CNEFG : une formation de renommée internationale

  • Par Elsa Vives Servera
  • Publié le 16 avril 2019
Village M.O. du CNEFG - Mise en situation R.O. face à une ouverture du feu sur les forces de l’ordre, dans le cadre de la formation au diplôme d’arme.
© CNEFG

Au lendemain des troubles à l’ordre public de 1968 et au regard de l’ampleur de ces événements, la gendarmerie nationale décide de créer, à Saint-Astier, un centre unique dédié à la formation de l’ensemble des gendarmes mobiles. Aujourd’hui investi d’une mission bien plus étendue, le centre national d’entraînement des forces de gendarmerie est reconnu dans le monde entier pour son savoir-faire en matière de rétablissement de l’ordre.

Depuis sa création, le Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG) a pour objectif d’évaluer et de perfectionner les Escadrons de gendarmerie mobile (EGM). Aujourd’hui, cette mission s’est étendue : « Le centre n’est plus réservé à la gendarmerie mobile. Tous les militaires de l’Institution passent désormais par Saint-Astier, que ce soit pour se former au Rétablissement de l’ordre (R.O.), ne serait-ce que pour apprendre quelques rudiments de Maintien de l’ordre (M.O.), et à l’Intervention professionnelle (I.P.) », explique le général Stéphane Bras, commandant le centre.

Mission : rétablissement de l’ordre

Le CNEFG dispense ainsi une formation à l’ensemble des gendarmes, qu’ils soient mobiles ou départementaux, sous-officiers ou officiers, avec néanmoins pour chacun des domaines spécifiques. La formation au R.O. s’inscrit ainsi dans le processus de formation globale des personnels. L’enseignement collectif est complété par des modules individuels, certaines spécificités s’adressant plus particulièrement aux cadres, aux commandants d’unité, aux commandants de peloton ou aux chefs de groupe.

« Soucieux de plonger nos personnels au plus près de la réalité, nous confrontons les commandants de groupement chargés du commandement opérationnel à des scénarios réalistes et associons, deux fois dans l’année, des préfets en charge, auquel nous demandons d’assumer leur propre rôle, développe le colonel Stéphane Fauvelet, chef du département R.O. Nous profitons également de leur présence pour exposer nos méthodes de formation et les sensibiliser sur les capacités que peuvent leur offrir les unités de gendarmerie mobile dans le cadre de la gestion de crise et de la gestion des troubles à l’ordre public. »

La formation continue des EGM est la mission première du département « rétablissement de l’ordre ». On parle plus communément de recyclage, au regard de la régularité de cette formation spécifique, programmée tous les deux ans et demi environ, en fonction des contraintes opérationnelles. « Notre objectif premier est d’effectuer une sorte de remise à niveau. À leur arrivée à Saint-Astier, les escadrons reprennent en effet tout depuis la base, tant sur le cadre légal, que sur les principes et les schémas d’action. Nous voulons être certains qu’ils se sont tenus à jour concernant l’évolution des textes et des techniques. Nous en profitons pour les informer des dernières nouveautés, indique le colonel. Les unités sont ensuite confrontées à des mises en situation afin de contrôler leurs techniques et leurs savoir-faire. Nous les évaluons tout en cherchant à les révéler. Il faut que l’escadron connaisse sa manœuvre collective face à n’importe quelle situation. »

Atelier combat à La Courtine avant une mise en situation, dans le cadre de la formation au diplôme d’arme.

© CNEFG

Pour être au plus proches de la réalité du terrain, les scénarios sont sans cesse actualisés, s’inspirant aussi bien des événements et menaces potentielles (attaques terroristes) que des retours d’expérience des unités, à l’instar des opérations de maintien de l’ordre lors des différents épisodes des « gilets jaunes ».

« Mon unité a d’ores et déjà participé à sept de ces journées d’action. Il n’y a eu aucun blessé, d’un côté comme de l’autre. On aurait donc tendance à se dire que l’on sait faire, mais en arrivant ici on reçoit une réelle leçon d’humilité. Les exercices mettent en lumière les potentielles failles de notre dispositif et nous permettent de mieux identifier les problèmes. C’est très positif de connaître sa marge d’initiative, de comprendre que la plus petite action a son importance dans la manœuvre d’ensemble, confie un stagiaire. En l’espace de dix jours, nous avons senti une réelle progression et une montée en puissance de notre unité. Nous sommes ressortis de ce stage plus forts et aguerris tactiquement. »

Constituer des relais I.P. sur le terrain

En charge de la formation des formateurs, le Département Intervention professionnelle (DIP) perfectionne, quant à lui, les militaires qui seront des relais sur le terrain dans les domaines de l’I.P. et du Franchissement opérationnel (F.O.). Ces formateurs disposent également, depuis la réforme des cursus I.P. et F.O., de prérogatives pédagogiques reconnues, de prérogatives opérationnelles (chef apte à conduire une opération et conseiller du commandement), mais aussi dans le domaine de l’évaluation (recyclage individuel et collectif, sélection, CCPS, etc.) Cette extension des prérogatives vient reconnaître les aptitudes, les capacités et les qualités des moniteurs et instructeurs dans les domaines de l’I.P. comme du F.O.

