L’empreinte olfactive, ou comment confondre un suspect grâce à son odeur

  • Par la capitaine Céline Morin
  • Publié le 29 novembre 2018
L'IRCGN a su développer une méthode pour prélever et identifier des molécules présentes dans l'empreinte olfactive.
© Sirpa Gend - BRC F. Garcia

De nombreuses études ont démontré la fiabilité de la capacité olfactive des chiens quant à l’identification d’un individu grâce à son odeur. Toutefois, leur incapacité à témoigner ne permet pas d’utiliser cette trace olfactive devant les tribunaux. Identifier un suspect grâce à son odeur, c’est donc le défi que s’est fixé l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, en partenariat notamment avec l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris.

Il est une trace que les criminels, quelles que soient les précautions qu’ils prennent, ne peuvent éviter de laisser derrière eux : leur odeur. Pour les scientifiques, il s’agit d’une signature chimique corporelle, ou empreinte olfactive, constituée de centaines de composés organiques volatils, déterminés pour partie par le patrimoine génétique de chaque individu, mais aussi par des paramètres tels que l’environnement ou l’alimentation, auxquels s’ajoutent des facteurs extérieurs tels que les produits cosmétiques.

Un individu possède donc une odeur qui lui est propre. Cette trace olfactive, tout comme les résidus d’ADN prélevés sur une scène de crime, peut ainsi permettre de l’identifier ; ce dont sont d’ailleurs capables les chiens grâce à leur flair. Toutefois, en dépit de la fiabilité reconnue de la technicité cynophile, celle-ci, au regard de l’incapacité des chiens à témoigner, ne permet pas de constituer un élément probant dans le cadre d’une procédure judiciaire.

C’est pourquoi, en France, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), en partenariat avec le Laboratoire Sciences Analytiques, Bioanalytiques et Miniaturisation (LSABM) et l’Équipe de Statistique Appliquée (ESA) de l’École Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de la Ville de Paris (ESPCI Paris), s’est lancé un défi de taille : développer un process analytique complémentaire à l’action des chiens, de façon à donner à l’empreinte olfactive la force probante nécessaire à une identification formelle au cours d’un procès.

Mise au point de techniques analytiques et statistiques

Les scientifiques de l’IRCGN se sont attachés dans un premier temps à mettre en place des méthodes innovantes de prélèvement de l’odeur, que ce soit directement sur une personne ou indirectement, par aspiration de l’air ambiant, sur la scène de crime, en minimisant au maximum les possibilités de contaminations extérieures. Leurs travaux ont été conduits avec le souci permanent de réaliser, à terme, un kit de prélèvement peu coûteux et relativement simple d’utilisation pouvant être intégré dans la mallette de travail des techniciens en identification criminelle. Ils ont ensuite mis au point des techniques d’analyses chimiques et de traitement statistiques des données.

Les outils développés sont aujourd’hui potentiellement transposables sur le terrain. Mais avant cela, ils doivent encore être validés et testés en partenariat avec les maîtres de chiens. Car les chercheurs sont formels sur ce point : ce projet n’a pas vocation à se substituer aux équipes cynophiles, mais bien d’apporter des éléments de preuve complémentaires.

Un intérêt pour la recherche médicale

Ces travaux de recherches dépassent largement le domaine des sciences forensiques. En effet, l’identification des molécules chimiques sécrétées par le corps présente également un intérêt majeur pour le corps médical, notamment dans les phases de diagnostic de certaines maladies.

Des médecins travaillant sur les cancers du poumon et du sein ou encore sur la maladie de Lyme se sont donc rapprochés de l’IRCGN pour effectuer des tests exploratoires en vue d’identifier les molécules caractéristiques d’une pathologie et, à terme, d’équiper des nez électroniques à même d’apporter des informations complémentaires dans le cadre des dépistages. Des collaborations ont ainsi été entreprises avec l’Institut Curie, l’hôpital universitaire Raymond Poincaré de Garches et l’hôpital Foch.

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