Massif vosgien sous surveillance

  • Par la capitaine Céline Morin
  • Publié le 15 mai 2018
Le PGM de Xonrupt-Longemer réalise une centaine d’interventions par an dans le massif vosgien. Il est également régulièrement sollicité par les brigades territoriales et les unités de recherches du département pour effectuer des constatations sur des sites difficiles d’accès.
© la capitaine Céline Morin

Été comme hiver, les sept militaires du peloton de gendarmerie de montagne de Xonrupt-Longemer veillent sur les usagers de la montagne… Secours, prévention, investigations sont le quotidien de ces gendarmes.

Avec un plus haut sommet culminant à 1 424 m, le massif vosgien peut sembler loin des altitudes alpines, pyrénéennes ou même corses. Pourtant, il n’est pas sans danger.

Le risque d’avalanche, par exemple, bien que peu élevé, existe bel et bien. Des accidents se produisent chaque année, ainsi qu’en témoigne la coulée de neige mortelle survenue en février dernier dans le sud des Vosges. Qu’il s’agisse du redoux printanier ou du vent d’ouest, soufflant constamment, parfois avec force, sur les sommets vosgiens, où il peut faire dramatiquement chuter la température, les phénomènes climatiques sont à l’origine de l’altération du manteau neigeux. Des plaques instables peuvent ainsi potentiellement provoquer des coulées de neige. Le sentier des Névés, prisé par les randonneurs, est l’un des plus propices à ce phénomène.

« Ici, au-dessus de 1 000 mètres, le massif est soumis à une météo que l’on rencontre souvent dans les Alpes au-dessus de 2 000 mètres. Au vent et au froid, s’ajoutent aussi très souvent le brouillard et la neige. Ce sont des paramètres que les gens ne prennent pas assez en considération », explique l’adjudant-chef Patrice Pulcher, commandant le Peloton de gendarmerie de montagne (PGM) de Xonrupt-Longemer, dans les Vosges.

Un massif pas si facile…

Et puis, loin de l’image de facilité et d’accessibilité véhiculée par son relief tout en rondeurs et ses faibles altitudes, le massif n’en comporte pas moins de multiples passages techniques (couloirs abrupts, falaises, sentiers escarpés à l’aplomb du vide), qui mettent, chaque année, en difficulté, voire en danger, de nombreux randonneurs, Vttistes ou autres usagers de la montagne…

« Beaucoup ont l’impression que nos montagnes sont plus faciles que les Alpes. Mais de nombreux sentiers comportent des passages à risque, avec des mains courantes ou des câbles, qui nécessitent une bonne technique et un matériel adapté, à l’instar du sentier des Roches, où l’on dénombre, en moyenne, un accident mortel chaque année », souligne l’ADC Pulcher.

À cheval sur deux départements, le massif enregistre, de fait, une fréquentation importante, été comme hiver, dont un certain nombre de personnes inexpérimentées, ce qui se traduit par de nombreuses interventions de secours.

Pour la gendarmerie, ce sont les PGM de Xonrupt-Longemer, côté vosgien, et de Hohrod, côté Haut-Rhin, qui assurent ces opérations. Les deux unités, qui s’entraînent et interviennent régulièrement ensemble, totalisent à elles deux 268 interventions en 2017.

Les militaires des PGM suivent le même cursus de formation rigoureux et sélectif que leurs camarades servant en Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) ; certains détenant même des brevets d’État.

Focus sur le PGM de Xonrupt-Longemer

Le PGM de Xonrupt-Longemer compte sept personnels. Ils sont montagnards, secouristes, mais aussi officiers de police judiciaire, assurant ainsi un continuum de sécurité dans des zones de montagnes difficilement accessibles aux brigades territoriales.

Missions de prévention, interventions, investigations et instruction rythment le quotidien de l’unité. Sans oublier le contact avec les élus, les professionnels, les commerçants et la population, au cœur de leur métier comme pour tout gendarme départemental. Cette proximité leur permet de recueillir du renseignement utile aux unités territoriales.

« L’hiver, nous effectuons de nombreuses constatations sur les pistes à la suite de collisions ou à l’occasion d’accidents de randonnée, à ski ou en raquette, et d’alpinisme. L’été, ce sont davantage des accidents de VTT, de randonnées, de parapente, mais aussi des accidents du travail dans le domaine du bûcheronnage. Sans oublier, en toutes saisons, les recherches de personnes », explique l’ADC Pulcher.

Constatations judiciaires aux sommets

Son unité, qui réalise une centaine d’interventions par an (87 en 2017 et déjà 31 au 30 avril 2018, pour un bilan de 20 personnes blessées et 4 décédées), est régulièrement sollicitée par les brigades territoriales et les unités de recherches du département pour effectuer des constatations sur des sites difficiles d’accès. Et de citer en exemple un accident sur une éolienne en octobre 2017, une chute depuis un pylône ou encore dans un puits…

En cas d'alerte, les montagnards ont deux options : l'approche en caravane terrestre (motoneige, quad chenillé, etc.) ou l'hélicoptère, de la sécurité civile ou de la gendarmerie, si les conditions météorologiques le permettent. Été comme hiver, l’emploi de l’hélicoptère pour les missions de recherche ou d’assistance aux personnes permet de réduire les distances et les délais d'intervention et donc d’offrir une meilleure prise en charge de la ou des victimes.

