Retour sur 10 ans au sein du ministère de l'Intérieur

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 11 juin 2019
© D.R.

Ouvert par le ministre de l'Intérieur, le colloque, organisé vendredi 7 juin, à l'École militaire, pour marquer les 10 ans du rattachement de la gendarmerie au ministère de l'Intérieur, a permis d'analyser l'évolution de l'Institution au cours de cette décennie et de porter un regard prospectif, en mettant notamment en lumière sa stratégie d'innovation.

Il y a dix ans, le rattachement organique et budgétaire de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur était mis en œuvre. « Un transfert historique » vers un « monde nouveau, un peu inconnu » selon les mots du général d'armée Richard Lizurey.

Pendant ces dix dernières années, la gendarmerie s'est adaptée, a évolué, s'est transformée dans tous ses domaines d'action, aux fins de s'intégrer dans ce ministère de l'urgence, tout en préservant cet ADN militaire dont elle tire sa force.

Afin de mesurer le chemin parcouru depuis la loi du 3 août 2009, mais aussi de susciter des réflexions pour éclairer l'avenir, la direction générale de la gendarmerie nationale a organisé, ce vendredi 7 juin, à l'École militaire, un colloque sur le thème de « la transformation au cœur de la gendarmerie ». Celui-ci a été relayé en direct sur les réseaux sociaux de la gendarmerie et GENDinfo.fr

L’événement a été accompagné médiatiquement de différents reportages sur le terrain et interviews du DGGN. Samedi 8, Le Figaro diffusait une longue interview croisée de Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur et de Florence Parly, ministre des Armées, sous l’angle de la complémentarité des forces civiles et militaires face aux menaces qui pèsent sur la France, la gendarmerie se présentant comme un trait d’union entre les deux ministères régaliens. Ce même jour, le journal Libération donnait la parole au DGGN.

« Un seul ministère pour un seul cap, une sécurité à 360° »

En ouverture, vendredi, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner a insisté sur l'importance de ce rendez-vous des 10 ans, même si aujourd'hui prédomine le « sentiment d'une sorte d'évidence. »

« Il y a 10 ans, la grande famille des forces de l'ordre était réunie. La sécurité des Français a fait un bond en avant. Cette réforme était un défi, c'était aussi une nécessité, et c'était certainement une appréhension (...) Nous ne pouvions pas maintenir éternellement une sécurité à deux faces. Ce modèle n'était plus adapté à une délinquance en perpétuelle évolution, avec des ramifications tant en zone police qu'en zone gendarmerie. Il n'était plus adapté à l'émergence de défis communs, comme la menace terroriste ou la cybercriminalité. Il n'était plus adapté aux exigences des citoyens qui demandaient une stratégie claire pour leur sécurité. »

Le rattachement de la gendarmerie au ministère de l'Intérieur a ainsi permis d'avoir « un seul ministère pour un seul cap, une sécurité à 360°. »

Pour le ministre, s'agissant « d'organiser l'arrivée d'une institution forte de 130 000 effectifs et de sept siècles d'histoire », cette réforme n'était pas facile à conduire.

« Aujourd'hui, la gendarmerie nationale fait pleinement partie du ministère de l'Intérieur. » Une arrivée qui a permis à la police et à la gendarmerie de « renforcer des synergies au niveau central comme dans les territoires », de « gagner en efficacité dans notre travail, comme dans la lutte contre la délinquance », de « mettre en place des stratégies communes », de « gagner en cohérence en maintien de l'ordre », et finalement de « garantir aux Français une meilleure protection », grâce à « une meilleure interopérabilité d'intervention » et à « une meilleure interaction en matière de renseignement. »

Soulignant son attachement à une culture commune au sein du ministère, Christophe Castaner a cependant rappelé que celle-ci ne doit pas supplanter « l'histoire, les traditions et les spécificités » de chacune des forces ; aucune ne devant renoncer à son identité.

Citant tour à tour les capacités de la gendarmerie en matière de police judiciaire, d'intervention, de maintien de l'ordre, de gestion de crise, de lutte contre la cybercriminalité, ou encore d'innovation, et soulignant sa résilience, sa cohésion et sa disponibilité, le ministre a déclaré : « Je n'envisage pas notre sécurité intérieure sans la gendarmerie (…) Si le ministère a beaucoup apporté à la gendarmerie, la gendarmerie a beaucoup apporté au ministère, notamment sa capacité de planification et son organisation singulière : une verticalité totale et en même temps une forte responsabilité locale. »

Monsieur Christophe Castaner a également mis en avant les capacités d'innovation de la gendarmerie, qui montre « au ministère comment lever les yeux vers l'horizon, comment gérer le présent en gardant le regard posé sur le futur. »

« Toutes nos forces sont soudées, prêtes à bâtir la sécurité du XXIe siècle »

Abordant l'avenir et la sécurité du XXIe siècle, nécessairement « adaptée aux évolutions de la société et de la délinquance », le ministre a successivement évoqué les défis à venir, comme le maintien de l'ordre, qui fera l'objet d'un schéma national, la lutte contre le terrorisme, toujours « la plus violente des menaces », la PSQ, qu'il faut continuer et accélérer pour « bâtir une sécurité sur mesure, adaptée à chaque territoire, à chaque type de délinquance » et « rétablir un lien fort avec la population », le trafic de stupéfiants, la criminalité numérique, « domaine où la gendarmerie est en pointe », ou encore l'immigration illégale.

