Calvados : le GIGN interpelle un individu armé retranché à son domicile

  • Par la capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 10 septembre 2020
© SIRPA Gendarmerie / GND F. Garcia

Un important dispositif a été déployé à compter de 13 h 30 le mardi 8 septembre afin d’interpeller un individu retranché à son domicile et faisant usage d’une arme à feu. Gendarmes départementaux, Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG), négociateurs régionaux et Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) ont été mobilisés. Malgré les négociations, le forcené a tenu sa position durant 30 heures, allant même jusqu’à tirer sur les gendarmes qui l’incitaient à sortir. L’assaut mené par le GIGN y a mis fin, le mercredi à 20 heures.

Jamais il n’y avait eu autant de gendarmes à Soulangy ! Cette petite commune au sud de Caen a en effet vu sa tranquillité perturbée durant deux jours, après qu’un homme de 72 ans s’est retranché à son domicile. L’histoire débute par une intervention qui, en raison de l’état d’excitation du principal concerné, dégénère. À l’arrivée des gendarmes locaux, celui-ci est enfermé chez lui, avec de multiples armes de chasse. Il refuse de sortir. Un vaste dispositif de sécurisation, empêchant l’accès au public, est alors déployé autour du domicile, par le Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG) de Falaise. Les routes menant à la maison sont bouclées et des déviations sont mises en place en vue d’éviter tout risque pour autrui. Peu de temps après, le PSIG Sabre de Caen vient les renforcer, afin d’être en mesure d’intervenir si cela devenait nécessaire. En raison de l’instabilité manifeste du septuagénaire, le PSPG de Paluel est également sollicité.

Des négociations difficiles mais essentielles

Dès le début de l’intervention, deux négociateurs régionaux sont engagés. Arrivés rapidement sur les lieux, ils prennent immédiatement contact avec le forcené. L’objectif principal est de l’amener à sortir et à se rendre. Pour cela, ils doivent établir un lien avec lui. Celui-ci se crée par des échanges divers sur la vie personnelle de l’individu, ses centres d’intérêt… Des éléments susceptibles de mettre en confiance l’individu mais qui sont surtout utiles pour cerner sa psychologie. Malheureusement, ce jour-là, les négociations sont vaines. Le septuagénaire refuse catégoriquement de sortir. Mais les échanges n’ont pas été inutiles pour autant. Formés et pilotés par le GIGN, les négociateurs de proximité sont en effet le premier échelon à prendre contact avec un individu retranché et avec ses proches. Les informations qu’ils recueillent leur permettent de dresser un portrait de l’individu aux forces d’intervention et de dessiner des voies d'approche. De manière indirecte, ils participent donc à la conception du schéma tactique d’interpellation de l'opération.

L’intervention nécessaire du GIGN

À 19 heures, un premier coup de feu est tiré ! La dangerosité du septuagénaire est avérée. Le recours à une unité d’intervention spécialisée devient indispensable. Le commandant du groupement du Calvados décide de solliciter l’engagement du GIGN. Sur la base des informations obtenues par les négociateurs, relatives à la psychologie du forcené, le chef d’intervention décide de l’engagement du GIGN lui-même et non de l’une de ses antennes locales.

À 23 heures, les forces d’intervention, cynophiles et d’observation du GIGN arrivent sur site. En capacité technique et matérielle de gérer une crise de cette intensité, ils mettent en place un dispositif rapproché et entament de nouvelles négociations, sur la base des éléments fournis par les négociateurs régionaux. Malgré plus de trois heures d'échanges, la situation n’évolue pas. Vers 5 heures, après un nouvel échec des négociations, les militaires effectuent une première approche offensive, pour tenter de faire sortir le forcené. Mais sans succès. Au contraire, celui-ci renforce sa position et tire à plusieurs reprises à l’arme longue et au pistolet dans leur direction. Par chance, aucun gendarme n’est blessé, mais le véhicule blindé est atteint par nombreux tirs. Environ 90 munitions sont tirées par le retranché. Durant les heures qui suivent, il reste en observation, sans utiliser son arme. Ce n’est qu’en fin de journée que l’individu sort sur sa terrasse, incité par le négociateur. Profitant de l’opportunité et après une nouvelle reprise des négociations, le chien d’assaut du GIGN est engagé, permettant aux militaires de l’interpeller. Il est alors placé en garde à vue par la Brigade de recherches (B.R) de Potigny et s’en sort avec seulement quelques blessures.

La stratégie a été payante !

L’affaire s’est, au final, terminée de la meilleure façon qui soit. La mobilisation de l’ensemble des militaires a été longue, épuisante, mais le coût humain est nul, la vie du forcené a été préservée. Mais pourquoi l’assaut du GIGN n’a-t-il pas eu lieu plus tôt ? La question est légitime mais a une réponse bien précise. Si l’intervention a duré 30 heures alors que le GIGN est arrivé sur les lieux 20 heures avant son assaut, ce n’est pas par manque de compétences ! Les gendarmes auraient pu pénétrer dans le domicile bien avant, mais à quel prix ? En entrant, l’issue aurait été toute autre. Le forcené aurait très probablement tiré sur les militaires qui, en légitime défense, auraient fait usage de leurs armes à leur tour. Inutile de préciser qu’ils n’auraient pas loupé leur cible ! Pendant plusieurs heures, les militaires ont donc attendu l’opportunité qui leur permettrait d’interpeller l’individu sans risque pour sa vie, ni pour la leur… Une solution d’autant plus privilégiée que nulle autre vie n’était alors mise en danger par le forcené. Pour reprendre les mots du colonel Christophe Junqua, directeur des opérations :"C'est le propre des unités d'élite d'absorber un tel niveau de violence sans le répercuter à l'identique sur l'adversaire. Il est clair que le GIGN lui a sauvé la vie".

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