Interpellation de criminels spécialisés dans le skimming

  • Par la capitaine Céline Morin
  • Publié le 18 mai 2016
Une centaine de gendarmes ont été mobilisés : S.R. de Pau, Montpellier et Marseille, DOS 13 et 34, GGD 06, 13, 11, 30, 40 et 64, experts d’Europol, AGIGN de Toulouse, GGM II/2 et police italienne (polizia squadra mobile).
© S.R. Pau

Le 18 mai 2016, les sections de recherches de Pau et de Montpellier ont démantelé une organisation criminelle internationale spécialisée dans le piratage de distributeur automatiques de billets.

Mardi 17 mai 2016 – Les enquêteurs de la Section de recherches (S.R.) de Pau prennent leurs quartiers dans les locaux de la brigade territoriale autonome de Marseille d’où sera coordonnée l’opération de police judiciaire déclenchée le lendemain par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Bordeaux dans le cadre du dossier « BAC/SKIM 40-64 ».

Onze interpellations sont programmées dans cinq départements du sud de la France, en coordination avec les partenaires internationaux. Depuis ce P.C. de circonstance, le directeur d’enquête finalise la manœuvre : échanges avec les divisions d’observation et de surveillance, derniers réglages avec les unités d’intervention et d’enquête, ainsi qu’avec la magistrate.

Rapprochement d’une quarantaine de faits de skimming

Pour les enquêteurs, c’est l’aboutissement de plusieurs mois d’enquête. L’affaire débute en effet en 2013 dans les Landes, où les gendarmes font face à une recrudescence des piratages de distributeurs automatiques de billets. Le mode opératoire consiste à mettre en place des dispositifs d’enregistrement des données de cartes bancaires et des caméras pour capter la frappe du code secret des utilisateurs.

Un traitement informatique permet ensuite d’encoder des cartes vierges qui sont utilisées pour récupérer de l’argent liquide. Début 2014, le phénomène reprend, cette fois dans le département des Pyrénées-Atlantiques, puis, l’année suivante, il s’étend aux régions Midi-Pyrénées et Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’enquête est initialement diligentée par la S.R. de Pau en co-saisine avec le GGD 40, puis avec la S.R. de Montpellier.

Devant l’ampleur du dossier, la Jirs de Bordeaux se saisit de l’enquête et ouvre une information judiciaire. Le 15 décembre 2015, la gendarmerie crée une cellule d’enquête nationale armée par neuf enquêteurs des deux S.R. Concernées.

Les investigations permettent de rapprocher une quarantaine de faits de skimming commis dans le grand Sud et de mettre à jour une organisation criminelle internationale, de structure pyramidale et clanique. Les cartes frauduleuses sont principalement utilisées aux USA et en Thaïlande, mais aussi en Inde, au Pérou et dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Fin avril 2016, une réunion internationale est donc organisée dans les locaux de l’agence Europol à La Haye afin de coordonner les investigations finales entre les enquêteurs français, américains, italiens et thaïlandais. Les gendarmes travaillent également en étroite collaboration avec les spécialistes de la lutte contre les fraudes bancaires à Paris.

 

  • Une centaine de gendarmes ont été mobilisés : S.R. de Pau, Montpellier et Marseille, DOS 13 et 34, GGD 06, 13, 11, 30, 40 et 64, experts d’Europol, AGIGN de Toulouse, GGM II/2 et police italienne (polizia squadra mobile).

    © S.R. © Pau
  • L’ensemble des perquisitions a permis de mettre la main sur quelque deux cents cartes vierges.

    © Sirpa Gend © CNE C. Morin
  • D'importantes sommes d'argent liquide en euros, dollars américains et baths thaïlandais ont été retrouvées lors des perquisitions.

    © Sirpa Gend © CNE C. Morin
  • Sur les ordinateurs des principales cibles, les Ntech ont notamment trouvé les vidéos des saisies de code par les usagers des distributeurs.

    © Sirpa Gend © CNE C. Morin
  • Les enquêteurs ont saisi de nombreuses façadesde DAB, ainsi que du matériel de moulage et de pose de skimmers…

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  • Une centaine de gendarmes ont été mobilisés : S.R. de Pau, Montpellier et Marseille, DOS 13 et 34, GGD 06, 13, 11, 30, 40 et 64, experts d’Europol, AGIGN de Toulouse, GGM II/2 et police italienne (polizia squadra mobile).

    © S.R. © Pau
  • L’ensemble des perquisitions a permis de mettre la main sur quelque deux cents cartes vierges.

    © Sirpa Gend © CNE C. Morin
  • D'importantes sommes d'argent liquide en euros, dollars américains et baths thaïlandais ont été retrouvées lors des perquisitions.

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  • Sur les ordinateurs des principales cibles, les Ntech ont notamment trouvé les vidéos des saisies de code par les usagers des distributeurs.

    © Sirpa Gend © CNE C. Morin
  • Les enquêteurs ont saisi de nombreuses façadesde DAB, ainsi que du matériel de moulage et de pose de skimmers…

    © Sirpa Gend © CNE C. Morin

 

Onze interpellations et d’importantes sommes d’argent saisies

18 mai – Les dispositifs sont en place. L’interpellation du chef de réseau présumé, installé en Italie, non loin de la frontière, déclenchera le reste de l’opération. Une surveillance transfrontalière est mise en place afin de l’interpeller dès qu’il franchit la frontière, ainsi qu’il le fait quotidiennement. Dans le cas contraire, il fera l’objet d’un mandat d’arrêt européen. En fin de matinée, les choses bougent en Italie. À 11 h 50, le principal suspect est interpellé sur le sol français. Son domicile est perquisitionné dans le cadre d’une Commission rogatoire internationale (CRI) par la police italienne en présence de deux enquêteurs de la S.R. de Pau.

Les autres opérations sont déclenchées simultanément. Au Pays Basque, où se trouve l’informaticien de l’équipe, les enquêteurs de la S.R. bénéficient notamment de l’appui de l’antenne du GIGN de Toulouse, ainsi que d’une équipe d’experts d’Europol. Sur chaque cible importante, des enquêteurs Ntech, ainsi que des équipes cynophiles spécialisées en recherche de billets sont engagés. Au total, une centaine de gendarmes participent à cette vaste opération judiciaire.

Les perquisitions permettent de découvrir d’importantes sommes d’argent liquide en euros, dollars américains et baths thaïlandais, du matériel informatique destiné à l’encodage des cartes, du matériel de moulage et de pose de skimmers, des façades de DAB, deux cents cartes vierges, deux armes de poing et cinq véhicules ayant servi à la commission des infractions. Les enquêteurs découvrent également trois ateliers de fabrication de skimmers en France et un quatrième en Italie.

Selon les premiers examens du matériel informatique saisi, les données d’au moins 4 000 cartes bancaires ont été piratées par cette organisation, qui pourrait être à l’origine de la moitié des cas de skimming recensés en France en 2015. Le préjudice, qui s’élève actuellement à environ 300 000 euros, pourrait dépasser le million. Les investigations se poursuivent actuellement à l’étranger dans le cadre de CRI.

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