« Notre sécurité est à une période charnière », a conclu le ministre, annonçant l'élaboration prochaine d'un nouveau livre blanc et d'une nouvelle loi de programmation de la sécurité intérieure. « Depuis 10 ans, la gendarmerie apporte sa singularité au ministère. Aujourd'hui, toutes nos forces sont soudées, prêtes à bâtir la sécurité du XXIe siècle. »

De l'élaboration de la loi de 2009 aux défis du numérique : regards d'experts

Tout au long de la journée, cinq tables rondes, portées par des experts de haut niveau, civils et militaires, ont permis d'aborder différentes thématiques au cœur de l'évolution de la gendarmerie.

Revenant ainsi dans un premier temps sur les enjeux et le contexte de l'élaboration de la loi du 3 août 2009, le colloque s'est intéressé à l'identité militaire de l'Institution, « socle essentiel à sa pérennité », selon les mots de Francis Lamy (conseiller d’État, président du HCECM). Sur ce thème, le général d’armée (2S) Marc Wattin-Augouard s’est également exprimé dans une tribune publiée le 8 juin dans le Journal du Dimanche.

La qualité du service public, la proximité, les enjeux d'adaptabilité de l'offre de sécurité aux évolutions des territoires, aux différentes populations, à leur mode de mobilité ont aussi été abordés. La sécurité des mobilités a d’ailleurs fait l’objet d’un article dans Le Figaro.

Sur fond de multiplicité des crises ayant touché notre pays ces dernières années, à l'instar de l'ouragan Irma, de l'évacuation de l'ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes, et plus récemment du mouvement des Gilets jaunes, les intervenants ont brossé l'éventail des capacités de la gendarmerie à faire face à la crise et garantir ainsi la résilience de l'État.

Enfin, l’innovation (et la transformation, titre du colloque !) a permis de se projeter dans l'avenir, avec la nécessaire adaptation du modèle opérationnel et des outils aux territoires numériques, notamment à la sécurité des données, au bénéfice de la population. Sur le volet de l’innovation, CNEWS a consacré, le 10 juin, un reportage aux logiciels d’analyse décisionnelle, employés au sein de la compagnie de Coulommiers (77).

« Axer la formation sur le discernement, l'adaptabilité et la transformation »

En clôture de ce colloque dense et enrichissant, le directeur général de la gendarmerie a livré ses convictions et ses réflexions concernant l'avenir de l'Institution. Il les a développées sur la Web TV d’Acteurs Publics, sur CNEWS lundi matin et dans la talk TV du Figaro, disponible depuis ce jour sur leur site.

« La transformation au cœur de l'action, c'est d'abord l'adaptation du gendarme », sans jamais oublier l'état militaire, socle des valeurs de l'Institution : « Cette culture militaire, il nous faut continuer à la cultiver dans nos missions et intellectuellement. »

« Le rapport humain est l'ADN du travail du gendarme, nous devons y travailler dès la formation initiale et tout au long de la carrière. » À ce titre, la technologie permet de dégager du temps, à l'instar de NEOGEND, « véritable révolution, qui a changé le métier. Mais l'invariant reste le contact. Ce sont ces compétences qu'il faut cultiver. »

« Nous avons aussi investi les territoires numériques. Ce travail doit se poursuivre », a estimé le directeur général. Il a par exemple annoncé le recrutement des futurs personnels sur la base de leurs capacités numériques, afin de pouvoir davantage axer leur formation sur le discernement, l'adaptabilité et la transformation. Si cette dernière est au cœur de la gendarmerie, « l'homme est au cœur de la transformation. C'est donc l'adhésion de tous qui fait l'efficacité du système. C'est vrai dans le domaine du contact comme de la crise. »

Pour le directeur général, le droit à l'erreur est aussi un facteur clé de la transformation, car il permet de « libérer les énergies. »

Pour faciliter l'évolution des personnels de la gendarmerie dans un environnement mouvant, « il faut les former, les accompagner, les soutenir et leur donner une appétence pour le changement. » Et le général Lizurey de conclure son propos en affirmant : « La gendarmerie n'a pas peur du changement car elle sait le préparer. »

Cet événement sera retransmis en intégralité demain, mercredi 12 juin, sur la Web TV d’Acteurs public (https://www.acteurspublics.fr/webtv) partenaire de l’événement. Cette diffusion, accessible à tous, est enrichie d’interviews d’intervenants, d’auditeurs et de reportages sur les animations illustrant les capacités de contact et d’innovation de la gendarmerie aujourd’hui : Néogend et ses dernières applications, la lutte anti-drone, la sécurité des mobilités ou encore les techniques d’investigations criminelles projetables en opérations extérieures avec les WIT (Weapons Investigation Team). Enfin, l'ensemble des séquences seront disponibles en replay dès jeudi dans un onglet dédié.

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