessité de pouvoir anticiper, planifier, suivre et, le cas échéant, conduire des opérations au niveau central.

C’est d’abord un besoin qui répond au contexte actuel. Nous sommes à l’ère de l’instantanéité de l’information, de la viralité de l’image. Les chaînes d’information continue mais aussi n’importe quel citoyen muni d’un smartphone peuvent diffuser, propager de l’information. Aujourd’hui, les événements sont vécus en direct, avec toutes les contraintes que cela fait peser sur les forces de sécurité. L’exemple le plus marquant reste les attentats de janvier 2015. Ce contexte nous a conduits à une gestion de crise de plus en plus centralisée, pilotée au niveau national, au contact des plus hautes autorités.

Nous sommes plus que jamais placés dans l’urgence de l’action et de la décision. Cela nous impose d’avoir une vision précise et immédiate de la situation et donc de disposer de renseignements fiables, rapides et partagés entre les différents acteurs. Cette volonté de porter les opérations lourdes au niveau central est aussi et surtout une question d’efficacité, de partage d’information, de coordination de la manœuvre, de capacité à dégager des moyens au profit du terrain. Cela exige une vision globale.

Cette vision, c’est bien à la DGGN de la porter. Les opérations constituent notre cœur de métier. Nous sommes formés et structurés pour les conduire. Formés à la rigueur militaire du raisonnement tactique et des cadres d’ordres. Structurés par une organisation territoriale qui facilite la montée en puissance des unités, la coordination de toutes les composantes sous commandement unique et appuyée d’une manœuvre de soutien opérationnel.

Enfin, à titre personnel, je suis attaché à un engagement opérationnel fort de chacun, à tous les niveaux.

Comment se traduit le rôle opérationnel de la DGGN ?

Le cœur des opérations est porté par la direction des opérations et de l’emploi. Nous évoluons vers un fonctionnement selon trois postures que nous avons éprouvées dans les faits cette année. Le premier niveau concerne le suivi de l’activité opérationnelle en temps normal. Le deuxième niveau est activé lors d’une opération ou d’un événement majeur et le troisième niveau correspond à la conduite des opérations lors d’une crise.

Nous sommes alors sur des situations de haute intensité qui justifient l’activation de la Cellule interministérielle de crise (CIC) au ministère de l’Intérieur. Nous armons les différents éléments de la CIC ainsi que la salle de décision ministérielle qui regroupe, sous l’autorité du ministre, les seules forces de sécurité intérieure pour partager l’information et conduire la manœuvre.

Parallèlement, au sein de la DGGN, le fonctionnement se réorganise autour du centre des opérations (CROGEND en configuration de crise) et du Centre de planification et de gestion de crise (CPGC).

 

Personnel du CPGC dans le PC de crise du Crogend.

 

Quel est l’apport de cette fonction opérationnelle de la DGGN, tant en interne, par rapport aux échelons territoriaux, qu’en externe ?

Affirmer la DGGN comme un état-major opérationnel apporte une plus-value décisive. En interne, les échelons territoriaux conservent la plénitude de leurs prérogatives en agissant selon le principe de subsidiarité qui vise à traiter un problème au niveau le plus pertinent. C’est au nom de ce même principe que la DGGN doit venir prendre la main dans un certain nombre de cas pour traiter les éléments relevant de son niveau et tirer toutes les conséquences de la crise en cours.

C’est la conduite d’opérations interrégionales, comme en janvier 2015 lorsque nous avons engagé une large manœuvre de contrôle de zone, à cheval sur plusieurs régions, afin de contraindre les terroristes à se retrancher. Cela peut aussi être la gestion centralisée d’opérations simultanées se déroulant dans plusieurs régions.

C’est enfin l’animation opérationnelle pour tirer les conséquences d’un événement, comme les directives données après les derniers attentats de Paris, dont la mise en place d’un dispositif de contrôle des flux dans la profondeur sur les péages autoroutiers, les nœuds de communication et les zones frontières. La DGGN permet de dégager et de projeter les moyens spécialisés et les renforts adaptés.

La gestion du crash de l’Airbus de la Germanwings l’illustre bien en combinant, au plus près du terrain, une manœuvre régionale interservices et, à l’échelon central, une manœuvre nationale, coordonnée avec la gestion de crise interministérielle, pour dégager tous moyens utiles : projection de l’unité gendarmerie d’identification des victimes de catastrophes, du CPGC, d’unités spécialisées montagne, de systèmes d’information et de communication…

En externe, la DGGN, état-major opérationnel, est un point de contact unique, présent au plus près de l’autorité politique et en mesure de lui présenter une situation claire, cartes et images à l’appui, retransmises en temps réel grâce à nos caméras héliportées. Apporter une vision opérationnelle de la situation permet ensuite de présenter la manœuvre et de proposer des options consolidées, fondées sur des informations fiabilisées.

`Même dans le cadre d’une gestion de plus en plus centralisée, les responsabilités restent bien définies : la décision politique s’appuie sur une proposition consolidée du chef, à qui incombe ensuite la conduite de la manœuvre. En définitive, la centralisation des opérations les plus importantes au niveau de la DGGN présente plusieurs avantages.

Elle nous permet de dégager des plus-values considérables et de proposer aux autorités politiques des options solides d’engagement comme peu de services de l’État peuvent en produire. Elle nous offre également la possibilité d’apporter une contribution remarquée à la conduite des crises lourdes qui s’appréhendent sous un prisme interministériel. Elle démontre enfin le rôle clef que nous tenons dans le domaine des crises de sécurité intérieure. Ceci est extrêmement valorisant pour la gendarmerie qui apparaît comme une force essentielle de proposition et d’action.

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