Le gendarme, premier artisan de sa modernisation

  • Par la Capitaine Gaëlle Pupin
  • Publié le 29 janvier 2018
En 2017 de nombreuses applications ont été développées pour Néogend (ici GendSafe, une application de secourisme).
©  Illustration - MDC Christophe Gonçalves

Partant du principe que chaque gendarme est un innovateur potentiel, la gendarmerie a créé des conditions favorisant le recueil des bonnes pratiques provenant du terrain.

Pionnière au sein de la sphère publique, « la gendarmerie s’est fait une place dans le monde de l’innovation, explique le général François Fabre, commandant la Mission du pilotage et de la performance (MPP). Elle a mis en œuvre un dispositif d’innovation participative performant qui agit comme un aiguillon pour entretenir l’esprit d’innovation. »

La gendarmerie, un vivier de bonnes idées

En 2015, la gendarmerie a expérimenté, en collaboration avec le ministère des Armées, un dispositif d’innovation participative provoquée. Face à l’émergence des drones, l’ensemble des personnels des armées a été sollicité sous la forme d’un défi participatif pour faire part d’idées en matière de lutte anti-drones. 720 contributions ont été recueillies dont 120 au sein de l’Institution.

« Nous avons recensé des idées extrêmement hétéroclites : des munitions permettant de neutraliser spécifiquement les drones, aux systèmes de hacking, en passant par l’utilisation de rapaces en armure, ou encore de fusils projetant un filet, énumère le lieutenant-colonel Frédéric Huguet, du Bureau de la qualité et de l’innovation participative (BQIP). Deux d’entre elles sont aujourd’hui développées au sein d’équipes pluridisciplinaires. »

« Tout ne vient pas du sommet, ajoute le colonel Thierry Renard, chef du BQIP. Il faut permettre au gendarme d’être acteur de son métier. Il a la volonté d’avoir une pratique professionnelle facilitée. » Smartphone, tablette, numérique... Les propositions des innovateurs sont liées à ce qu’ils découvrent en gendarmerie ou au quotidien. « Aucun risque que les bonnes idées ne se tarissent, car notre environnement se renouvelle. » Cette innovation spontanée, en provenance directe du terrain, répond à un besoin et doit être encouragée. « À la satisfaction du gendarme qui travaille avec des outils plus performants, il faut ajouter celle de l’usager car la qualité de service s’en trouve améliorée », précise le colonel Renard. La gendarmerie a donc mis en place un système de management de l’innovation.

Un dispositif performant de pilotage de l’innovation

Outre le dispositif de la hotline Feuille de route qui permet de réceptionner toutes les bonnes idées, la MPP est en mesure de prendre en compte et d’accompagner l’innovateur sur le chemin de la valorisation de sa pratique avec le Wik’Innovation, site dédié aux innovateurs. Parmi les dispositifs,  le plus connu est celui des Ateliers de performance (ADP). « Dans le cadre des ADP, nous ne sommes plus sur le terrain des simples bonnes idées, rappelle le capitaine Rodolphe Guéniot, du BQIP. Nous ciblons les bonnes pratiques, c’est-à-dire la concrétisation par le développement d’un outil, accessoire ou processus qui réponde à une attente. » Le succès de ce système repose avant tout sur sa simplicité : tout personnel peut faire remonter une bonne pratique par le biais d’une fiche de performance dématérialisée, sans avis hiérarchique.

De plus, les unités restent libres de mettre en œuvre et d’adapter les bonnes pratiques retenues dans le répertoire annuel des ateliers de performance. « La pérennité du dispositif des ADP, qui entame sa onzième édition, est rassurante pour l’innovateur, affirme le général Favre. Innover, c’est prendre le risque de l’échec. L’innovateur est rassuré par l’existence d’un dispositif institutionnalisé, balisé, où il sait que son effort sera accompagné et valorisé. »

Le projet Amoco (Affichage modulaire pour les CORG) est porté par  un gradé de CORG en Charentes Maritimes.

© Sirpa Gend - ADJ Christophe Philip

La prise en compte des idées nécessitant le soutien d’un industriel s’effectue avec le concours de la Mission pour le développement de l’innovation participative (Mip) de la direction générale de l’armement. Une aide précieuse  qui permet de financer les innovations des personnels jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Chaque année, quelques inventions issues de l’innovation  interne sont brevetées par la gendarmerie.

« On ne peut pas animer l’innovation si l’on ne valorise pas le concepteur, ajoute le capitaine Guéniot. Cette  reconnaissance peut se traduire, au-delà de récompenses individuelles, par la généralisation de son innovation par l’administration centrale. » Cette mise en avant des capacités du concepteur et de son imagination est l’un des facteurs de succès de l’ensemble du système. « La gendarmerie se donne ainsi les moyens de renouveler l’énergie déployée par ses personnels, conclut le général Fabre. Cet encouragement est nécessaire car quelqu’un qui est indifférent à son métier n’invente pas. En innovant, le gendarme se projette, s’engage. »

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