Améliorer la qualité de vie au travail des personnels de la gendarmerie

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 23 juin 2020
Les mécanismes du stress au travail expliqués à des stagiaires gradés du stage national de formation à l’encadrement opérationnel (SNFEO), en décembre 2019 à Dijon.
Les mécanismes du stress au travail expliqués à des stagiaires gradés du stage national de formation à l’encadrement opérationnel (SNFEO), en décembre 2019 à Dijon.
© MAJ. F. Balsamo

La gendarmerie nationale œuvre depuis plusieurs années à la mise en place d’une politique globale de prévention des Risques psychosociaux (RPS) et d’amélioration de la Qualité de vie au travail (QVT). Un renforcement de cette politique a été initié en 2020 avec, notamment, la diffusion d’une carte « numéros utiles » à l’ensemble des personnels de la gendarmerie nationale.

Entretien avec le capitaine Grégory Clinchamps, psychologue du travail et chef de la section qualité de vie au travail, au Bureau de la santé et de la sécurité au travail (BSST).

Qu’entend-on exactement par risques psychosociaux ?

Ce terme désigne des situations de travail où sont présents, combinés ou non, du stress, des violences internes, possiblement commises au sein de l’institution (harcèlement, conflits exacerbés…), et des violences externes perpétrées sur les personnels par des personnes extérieures à l’institution (insultes, menaces, agressions…). Toutes les professions peuvent être concernées par les RPS, mais certains de ces risques seront plus ou moins présents selon les métiers exercés. Par exemple, ceux dans lesquels le personnel se trouve en contact direct avec le public sont évidemment davantage susceptibles d’être impactés par des violences externes. C’est notamment le cas des gendarmes qui sont souvent amenés à intervenir dans des situations complexes, et parfois tendues, au contact de la population.

L’enjeu pour l’organisation est de prévenir ces risques. Comment met-on en place cette prévention ?

Afin d’être la plus efficiente possible, il est nécessaire que la prévention repose sur trois niveaux :
    • la prévention primaire, qui consiste à identifier ces risques afin de les traiter ou, d’en réduire les potentielles conséquences ;
    • la prévention secondaire, qui consiste à mettre en place des mesures susceptibles d’aider les personnels à mieux gérer les situations à risque. Cela passe notamment par des actions de formation et de sensibilisation des personnels, en formation initiale et continue (illustration SNFEO) ;
    • enfin, la prévention tertiaire, qui consiste à prendre en charge les conséquences de l’exposition à ces risques sur la santé physique, mentale ou sociale du personnel.

On parle également de qualité de vie au travail. Qu’englobe ce terme ?

Le passage de la prévention des RPS à l’amélioration de la QVT doit permettre de s’inscrire dans une démarche plus globale, plus dynamique et plus proactive. La prévention des risques psychosociaux représente une partie de la QVT, qui comprend d’autres dimensions : R.H., égalité professionnelle, climat social, parcours professionnels... Il est important de prendre en considération que tout ce qui vise à transformer l’institution se fait sous le prisme de l’amélioration de la qualité de vie au travail des personnels.

La gendarmerie nationale est entrée dans une phase de renforcement de sa politique dans ce domaine. Quelles en sont les premières actions concrètes ?

En 2014, ont été mis en place des comités de pilotage RPS, au sein de chaque formation administrative, dont la mission était de mettre en place un plan de prévention des RPS au niveau local. Leur composition a été élargie et ces commissions ont pris le nom de Commissions locales de prévention (CLP) en 2017. Pluridisciplinaires et représentatives, on y retrouve l’ensemble des acteurs concourant à la prévention1 (hiérarchie, personnels, instances de représentation du personnel, acteurs du soutien et de l’accompagnement…).
Nous entrons désormais dans une deuxième phase, qui consiste à renforcer la démarche RPS et à entrer dans une démarche QVT. L’objectif : améliorer la qualité de vie au travail, en se basant sur les travaux des CLP et en proposant des mesures et des initiatives nouvelles pouvant favoriser la QVT. Dans cette optique, neuf journées QVT étaient prévues cette année, entre mars et mai. Elles ont été reportées en raison de la crise sanitaire et devraient avoir lieu à partir de septembre, à Lyon, Lille, Metz, Rennes, Bordeaux, Rochefort et, enfin, à Paris pour trois d’entre elles. À l’issue, une journée QVT nationale se tiendra à la DGGN en 2021.

Nous avons diffusé à l’ensemble des personnels plus de 100 000 cartes « numéros utiles »

Dans le cadre de cette politique, sont également mises en place des actions de communication.

Il est essentiel d’informer les personnels et de s’assurer, a minima, qu’ils connaissent les acteurs qui peuvent leur venir en aide et les accompagner. De ce point de vue, nous avons la chance d’avoir de nombreux interlocuteurs au sein de la gendarmerie nationale. Il est nécessaire que chacun connaisse leur existence. C’est pourquoi nous avons diffusé à l’ensemble des personnels plus de 100 000 cartes « numéros utiles », qui comprennent deux volets : les coordonnées téléphoniques des dispositifs nationaux pré-inscrites sur le premier volet ; les coordonnées des acteurs ou services locaux de rattachement, que les personnels renseigneront individuellement.
Par ailleurs, un site RPS est actuellement en développement et sera disponible via Néogend et Intranet, pour diffuser des informations pratiques et les coordonnées des acteurs du soutien et de l’accompagnement.

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