L’I.P. se définit comme l’ensemble des techniques et tactiques individuelles et collectives permettant d’appréhender un individu dans un niveau de sécurité optimale et ce, en respectant le triptyque « légalité, efficacité et sécurité de l’action ». Elles sont complétées par l’enseignement dispensé dans le cadre du F.O. Celui-ci regroupe l’ensemble des techniques et tactiques d’aide à la mobilité individuelle ou collective, c’est-à-dire permettant à un militaire ou à toute une unité de franchir des obstacles naturels et/ou artificiels. Figurent ainsi au programme du F.O. des techniques de franchissement vertical ou horizontal, de réduction d’obstacles et d’effraction. « L’apprentissage de cette technicité se fait à titre individuel, sur la base du volontariat. De retour en unité, ces personnels ont pour mission de relayer le message pédagogique, confie le lieutenant-colonel (LCL) Cédric Aranda, commandant le DIP. Pour accéder à cette formation, plus dense, plus intense et plus exigeante, le premier niveau, celui de technicien, doit être parfaitement maîtrisé. Une sélection au plan physique, technique et tactique se fait dans les régions. »

Les formations I.P. et F.O. s’adressent désormais à tous les militaires de la gendarmerie sans aucune considération de subdivision d’arme (G.M., G.D., gendarmeries spécialisées…) La durée de la formation varie en fonction du cursus (F.O. ou I.P.) et du niveau (moniteur ou instructeur). Ces durées sont précisées dans l’instruction de référence. Souhaitant reconnaître et valoriser les Aides moniteurs en intervention professionnelle (AMIP), ce niveau se voit désormais attribuer un brevet et devient une condition pour accéder aux formations de moniteurs I.P. ou F.O.

Les élèves de l’EOGN (École des Officiers de la Gendarmerie Nationale) viennent également passer leur brevet MIP au CNEFG. Cette version destinée aux officiers met l’accent sur la phase de commandement. « Même s’ils sont formés à l’I.P. à l’EOGN, c’est à Saint-Astier qu’ils obtiennent le brevet. Cette année, environ 70 % des élèves l’ont eu. C’est un stage intéressant et exigeant, et surtout une étape importante de leur formation », précise le capitaine Antoine Jouclas, chef du DIP de l’EOGN.

Former des chefs de groupe

En 2018, pour répondre au manque d’effectifs dans les unités, Saint-Astier a accueilli 500 candidats au Diplôme d’arme (D.A.) au lieu des 320 habituels. Lors de cette formation, les stagiaires suivent un premier volet au CNEFG, principalement en R.O., en sécurité publique générale, en tir et en franchissement, avant de basculer sur un deuxième module dispensé à La Courtine, camp militaire à dominante combat, où ils abordent la topographie, la pédagogie, le tir avec armes d’épaule... L’apprentissage se fait souvent l’hiver, sous la neige, par des températures négatives. Une manière de tester la rusticité et la robustesse des stagiaires.

Séance de topographie à La Courtine, avec l’équipe du major (R) Keltz, dans le cadre de la formation au diplôme d’arme.

© CNEFG

Le stage est séquencé en deux périodes de trois semaines au CNEFG et à La Courtine, avec au milieu un temps de récupération d’une semaine de permissions. Le programme est intense, conjuguant théorie et pratique. Les exercices de jour alternent avec les manœuvres nocturnes. « Nous sommes là pour former des chefs de groupe. La formation au D.A. permet d’obtenir le brevet d’arme ainsi que l’AMIP. Ceux qui auront brillé dans les matières de commandement (combat, R.O., pédagogie et franchissement) auront la possibilité, au cours de l’année qui suit, de suivre un stage MIP raccourci à quatre semaines », explique le chef d’escadron Gilles Doris, chef du bureau D.A.

Ouverture à l’international

Au fil du temps, Saint-Astier est devenu un pôle d’excellence de la gendarmerie. Renommé dans le monde entier pour ses équipements et ses formations, il attire chaque année de nombreux gendarmes et policiers étrangers. « Nous accueillons régulièrement des Marines américains. Nous avons également conclu un partenariat avec la Suisse, qui ne possède pas de centre de ce type, explique le LCL Patrick Castaing, commandant le département des formations internationales et partenariats. J’ai voyagé sur presque tous les continents pour former des policiers et des gendarmes, et je n’ai jamais vu une infrastructure telle que la nôtre. C’est un modèle qui est souvent repris. Nous sommes d’ailleurs en relation avec le Pérou, qui est entrain de construire un centre similaire, à l’instar de ce qu’ont fait la Roumanie et la Jordanie. » En amont d’une action de coopération, il revient à l’attaché de sécurité intérieure de chaque pays d’évaluer les besoins. Au vu de la politique internationale de la DGGN, le commandant du CNEFG apprécie ensuite la pertinence d’aller former ou de recevoir en formation ces différents homologues. « Je me suis par exemple rendu au Burkina Faso cette année, pour répondre à un besoin anti-terroriste avéré. Nous effectuons environ une trentaine de projections par an, tant dans le domaine du R.O. que de l’I.P., confie l’officier. Depuis 2001, nous avons aussi un partenariat très riche avec l’ UAR de Logrono, en Espagne. Nous accueillons pendant un an un gradé de la guardia civil au sein de l’équipe pédagogique, tandis qu’un gradé français est détaché en qualité d’instructeur au sein du CAE, pendant ibérique du CNEFG. »

Partenariats publics et privés

Au regard des demandes et des besoins grandissants, d’autres partenariats ont vu le jour avec d’autres institutions, comme l’Éducation nationale, l’École nationale de la Magistrature, la douane… Mais aussi avec le secteur privé, à l’instar de la SNCF ou de l’Agence France Presse. Leurs personnels ou élèves sont régulièrement reçus au CNEFG pour y suivre des stages courts mais intenses, dont l’objectif est de leur permettre d’appréhender des crises en lien avec leurs fonctions. « Nous formons par exemple des chefs d’établissement scolaire à la gestion de crise, en leur montrant comment réagir face à une intrusion dans une école, etc. », précise le LCL Castaing.

Fort de cette renommée, le CNEFG accueille et forme chaque année entre 13 000 et 15 000 stagiaires, dont près de 600 étrangers et 500 civils.

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