Les 1re rencontres numériques de l’Intérieur

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 04 février 2020
© MI DICOM – A. Lejeune

La première édition des rencontres numériques de l'Intérieur, qui s'est tenue ce lundi 3 février, au musée des Arts forains, à Paris, a notamment permis d'installer officiellement dans le paysage la nouvelle direction du numérique, créée le 1er janvier dernier, au terme de 18 mois de travaux impliquant tous les acteurs du ministère. Christophe Castaner a profité de ce rendez-vous pour fixer sa feuille de route et évoquer quelques perspectives d'avenir.

Organisée au cœur du musée des Arts forains, ce lundi 3 février, la 1re édition des rencontres numériques de l’Intérieur avait pour objectif d’initier une démarche de réflexion et d’échanges entre les membres de la communauté numérique du ministère sur les enjeux de la transformation numérique, tant au bénéfice des usagers du service public que de ses agents.

Une après-midi également forte en symbole, puisqu’elle a permis d'installer dans le paysage la nouvelle Direction du numérique (DNUM), organisatrice de ce rendez-vous qui se veut annuel.

Créée le 1er janvier dernier, à la suite d’un long processus de travail initié en juillet 2018, la

DNUM a pour objectif d’appuyer et de renforcer les capacités de transformation numérique des différentes directions métiers, en les accompagnant et en étant à l’écoute des besoins des usagers et des agents. Elle vise également à mettre en cohérence et à rationaliser la stratégie numérique du ministère, en supprimant par exemple les « doublons » et en favorisant notamment l’interopérabilité et les systèmes partagés. Enfin, elle aura un rôle clé dans le développement de l’attractivité numérique du ministère.

Outre la poursuite des grands projets, tels que « réseau radio du futur », le Cloud « produits de l’intérieur » et le système d’information dédié au suivi et à la gestion des armes (SI-Armes), la direction du numérique orientera, en 2020, son action sur deux chantiers : la mise en place de la Procédure pénale numérique (PPN) et la refonte des systèmes d'information européens liés au franchissement des frontières et à la gestion des autorisations, dans un objectif d’adaptation aux normes européennes et de renforcement de l'exigence de qualité de service.

Quatre officiers de gendarmerie occupent des postes de haute responsabilité au sein de la DNUM depuis le 1er janvier dernier : le général Marc Boget, nommé directeur adjoint du numérique, le colonel Olivier Langou, au poste de sous-directeur de la gouvernance au sein du service du pilotage stratégique et de la gouvernance, le colonel Christophe Vercellone, nommé sous-directeur de l’architecture et des infrastructures techniques et, enfin, le colonel Guillaume de Roquigny-Iragne, chargé de mission auprès du DNUM. Ils pourront s’appuyer sur quatre chefs de bureau et deux cadres R.H. et budgétaire, eux aussi issus de l’Arme.

Progresser ensemble

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« Aucune de nos activités ne peut s’affranchir d’une parfaite maîtrise de nos systèmes d’information. La DNUM est l’acteur sur lequel les directions métiers pourront s’appuyer pour réaliser leurs objectifs, a présenté Christophe Mirmand, préfet, secrétaire général du ministère de l’Intérieur, en ouverture. Les projets transversaux, qui sont indispensables pour nous permettre de progresser, seront conduits en lien direct avec les directions générales. »

Soulignant l’ampleur des exigences qui attendent la DNUM, mais également l’ampleur de ses ambitions, M. Mirmand a indiqué que cette nouvelle direction « devra en permanence être un acteur de l’innovation. Pour cela, il faut unir nos énergies ». Et d’insister : « La transformation numérique nous oblige à repenser nos métiers, paradigme dans lequel le ministère s’est déjà engagé en développant un outil de mobilité ou encore un espace de travail collaboratif. »

