Violences intrafamiliales : la gendarmerie s’engage pour une meilleure prise en charge des victimes

  • Par la commandante Céline Morin
  • Publié le 30 janvier 2020
© SIRPA GEND GND F. Garcia

De nouvelles formations, la création d’unités nouvelles dédiées à la prévention et au suivi des victimes afin de renforcer l’actuel maillage des brigades de prévention de la délinquance juvénile, telles sont quelques-unes des annonces faites lors du séminaire qui s’est tenu à la DGGN, lundi 27 janvier. Cette rencontre a aussi permis de mettre en lumière la nécessité de renforcer les partenariats avec l’ensemble des acteurs institutionnels et associatifs afin de permettre une prise en charge globale et pluridisciplinaire des victimes.

À l’initiative de la Direction des opérations et de l’emploi (DOE), la direction générale de la gendarmerie nationale a organisé, ce lundi 27 janvier, un séminaire d’une après-midi consacré aux Violences intrafamiliales (VIF). Présidé par la préfète Nathalie Marthien, conseillère du Gouvernement, il a réuni l’ensemble des acteurs et partenaires de terrain (gendarmerie, intervenants sociaux, associations, etc.).

Dans son propos introductif, le général de corps d’armée François Giéré a souligné l’augmentation du nombre d’atteintes aux personnes sur le territoire, au premier rang desquelles les VIF, et la nécessité pour l’Institution de « se mettre en ordre de marche pour mieux prendre en compte cette problématique grave. »

Sans pour autant multiplier les structures, « il nous faut mieux partager les expériences, mettre en perspective les conduites, auxquelles il s’agit de donner une cohérence au niveau national mais aussi européen », a insisté le DOE, avant de laisser la parole à la préfète Nathalie Marthien pour ouvrir officiellement ce séminaire.

Celle-ci a mis l’accent sur les trois piliers d’action conditionnant l’efficacité de la lutte contre les VIF. D’une part, la capacité, au niveau local, de créer un réseau de partenaires compétents, permettant une prise en charge globale et pluridisciplinaire. D’autre part, la capacité pour les échelons centraux d’animer l’action des échelons locaux, en leur laissant une indispensable marge de manœuvre, mais aussi d’adapter la doctrine aux bonnes pratiques développées sur le terrain et de les diffuser largement. Le troisième facteur clé étant la formation de tous les acteurs.

Revenant sur quelques chiffres marquants, communiqués lors du Grenelle sur les VIF (213 000 femmes victimes de violences conjugales chaque année, dont seulement 18 % déposent plainte…), Mme Marthien a estimé que le Grenelle avait marqué une nouvelle étape dans la prise de conscience collective, tout en soulignant, au regard de sa propre expérience, l’implication déjà forte des forces de sécurité intérieure dans la lutte contre les VIF.

Les déclinaisons opérationnelles du Grenelle

Un Grenelle sur lequel est revenu le colonel Sébastien Jaudon, chef du bureau de la sécurité publique, en exposant les déclinaisons opérationnelles qui en découlent, à l’instar de la mission d’audit sur l’accueil des publics vulnérables, la création de 80 postes d’Intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie (ISCG) au cours des prochains mois, la mise en œuvre d’une grille d’évaluation du danger commune à tous les acteurs et, enfin, la mise en place de nouvelles formations VIF, au niveau des groupements et au sein du centre national de formation à la police judiciaire (niveau expert). Sont également en cours d’étude ou de réalisation, les projets de prise de plainte à l’hôpital, d’accès à la plateforme de géolocalisation des hébergements d’urgence et de mise en place de nouveaux indicateurs sur PULSAR, comme la reprise de contact avec une victime de VIF.

Lieutenant-colonel Maddy Scheurer, porte-parole du DGGN, aux côtés du général de corps d'armée François Gieré, DOE, lors du séminaire VIF à la DGGN.

© SIRPA GEND GND F. Garcia

Un nécessaire travail en partenariat

Animé par la lieutenante-colonelle Maddy Scheurer, porte-parole de la gendarmerie, le séminaire s’est poursuivi par une première table ronde, laquelle a permis d’aborder la difficulté de détecter, de prévenir et d’accompagner les VIF, avec la docteure Ghada Hatem-Gantzer, fondatrice de la maison des femmes de Saint-Denis, Laurent Puech, de l’association nationale d’interventions sociales en commissariat et gendarmerie et le LCL Jean-Marc Jaffré, du Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale, membre de l’équipe française du projet de recherche européen IMPRODOVA.

Puis, après un exposé sur l’approche canadienne en matière de prévention des VIF, la seconde table ronde a fait la part belle aux initiatives locales, à travers les présentations successives de la Cellule mineur victime (CMV) de Cambrai, de la Cellule de lutte contre les atteintes aux personnes (CLAP), de la Brigade de protection des familles de Bourgogne (BPF 2.1) et, enfin, de la maison de la prévention du département de l’Eure-et-Loir.

Ces deux tables rondes, et particulièrement les bonnes pratiques mises en œuvre localement, ont notamment fait ressortir la nécessité de renforcer les partenariats entre les différents acteurs institutionnels et associatifs, ainsi que les échanges d’informations et de bonnes pratiques, afin d’apporter une réponse globale et pluridisciplinaire à la problématique des VIF et ainsi mieux protéger et accompagner les victimes.

Création de points d’entrée unique VIF

« La lutte contre les violences intrafamiliales, et en particulier contre les femmes, constitue une priorité », a insisté le général de corps d’armée Bruno Jockers, major général, en clôture du séminaire, rappelant que les VIF représentent 15 interventions par heure en gendarmerie, dont la moitié de nuit, et qu’ils touchent toutes les classes sociales et tous les secteurs géographiques.

« Des efforts ont été faits, notamment en matière de formation. Mais une Institution comme la gendarmerie ne peut que rechercher l’excellence pour protéger la population, et particulièrement les plus vulnérables. Nous devons donc continuer à progresser, particulièrement dans l’évaluation du danger, l’accueil et la prise en charge des victimes, ainsi que leur suivi dans la durée », a estimé le major général, soulignant à cet égard que l’inventivité et l’investissement des gendarmes avaient déjà donné lieu à de « remarquables expérimentations » locales, à l’instar de la CLAP.

Toutefois, pour une plus grande efficacité, « notre action nécessite d’être plus lisible, mieux incarnée, mieux valorisée et tournée davantage vers les violences intrafamiliales, et contre les femmes en particulier », a déclaré le GCA Jockers, annonçant à cet égard la création d’unités dédiées aux VIF dans les départements dépourvus de Brigade de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ), en métropole et outre-mer, qui seraient le point d’entrée unique des associations et des partenaires, en capacité d’appuyer les brigades sur les dossiers sensibles et d’animer la fonction de prévention sur le département. Par ailleurs, les BPDJ existantes se verraient davantage réorientées vers les VIF, avec en conséquence un probable changement de nom.

Et le major général de conclure  : « Notre projetons d’y agréger des personnels supplémentaires et d’autres moyens, comme les réservistes opérationnels et citoyens ainsi que les ISG. »

 

Général de corps d'armée Bruno Jockers, major général de la gendarmerie nationale, lors du séminaire VIF à la DGGN.

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