Formation hiver au DQTM : 5 semaines en haute montagne

  • Par Angélina Gagneraud
  • Publié le 12 février 2018
La cordée pendant le raid à skis de randonnée.
© Cnisag

Chamonix Mont-Blanc. En cinq semaines, les instructeurs du Cnisag vont amener les 22 stagiaires de ce stage hiver à un haut niveau de performance.

Chaque année, sur la centaine de titulaires du Cem (Certificat élémentaire montagne - formation de premier niveau en été et en hiver), seule une poignée est jugée apte pour poursuivre la formation et passer le Diplôme de qualification technique montagne (DQTM).

Avant que ces quelques passionnés de montagne ne se rendent au Centre national d’instruction au ski et à l’alpinisme de la gendarmerie (Cnisag) pour cette deuxième étape de leur formation, ils doivent accomplir une liste de 15 courses en montagne.

À l’issue, les candidats passent un examen afin de vérifier leur capacité technique à suivre la formation DQTM été. Après validation de cette première session de formation, ils peuvent se présenter au stage hiver de cinq semaines après un test d’entrée pour évaluer leur niveau de ski.

Au cours de ces cinq semaines, les élèves sont encadrés par les formateurs du Cnisag et des renforts venant des Pelotons de gendarmerie montagne (PGM) et de haute montagne (PGHM) de toute la France, guides de haute montagne et/ou moniteurs de ski, en plus d’être gendarmes.

Les gendarmes titulaires d’un DQTM sont compétents pour encadrer des groupes en montagne et les stages Cem, et assurer les formations au sein de leurs unités : Groupes montagne gendarmerie (GMG) en gendarmerie départementale ou Peloton montagne gendarmerie (PMG) en gendarmerie mobile.

Ils pourront également participer aux secours d’envergures en renfort des unités PGHM/PGM et doivent donc posséder un niveau de connaissance et de performance adapté.

Semaine 1 : tests d’entrée et évolutions en ski technique

« Nous connaissons déjà l’ensemble des stagiaires ainsi que leur niveau physique car ils ont déjà suivi la formation été, d’une durée de 6 semaines, en 2017, commente le maréchal des logis-chef (MDC) Vincent Caty, du bureau instruction du CNISAG. Nous retrouvons donc la plupart des militaires de cette promotion en plus de trois redoublants de l’hiver 2017 dont un qui s’était blessé et deux qui n’avaient pas été rentenus à cause d’un niveau à ski insuffisant. »

Dès l’arrivée, les gendarmes en formation passent deux jours de tests. Leurs capacités physiques sont éprouvées : ski de randonnée chronométré (600 mètres de dénivelé par heure), ski sur et hors pistes. Une évaluation de l’utilisation du Détecteur de Victime d'Avalanche (DVA) est également réalisée afin de vérifier les acquis du stage Cem.

« Ils savent à quoi s’attendre et s’entraînent en fonction. Certains demandent un peu plus de temps pour se former et raccrochent le stage hiver l’année suivante mais quand ils arrivent ici, ils sont prêts. »

Une fois les tests d’entrée réussis, s’ensuivent trois jours de ski technique. « Les stagiaires sont répartis en plusieurs groupes et sont encadrés par un moniteur afin de les faire évoluer du bon au très bon niveau. »

Semaine 2 : ski technique hors piste et développer les connaissances montagne et secours

Au programme de cette deuxième semaine : technique en ski hors piste, gestion d’un groupe, nivologie, gestion d’une avalanche et utilisation du DVA.

« La lecture de la neige est primordiale en montagne, déclare le MDC Caty. Nous apprenons aux stagiaires à différencier les cristaux de neige et leur résistance, à déchiffrer un bulletin météorologique, à étudier le terrain… » Ainsi, les élèves suivent plusieurs conférences théoriques, notamment celle relative aux conditions de déclenchement d’une avalanche.

L’utilisation du DVA est un point crucial de la formation au secours en montagne. « En 5 semaines, nous les formons aux techniques de détection de deux DVA et de pelletage, ce qui est déjà complexe. Les cas de recherches multivictimes sont réalisés par les gendarmes des PGHM. »

Semaine 3 : la cascade de glace !