En conclusion de ses propos, le secrétaire général a rappelé que « l’ambition est de refléter la diversité de nos métiers et de nos statuts » et « de tendre vers plus d’efficience et plus d’agilité dans la maîtrise de nos systèmes d’information […] Je souhaite que la DNUM soit porteuse de projets fructueux. Cette première édition des rencontres du numérique doit donc être l’occasion de décliner ensemble sa feuille de route. »

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Non sans avoir rappelé les objectifs de la DNUM, Vincent Niebel, directeur du numérique, a de son côté mis l’accent sur ses leviers d’action : le pilotage budgétaire, la mise en place de liens et d’une organisation adaptée, « gages d’une coordination des acteurs numériques et de la constitution d’une véritable communauté numérique ministérielle solidaire. Cette gouvernance ministérielle se traduira par des instances formelles et transparentes de haut niveau, impliquant l’ensemble des directions métiers, par la tutelle d’agences au cœur de la transformation numérique de l’État, comme l’ANTS, l’ANSC et l’ANTAI, et par des instances de rencontre plus souples avec les directions métiers, ou entre acteurs du numérique, au travers notamment de communautés technologiques ». Le 3e levier de la DNUM et de ses partenaires réside quant à lui dans « la richesse de ses réseaux territoriaux des SIC », incarnés par un bureau dédié au sein de la DNUM, qui en assurera l’animation.

La parole aux directeurs généraux

Ces rencontres se sont poursuivies par trois tables rondes. La première a permis de donner la parole aux directeurs généraux de la gendarmerie et de la police nationales, de la sécurité civile et de la gestion des crises, des étrangers en France, ainsi qu’au délégué interministériel à la sécurité routière, qui ont pu, à cette occasion, exprimer leurs priorités numériques respectives, leurs perspectives, mais aussi leurs attentes par rapport aux processus que la DNUM pourra accompagner.

« J’attends de la DNUM qu’elle m’aide à transformer la gendarmerie dans le cadre de GEND 20.24. Même si tout n’est pas numérique, nous avons besoin du numérique pour servir la population. Et nous avons besoin de partager nos innovations, a ainsi indiqué le général d’armée Christian Rodriguez. La DNUM aura aussi les moyens de rationaliser les coûts et peut-être de nous permettre de nous libérer de la sous-traitance. Nous avons aussi besoin d’une stratégie de la donnée ambitieuse. »

Et le directeur général de la gendarmerie de poursuivre : « Il m’importe que nos projets soient délivrés plus vite et moins chers, au bénéfice de nos personnels et de la population, pour faire gagner du temps aux gendarmes et renforcer ainsi le contact », citant parmi les besoins les plus essentiels, la gestion électronique des documents, l’archivage, le Cloud, les systèmes d’information européens ou encore la radio du futur.

Soulignant la confiance et la transparence dans lesquelles ont été conduits les travaux préparatoires de la DNUM, le général d’armée Rodriguez a fait part de son souci de ne pas voir « sacrifier un pôle d’excellence, mais bien de faire en sorte qu’il bénéficie à chacun », souhaitant également une certaine « souplesse budgétaire pour permettre la réactivité nécessaire » et « pouvoir faire du cousu main. »

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La deuxième table ronde, consacrée aux acteurs des systèmes d’information et de communication au service de l’efficacité des activités numériques, a permis aux trois sous-directions de la DNUM d’expliquer leurs missions et d’exposer quels services elles seraient en mesure de proposer aux différentes directions métiers.

Enfin, l’objectif de la troisième table ronde était d’évoquer la transformation numérique et l’innovation au service des agents et des usagers, et plus largement la transformation des métiers résultant de la mise en place du numérique au sein du ministère et comment la DNUM pourra l’accompagner.

