Nouvelle-Calédonie : les gendarmes sécurisent les bureaux de vote

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 06 octobre 2020
© D.R.

Après un premier référendum, il y a deux ans, sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté, les habitants de l’archipel étaient attendus aux urnes, ce dimanche 4 octobre 2020, pour une deuxième consultation. La question de l’indépendance du territoire faisant encore l’objet de nombreuses tensions, la gendarmerie nationale était au rendez-vous pour assurer le bon déroulement du scrutin.

«Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » C’était la question posée ce dimanche aux Calédoniens. Une simple phrase susceptible de tout changer, donc forcément source de tensions entre indépendantistes et loyalistes et ce, quelle que soit la réponse !

Aussi, la gendarmerie nationale était présente tout au long de cette journée décisive, afin que le scrutin se déroule sans embûche. La mise en place d’un vaste dispositif, mobilisant l’ensemble des brigades locales, mais aussi une dizaine d’escadrons de gendarmerie mobile, deux hélicoptères, l’antenne GIGN et les forces armées, aura permis de sécuriser les 237 bureaux de vote répartis sur l’ensemble du territoire calédonien. Si l’ampleur des moyens mis en place est impressionnante, elle apparaît tout à fait justifiée au vu des divisions historiques que cette question a pu générer et des violences encore constatées parfois en certains points du territoire.

Assurer l’accès aux urnes

À l’image des autres unités de l’archipel, les militaires des brigades de Canala et de Thio, situées sur la côte Est de la Grande Terre, ont dû mettre leur réveil assez tôt ce dimanche matin ! Les patrouilles ont débuté dès 5 heures, afin de reconnaître les axes menant aux bureaux de vote et de s’assurer que rien n’entravait leur accessibilité. C’était en effet loin d’être une évidence, comme l’explique l’adjudant-chef Pierre Leroy, commandant la brigade de Canala : « Notre secteur comporte sept bureaux de vote : un en mairie et six autres dans les tribus. Les distances à parcourir sont parfois importantes et l’accès à certaines zones peut s’avérer compliqué. »

À partir de 8 heures, les gendarmes ont contacté les délégués des différents bureaux de vote afin de s’assurer de leur ouverture et de garantir la probité du scrutin. Ensuite, au cours de la journée, les brigadiers, renforcés par des Détachements de surveillance et d’intervention (DSI), ont sécurisé les abords des bureaux, sans pour autant y pénétrer. En effet, conformément au Code électoral, l'entrée dans l'assemblée électorale avec des armes est interdite. Pour autant, quelques jours avant le référendum, les présidents des bureaux de vote ont prérempli des réquisitions permettant aux gendarmes d’intervenir en cas de recours nécessaire à la force publique.

Éviter toute forme de violence

L’interdiction des armes à l’intérieur des bureaux de vote était aussi valable pour la population venue voter. « Les Calédoniens du secteur sont tous chasseurs. Ils vivent pour la plupart de culture vivrière et de chasse, aussi ils possèdent tous des fusils. De la même manière, culturellement, ils se déplacent facilement avec un sabre à la main pour aller aux champs », explique l’adjudant-chef.

La détention d’armes justifiée par les coutumes peut néanmoins très vite poser souci dans ce cadre, d’autant qu’il n’est pas rare que ces bastions indépendantistes deviennent le théâtre de provocations envers les forces de l’ordre. « Certains essayent parfois de nous intimider en tirant en l’air au fusil », raconte l’adjudant-chef Leroy. « La nuit, nous circulons avec un véhicule blindé, car nous pouvons essuyer des caillassages dans certaines zones », ajoute le major Sébastien Laakaupau, commandant la brigade de Thio.

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Afin de prévenir toute forme de violence, un arrêté préfectoral a donc été pris, interdisant le transport d’arme et la vente d’alcool au cours de cette journée. Se basant sur cet arrêté, les gendarmes ont ainsi pu procéder à des contrôles aléatoires sur les axes menant aux bureaux de vote, en faisant notamment ouvrir les sacs et les coffres des véhicules, afin de s’assurer de l’absence d’objets dangereux.

Garantir la probité du vote

« Les deux communes sont connues pour voter très majoritairement en faveur de l’indépendance, ce qui diminue le risque de tensions entre les votants, contrairement, par exemple, à la commune de Nouméa, particulièrement divisée. Pour autant, il y a toujours un risque, nous ne sommes jamais à l’abri », observe l’adjudant-chef Leroy. « Ici, tout le monde se connaît et chacun sait qui vote quoi ! La petite minorité non-indépendantiste se fait discrète : ceux qui votent « non » ne restent pas dans le secteur et partent directement dans leur famille du côté de Nouméa. De la même manière, les employés de mairie non-indépendantistes s’arrangent pour ne pas travailler ce jour-là », remarque le major Laakaupau.

Si le sujet divise réellement, les gendarmes ont veillé à ce qu’aucune forme de pression ne puisse avoir lieu ce dimanche, en prévenant notamment toute forme de rassemblement aux abords des bureaux. En effet, en 2018, certaines tentatives d’intimidation avaient pu être constatées : des indépendantistes avaient voulu se placer à la sortie pour réclamer aux votants le deuxième bulletin n’ayant pas été mis dans l’urne !

Quand 18 heures ont enfin sonné, les patrouilles se sont assuré auprès des délégués qu’il n’y avait pas de difficulté lors de la fermeture des bureaux. Chaque bureau de vote a ensuite procédé au dépouillement, puis tous les bulletins ont été collationnés au niveau des mairies de Canala et de Thio. Pour autant, la journée n’était pas encore terminée pour les gendarmes des deux brigades, qui ont dû procéder au transport des plis jusqu’à la compagnie de gendarmerie de La Foa et la commune de Boulouparis, avant que le tout ne soit acheminé vers le Haut-commissariat de Nouméa.

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