Force de prévention

La prévention est également au cœur des missions du PGM. L’hiver, lors des patrouilles sur les pistes ou dans les stations, et l’été, sur les sentiers, les militaires multiplient les occasions de contact avec les skieurs, les randonneurs et autres usagers de la montagne afin de leur rappeler les règles de base : consulter préalablement la météo, emporter de l'eau et de la nourriture en quantité suffisante, ainsi que des vêtements chauds, informer des proches de l’itinéraire emprunté, mais aussi activer la fonction GPS de leur smartphone afin de permettre leur localisation via l’application GendLoc en cas de problème.

Le PGM de Xonrupt partage par ailleurs avec le PGM d’Hohrod un Wolfhound pro, dispositif permettant de détecter la présence d’un téléphone mobile, dès lors qu’il est en émission-réception.

Sécurité des zones et des activités de loisirs

La sécurité des zones touristiques, ainsi que le contrôle des professionnels des activités de loisirs et de restauration incombent également au PGM.

« Lors d’un exercice, nous avions remarqué que le sentier des contrebandiers présentait des manquements à la sécurité. Nous en avons informé la mairie et travaillé en lien avec les acteurs concernés pour sécuriser les passages incriminés. Toujours en matière de prévention des risques, il nous revient de signaler au service des pistes tout problème que nous pourrions détecter à l’occasion de nos patrouilles », relate le commandant du PGM, qui explique également mener chaque année, en lien avec la réserve naturelle et le parc national du Ballon des Vosges, plusieurs missions de prévention contre les atteintes à l’environnement, notamment à l’époque de la cueillette des myrtilles.

En lien avec l’ONF, les gendarmes veillent également au respect de l’interdiction de circulation des véhicules motorisés, comme les motos et les quads, sur les sentiers protégés.

 

  • Dans un deuxième temps, des renforts humains et matériels sont descendus afin de conditionner et d’extraire la victime.

    © Capitaine Céline Morin
  • Pour son extraction, la victime est sécurisée dans la perche franco-garda, un traîneau polyvalent élaboré par le PGHM de Chamonix et ses homologues italiens.

    © Capitaine Céline Morin
  • Lundi 30 avril, le PGM de Xonrupt-Longemer a reçu le préfet des Vosges et son directeur de cabinet. Accueillis au pied du Hohneck par le commandant en second du groupement, ils ont parcouru une partie du GR5 sur les crêtes du Hohneck, où ils ont assisté à un exercice de secours réalisé par les militaires de l’unité.

    © Capitaine Céline Morin
  • Depuis les crêtes du Hohneck, le préfet des Vosges a pu appréhender la difficulté, la technicité voire la dangerosité de certains passages de ce massif.

    © Capitaine Céline Morin
  • La visite s’est poursuivie dans les locaux du peloton, où l’ensemble des moyens et matériels de l’unité leur a été présenté.

    © Capitaine Céline Morin
  • Une fois la victime localisée, en contrebas d’un sentier, l’équipe de secours projetée sur zone envoie un premier élément auprès de la personne afin de la sécuriser (amarrage) et d’effectuer son bilan médical.

    © Capitaine Céline Morin
  • La perche franco-garda peut servir de barquette, être hélitreuillée ou être équipée d’une roue pour circuler sur les sentiers.

    © Capitaine Céline Morin
  • L’application GendLoc permet de localiser les victimes grâce à leur téléphone portable si la fonction GPS est activée.

    © Capitaine Céline Morin
  • Dans un deuxième temps, des renforts humains et matériels sont descendus afin de conditionner et d’extraire la victime.

    © Capitaine Céline Morin
  • Pour son extraction, la victime est sécurisée dans la perche franco-garda, un traîneau polyvalent élaboré par le PGHM de Chamonix et ses homologues italiens.

    © Capitaine Céline Morin
  • Lundi 30 avril, le PGM de Xonrupt-Longemer a reçu le préfet des Vosges et son directeur de cabinet. Accueillis au pied du Hohneck par le commandant en second du groupement, ils ont parcouru une partie du GR5 sur les crêtes du Hohneck, où ils ont assisté à un exercice de secours réalisé par les militaires de l’unité.

    © Capitaine Céline Morin
  • Depuis les crêtes du Hohneck, le préfet des Vosges a pu appréhender la difficulté, la technicité voire la dangerosité de certains passages de ce massif.

    © Capitaine Céline Morin
  • La visite s’est poursuivie dans les locaux du peloton, où l’ensemble des moyens et matériels de l’unité leur a été présenté.

    © Capitaine Céline Morin
  • Une fois la victime localisée, en contrebas d’un sentier, l’équipe de secours projetée sur zone envoie un premier élément auprès de la personne afin de la sécuriser (amarrage) et d’effectuer son bilan médical.

    © Capitaine Céline Morin
  • La perche franco-garda peut servir de barquette, être hélitreuillée ou être équipée d’une roue pour circuler sur les sentiers.

    © Capitaine Céline Morin
  • L’application GendLoc permet de localiser les victimes grâce à leur téléphone portable si la fonction GPS est activée.

    © Capitaine Céline Morin

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