« La transformation numérique n’est pas qu’un sujet technique. Ce n’est pas non plus une fin en soi. Ce sont des moyens au profit d’une stratégie et d’objectifs, au profit d’un métier, lequel doit être au cœur du sujet, a insisté le GCA Bruno Poirier-Coutansais, chef du ST(SI)². Nous avons besoins de process financiers permettant d’être agiles et réactifs pour mener à bien la feuille de route fixée par les directeurs généraux de la gendarmerie et de la police nationales. »

Soulignant notamment l’intérêt du décloisonnement des données, le chef du ST(SI)² a également indiqué la nécessité d’avoir un coordonnateur sur les sujets transverses, comme les fichiers européens, qui relèvent à la fois d’un challenge opérationnel et juridique. Enfin, le général Poirier-Coutansais a également mis en avant la plus-value que le ST(SI)², au regard de ses nombreuses compétences, est en mesure d’apporter à l’ensemble du ministère à travers la DNUM.

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Avant l’intervention du ministre de l’Intérieur, la représentante d'une société spécialisée en analyse stratégique a proposé un regard prospectif sur la transformation numérique au cours des cinq prochaines années.

« La DNUM doit être un facilitateur de vie »

« Ce ministère n’a pas attendu la création de la DNUM pour prendre le virage du numérique. Il a acquis une expérience, une excellence même, qui l’ont conduit au niveau de performance d’aujourd’hui, a reconnu Christophe Castaner en préambule, adressant ses remerciements « pour le travail accompli et les acquis considérables sur lesquels la DNUM pourra s’appuyer. »

« La création de la DNUM est d’abord un défi auquel vous avez commencé à répondre collectivement. Sa mise en place bouleverse les équilibres, les habitudes, mais elle était nécessaire pour avancer. Nous avons pris les arbitrages pour permettre à cette direction nouvelle de fonctionner au profit de tous, a poursuivi le ministre, avant de formuler « quelques vœux pour l’avenir » à l'adresse de la nouvelle direction : « La DNUM est avant tout une direction de terrain, à l’écoute de celles et ceux qui utilisent nos systèmes d’information. Elle doit être au service des agents du ministère. Elle doit être déterminée dans les évolutions qu’elle conduit, non pas en fonction de directives, qui viendraient y compris du ministre, mais en fonction des usages par les agents, pour mettre en place ces directives. Je vous demande donc de construire avec les forces de l’ordre, avec les personnels de préfecture, avec les usagers. [...] Vous devez être des facilitateurs de vie. Et vous devez nous aider à rendre aux policiers et aux gendarmes la vraie vocation de leur engagement : la présence sur le terrain. »

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Maintien d'équipes techniques de développement au cœur des directions

Forte de 1 300 agents et de 300 millions d’euros de budget, la DNUM doit conserver « les avantages d’une organisation souple », a indiqué Christophe Castaner, soulignant à ce titre sa décision de « maintenir des équipes techniques de développement au cœur des directions opérationnelles », afin de favoriser les innovations.

« Avec ce nouvel outil, le ministère de l’Intérieur doit être celui des audacieux, comme des innovateurs », a-t-il déclaré, annonçant son souhait d’une feuille de route technologique ambitieuse d’ici la fin de l’année. « La DNUM doit assumer son ambition européenne. Elle doit être audacieuse dans sa politique de coopération, tout en contribuant à garantir impérativement l’inviolabilité de nos systèmes d’information », évoquant parmi les enjeux majeurs celui de la souveraineté.

Et le ministre de conclure : « La direction du numérique est aujourd’hui lancée. Elle a devant elle, et avec toute la communauté numérique du ministère, des défis immenses à surmonter. Elle a aussi des enjeux majeurs à affronter. C’est une réforme dont nous devons être fiers, car elle incarne l’unité du ministère », dont la DNUM reflète toute la diversité dans sa composition même.

« Je mesure l’implication de chacune et chacun pour faire en sorte que la création de cette direction soit un succès pour la modernisation de ce ministère. Vous posez une pierre pour bâtir le ministère de l’Intérieur du XXIe siècle dont les Français ont besoin. »

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