Envisager tous les scénarios

  • Par Angélina Gagneraud
  • Publié le 08 juin 2018
Bien avant le déclenchement de la manœuvre opérationnelle, les personnels de l’Institution sont engagés à tous les niveaux pour planifier la mission.
© SirpaGend - BRC Florian Garcia

Pour faire face à une opération potentiellement de grande ampleur sur l’ex-Zad de Notre-Dame-des-Landes, la gendarmerie se met très tôt en ordre de bataille. Elle planifie tout, dans le détail, afin d’anticiper au maximum l’éventail des possibilités décidées par le gouvernement. Mais quelle que soit la manœuvre à conduire, une priorité : la sécurité des forces de l’ordre et des opposants.

« Cette opération d’une ampleur singulière, tant par sa préparation que par les moyens qu’elle engage, mobilise toute la maison gendarmerie, dans l’ensemble de ses composantes. » Cet extrait du message de soutien adressé, le 11 avril, par le directeur général de la gendarmerie nationale, aux militaires déployés au plus fort de l’opération, résume l’engagement des personnels de l’Institution. Et ce, bien avant le déclenchement de la manœuvre opérationnelle.

« Planifier, c’est anticiper »

Dès la mi-décembre 2017, date de remise du rapport des médiateurs quant à la construction, ou non, de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la planification s’intensifie en administration centrale. Jusqu’à la décision du 17 janvier 2018, la gendarmerie n’a aucune connaissance de l’option qui sera choisie par le politique. Ainsi, des semaines durant, elle se prépare à toutes les éventualités.

Autour du colonel François Santarelli, commandant le Centre de planification et de gestion de crise (CPGC), un état-major, calqué sur le modèle militaire de type Otan (voir infographie), se met en place, afin de gagner en efficacité et de concevoir les manœuvres qui colleront le mieux aux objectifs fixés par le gouvernement.

Afin de gagner en efficacité et de concevoir les manœuvres qui colleront le mieux aux objectifs fixés par le gouvernement, un état-major calqué sur le modèle militaire de type Otan est mis en place.

© SirpaGend - P. Hartard

Tous les matins, les experts des différents domaines concernés rendent compte de leurs avancées ou problématiques respectives. Puis, en fin de journée, le général Pierre Sauvegrain, adjoint au directeur des opérations et de l’emploi, transmet les dernières orientations du directeur général. « Qu’importe l’hypothèse de travail retenue par le politique, un engagement moindre ou d’ampleur, nous serons prêts », affirme alors le colonel Santarelli, en sa qualité de spécialiste en préparation de gestion de crise.

Le colonel Richard C., commandant le Groupement opérationnel de maintien de l’ordre (Gomo) dédié à Notre-Dame-des-Landes, présent à chaque réunion, le confirme : « Le temps du politique n’est pas celui de la conception de manœuvre ni de la logistique. Planifier, c’est anticiper, c’est être proactif, et c’est ce que nous faisons ! »

Une manœuvre d’ampleur exceptionnelle

Au cours de cette phase de préparation, tous ont conscience que l’engagement des forces sera d’une ampleur exceptionnelle. « Il faut se rappeler qu’il n’y a pas eu d’opération de rétablissement de l’ordre de cette ampleur sur le territoire français depuis mai 68 ! La sensibilité politique est donc à son paroxysme, à la fois en termes de symboles, de risques et de moyens engagés », déclare le colonel Richard C., en charge de la conception de manœuvre.

Il reprend : « Pour nous, il s’agit d’une première : tant en termes de moyens humains que de diversité des moyens techniques, l’engagement aux côtés des gendarmes mobiles, d’équipes d’appui judiciaire intégrées et l’emploi effectif des VBRG (Véhicules Blindés à Roues de la Gendarmerie). »

Ainsi, la planification se doit d’être rigoureuse pour éviter toute surprise ou rupture dans la manœuvre à partir du déclenchement de la mission.

À ce titre, la pertinence des hypothèses de travail est éprouvée, début janvier, au cours d’une simulation d’opération d’évacuation, de type « Wargaming ». Cet exercice permet également de déceler d’éventuelles faiblesses afin de procéder aux ajustements nécessaires.

« L’étude de l’adversaire, du terrain, le dispositif mis en place et la sensibilisation des gendarmes mobiles et départementaux ont pour objectif d’atteindre l’état final recherché par le politique, tout en préservant au maximum l’intégrité physique de l’adversaire et des forces de l’ordre engagées. C’est ce qui conditionne le choix de la manœuvre et c’est dans cet esprit que la gendarmerie adopte une posture opérationelle sécuritaire », conclut le commandant du Gomo.

Le 26 janvier, un premier engagement de forces a lieu, notamment pour rétablir la viabilité des axes traversant la zone de Notre-Dame-des-Landes. Forte de cette première expérience, la gendarmerie se prépare alors à apporter son concours à l’exécution des décisions de justice visant à mettre fin à l’occupation illégale du site. Les opérations débutent le 9 avril. Mission pour la gendarmerie : accompagner et sécuriser les procédures d’expulsions et de déconstructions de « squats », tout en rétablissant la libre circulation sur les axes qui traversent cette zone de 12,4 km2.

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