Après la théorie, la pratique. « Les stagiaires doivent acquérir les fondamentaux de la cascade de glace puis améliorer leur progression. L’objectif est d’avoir une pratique de l’ensemble des activités de montagne en toute sécurité », explique l’instructeur.

SirpaGend

Semaine 4 : Formation en ski de randonnée et évaluations théoriques

Ces cinq jours sont centrés sur le ski de randonnée afin de préparer la course de la semaine suivante. Tenir des distances adaptées, étudier le terrain et assurer la sécurité du groupe : des impératifs que tous doivent avoir à l’esprit.

« À cette étape du stage, lors des premières sorties, l’aspect pédagogique prime. Le formateur est devant le groupe et discute avec ses stagiaires des décisions à prendre. L’objectif premier est évidemment la mise en sécurité du groupe. Cette démarche est au cœur des prérogatives d’encadrement demandées à un titulaire DQTM. Ensuite le stagiaire est mis en situation d’encadrement. »

Le temps des évaluations arrive également et les stagiaires sont interrogés sur leurs connaissances été et hiver, tant dans leur pratique de la montagne qu’en matière de polices administrative et judiciaire. Car oui, les stagiaires sont avant tout des gendarmes !

Outre l’intervention en cas d’accident ou de secours en milieu montagnard, les gendarmes ont pour mission de diriger des enquêtes judiciaires. « Le monde particulier de la montagne donne un statut de « sachant » à nos officiers de police judiciaire qui peuvent mener des enquêtes dont la technicité relève parfois de « l’expertise », souligne le major Alain Menière, du Cnisag.

Semaine 5 : initiation au raid à skis de randonnée

La rusticité des stagiaires continue d’être éprouvée en cette dernière semaine du stage. « Il s’agit d’une initiation au raid à skis. Les stagiaires sont évalués sur chaque journée prise séparément et non sur l’organisation du raid à proprement parler.

Par exemple, un groupe a traversé le domaine du Beaufortain en trois jours et a dormi en refuge non gardé. Partir sur plusieurs jours de la sorte implique une gestion des risques différente par rapport à une sortie de quelques heures. On ne fait pas son sac de la même manière, on n’étudie pas la météo et le trajet de la même façon. »

« Au cours du stage DQTM, nous repérons les potentiels candidats aux tests PGHM. Une petite dizaine intègre nos rangs chaque année », conclut le MDC Caty.

Témoignage du doyen du stage : l’adjudant Frédéric Levrard de la brigade de proximité de Bagnères-de-Luchon 

« Une préparation est obligatoire pour présenter le DQTM car la différence de niveau est énorme entre le CEM, qui est plus de l’ordre de l’initiation, et ce diplôme très technique. Je me suis entraîné pendant deux ans.

Il n’y a pas de secret : pratiquer la montagne le plus souvent possible et se rapprocher des militaires d’un PGHM pour gagner en technicité.

Cette préparation m’a permis de suivre le stage en confiance. Le seul module pour lequel j’ai eu plus d’appréhension a été la cascade de glace. Ce milieu fragile m’était inconnu et j’ai mis du temps à évoluer sereinement, à la pointe des piolets et des crampons !

Heureusement, nous nous sommes tous beaucoup soutenus. C’est aussi ça la pratique de la montagne : savoir compter les uns sur les autres.

Pour ma part, j’ai adoré le raid à skis. Une vraie aventure ! Je n’avais jamais dormi en refuge non gardé en plein hiver. C’était une ambiance incroyable d’être avec mon groupe, seuls au milieu de la montagne.

Tout au long du stage nous avons partagé ‘‘l’esprit montagne’’ avec nos instructeurs. . Le DQTM est de loin mon meilleur stage au sein de l’institution ! »

L’adjudant Levrard est le deuxième titulaire du DQTM du GMG du groupement de gendarmerie départementale de Haute-Garonne. Il sera ainsi responsable des sorties et formations du GMG et participera à l’encadrement des stages Cem. « Si j’ai voulu obtenir ce diplôme, ce n’est pas uniquement pour la pratique de la montagne, mais aussi et surtout pour ce volet encadrement. »

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