PGHM de Savoie : 50 ans d’histoire

  • Par Capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 03 septembre 2021
© Brice Lapointe

2021 est une année marquante pour le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Savoie. Créée en 1971, l’unité fête en effet ses 50 ans d’existence. L’occasion de revenir sur l’histoire d’une unité pas comme les autres. 

Depuis 50 ans, au coeur des vallées de la Tarentaise et de la Maurienne, deux unités de la gendarmerie assurent, quelles que soient les conditions, le secours en montagne : le PGHM de Bourg Saint Maurice et son détachement à Modane. A elles deux, elles forment aujourd'hui le PGHM de Savoie. Actuellement composé d’une trentaine de militaires, le PGHM de Savoie a connu de nombreuses évolutions et s’est, au fil des années, adapté à cet environnement diversifié qu’est celui du département. Afin de se remémorer ces cinquante années d’existence, ces cinquante années riches en événements, le Groupement de gendarmerie départementale de Savoie (GGD73) a organisé, samedi 4 septembre, une cérémonie « anniversaire » rassemblant militaires d’active, retraités et services partenaires.

Années 70, une unité non professionnalisée

En 1971, la création des deux unités répond alors à un besoin opérationnel face à l’essor des activités et sports de montagne engendrant une fréquentation croissante des massifs alpins. Mais leur configuration est loin de celle que l’on connaît aujourd’hui ! A l’époque, ceux qu’on appelait les Pelotons de gendarmerie de surveillance montagne (PGSM) étaient directement rattachés aux compagnies de gendarmerie et le secours ne représentait qu’une petite part de leur activité, et pour cause ! Ils étaient en effet en majeure partie armés par des appelés, encadrés par quelques gendarmes qui n’étaient alors pas des professionnels de la montagne. « A l’époque, il n’y avait seulement qu’un guide, le commandant d’unité. Pour les autres, nous étions des gendarmes qui pratiquaient le ski mais nous n’avions pas de diplôme particulier. On se formait sur le terrain et à l’école militaire de haute montagne » explique Jean-Claude, retraité de la gendarmerie présent à la création du PGSM de Bourg-Saint-Maurice. Il faut dire qu’au début des années 70, le secours en montagne était bien différent de ce qu’il est devenu : en 1972, le PGSM de Haute-Tarentaise n’avait réalisé que 24 opérations de secours, là où aujourd’hui, le PGHM de Savoie en réalise aujourd'hui entre 750 et 800 par an ! Mais les problématiques se dessinent, notamment en saison hivernale où les avalanches sont fréquentes. Des équipes cynophiles vont alors rapidement être créées dans les deux unités, suivies par la démocratisation de l’emploi de l’hélicoptère, facilitant l’accès aux lieux des militaires et l’évacuation des victimes.

Années 80, les débuts d’une spécialisation

Ce n’est que dans les années 80 qu’a débuté la professionnalisation des secouristes des PGSM. « On a fait de nous des vrais secouristes. On nous a alors imposé de participer à des stages de secours en montagne et à ceux de chefs de caravane. » indique Jean-Claude. Avec cette professionnalisation, les gendarmes secouristes pouvaient désormais prendre en charge l’opération de secours dans son intégralité. « On était plus à l’aise ! Et le matériel évoluait également ». Dans les années 80, les unités ont également subi de grands changements en terme d’organisation. Le 1er novembre 1987, par décision ministérielle, le PGSM de Bourg Saint Maurice prend l’appellation officielle de PGHM et voit ses effectifs augmenter, passant alors de huit gendarmes à seize. La création du Détachement aérien de gendarmerie (DAG) de Modane est également un grand bouleversement dans le secours en montagne de Savoie. Depuis ce jour, il assure, aux côtés des gendarmes secouristes de Savoie, la permanence secours tout au long de l’année depuis la base de Modane.

Années 90, la création du PGHM de Savoie

En y repensant, Jean-Claude se réjouit encore des évolutions des années 90. «A compter du début des années 90, on s’est retrouvé être de vrais secouristes, un PGHM employé uniquement pour le secours en montagne. On avait de vrais moyens, de vraies formations et des effectifs suffisants ». 1992 a été une année charnière. Avec la réforme de la spécialité montagne de la gendarmerie, les pelotons de Bourg Saint Maurice et de Modane fusionnent, créant ainsi officiellement le PGHM de Savoie et permettant l’instauration d’une cohérence départementale. Petit à petit, l’unité se vide des appelés et seuls restent les gendarmes spécialistes. « A partir de ce moment là, on partait de la base en équipe de deux secouristes et un médecin, avec l’appui d’un hélicoptère Alouette 3. Et on avait des 4x4 à la place des estafettes. Les moyens étaient vraiment adaptés à la mission » ajoute Jean-Claude. Depuis cette période, le PGHM de Savoie n’a cessé de s’adapter pour secourir au mieux les victimes de la montagne. Matériel radio, moyens de locomotion, formations, équipements … tout est régulièrement remis en question et amélioré. Mais au cours de toutes ces années d’évolution, une constante demeure : la passion de la montagne et le sens du service public qui animent l’ensemble des gendarmes secouristes !

© Brice Lapointe

50 ans de souvenirs

Que ce soit dans les années 70 ou maintenant, les souvenirs sont riches pour les gendarmes de PGHM. Chez ces secouristes qui prennent régulièrement des risques énormes pour secourir les victimes, il n’est pas de plus grand soulagement et de plus grande fierté que de mettre tout en œuvre pour que celles-ci s’en sortent vivantes. Et ce n’est pas l’adjudant Cyril, actuellement affecté à Bourg Saint Maurice, qui dira le contraire, surtout après son intervention du 28 janvier 2021. Mais si les fins heureuses sont fréquentes, cela n’est pas toujours le cas et, même après avoir tout mis en œuvre, les pertes sont parfois inévitables… Etre gendarme en PGHM, c’est certes évoluer dans des paysages de rêve et pratiquer une passion au quotidien, mais c’est malheureusement également faire face à la douloureuse épreuve de la mort. Celles des victimes, celles de partenaires institutionnels, celles de camarades. Au fil de 50 ans d’existence, le PGHM de Savoie a en effet connu des pertes tragiques, lors de crash d’hélicoptère, d’entraînement, d’avalanches … Pour n’en citer qu’une parmi d’autres, l’année 1989 a été particulièrement tragique pour l’unité qui a eu à déplorer le décès le trois camarades, d’un pilote et d’un médecin. Mais à chaque fois, l’unité fait face et se reconstruit, c’est là sa force.

2021, une année importante

Samedi 4 septembre, l’ensemble des militaires du PGHM de Savoie, anciens et actuels, les unités du GGD73 et les autorités du département célébraient l’anniversaire de cette unité occupant une place majeure en Savoie. Pour le colonel Guillaume Chantereau, commandant le GGD73, la montagne est au coeur du département : elle en a façonné son histoire et ses hommes. La présence du PGHM de Savoie apparaît alors comme une évidence et l’action qu’il mène, en complément des unités territoriales, est indispensable à la bonne marche du GGD73. Cette journée fût alors l’occasion de se remémorer ensemble, ces 50 années d’existence, pleines de souvenirs, bons comme moins bons, mais qui ont tous participé à construire le PGHM tel qu’il est aujourd’hui.

© Brice Lapointe

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