Seine-et-Marne : un groupe d’enquête dédié aux VIF

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 10 octobre 2021
© GEND/SIRPA/ANTOINE FAURE

Créé à la fin de l’année 2018, le Groupe d’enquête et de protection des familles (GEPROF) traite tous les dossiers de violences physiques, psychologiques et sexuelles, commises au sein de la cellule familiale, sur le territoire de la compagnie de Coulommiers.

Département le plus étendu de la région Île-de-France, la Seine-et-Marne compte cinq Compagnies de gendarmerie départementale (CGD) : Melun, Fontainebleau, Provins, Meaux et Coulommiers. Ces territoires présentent d’importantes disparités économiques et sociales, avec des problématiques de sécurité très différentes entre le nord et le sud.

La CGD de Coulommiers est ainsi fortement impactée par des faits de Violences intra-familiales (VIF), notamment à l’est, sur les secteurs des « deux Ferté », La Ferté-sous-Jouarre et La Ferté-Gaucher, touchés de plein fouet par une crise de l’emploi qui a fait basculer beaucoup de familles dans la précarité, avec une hausse concomitante des addictions.

En octobre 2018, une analyse détaillée des interventions a permis de détecter ce phénomène de VIF. Le commandant de compagnie de l’époque rédige alors une note de service créant le Groupe d’enquête et de protection des familles (GEPROF), initialement composé de cinq enquêteurs, avec pour vocation de traiter tous les dossiers de VIF des unités les plus concernées.

Une équipe de six militaires

« La compagnie était en avance de phase par rapport au Grenelle des violences conjugales (ouvert le 3 septembre 2019, NDLR) », note la cheffe d’escadron Delphine Scandella, commandant la CGD de Coulommiers, qui a très vite pris la décision de renforcer ce groupe avec un enquêteur supplémentaire, afin de faire face au volume très important d’enquêtes.

Ils sont donc désormais six au sein du GEPROF : l’adjudant-chef (ADC) Pierre, de la Brigade de recherches (B.R.) de Coulommiers, les maréchales des logis-cheffes (MDC) Charlotte et Sophie et les gendarmes Thibaud, Pierre et Sofiane, détachés d’unités territoriales.

« Nous traitons tous les dossiers de violences physiques, sexuelles ou psychologiques, qui impactent fortement les brigades de La Ferté-sous-Jouarre et de La Ferté-Gaucher, ce qui permet aux militaires de ces unités de concentrer leurs efforts sur d’autres problématiques, détaille l’ADC Pierre. Nous avons deux formes d’engagement : soit en renfort de la brigade, pour mener les auditions notamment, soit une prise en charge intégrale du dossier. »

« Le groupe est engagé uniquement sur les interventions en flagrant délit, ajoute la CEN Scandella. Les enquêteurs apportent leur expertise pour traiter l’audition de la victime, des victimes collatérales et de l’auteur, en lien avec l’intervenante sociale gendarmerie qui, elle, va prendre en charge le volet social avec les associations d’accompagnement des victimes et des auteurs. »

Il faut du temps pour que la parole se libère

Le GEPROF bénéficie d’une situation assez centrale sur le territoire de la CGD de Coulommiers, et joue donc un rôle d’unité de proximité, facilement accessible en transports en commun, ce qui est important dans le domaine des VIF, dont les victimes peuvent parfois rencontrer des difficultés à se déplacer. Dans ce lieu dédié, plus calme qu’une brigade, les enquêteurs sont en civil et prennent le temps pour recevoir et écouter les victimes. Une salle Mélanie (du nom de la première victime auditionnée selon ce procédé) est en cours d’aménagement pour les auditions des enfants.

« Les auditions durent souvent plus de deux heures, décrit la MDC Charlotte. Les unités territoriales n’ont pas forcément ce temps à consacrer. Or, il faut du temps pour que la parole se libère. Certaines victimes ont du mal à se confier, refusent de porter plainte. Et en prenant ce temps, on constate parfois que les faits sont en réalité beaucoup plus graves, et qu’il faut intervenir rapidement pour éviter qu’un drame ne se produise. » Le gendarme Pierre abonde : « On ne traite pas un dossier de VIF comme on traite une dégradation sur un véhicule. Ce n’est pas juste un papier à remplir, une plainte à prendre rapidement pour pouvoir passer à la suivante. »

Un groupe à pérenniser

Cinq des six membres du GEPROF sont détachés des unités territoriales. Ce sont des gendarmes qui ont une vraie appétence pour ces questions et savent faire preuve de l’empathie nécessaire. « C’est un sujet intéressant, avec une dimension psychologique importante, des victimes que nous pouvons protéger, ce qui est très valorisant, et une vraie réponse pénale », note Sofiane, dernier arrivé de la bande.

À la suite du Grenelle des violences conjugales, trois niveaux de formation aux VIF ont été mis en place au sein de la gendarmerie nationale : une formation initiale en école, une formation d’une semaine au Centre national de formation à la police judiciaire (CNFPJ), et enfin une formation d’une journée dans les unités, assurée par des formateurs relais ayant suivi celle du CNFPJ, comme la MDC Charlotte. « Tous les militaires du groupement doivent être formés avant la fin de l’année, explique-t-elle. Nous sommes dans les temps. » Des formations sont également assurées régulièrement par les partenaires extérieurs, notamment des associations qui travaillent sur l’accompagnement des victimes et des auteurs.

« Les membres du GEPROF sont des enquêteurs motivés qui apprécient le travail en équipe, relève la commandante de compagnie. Mais malheureusement, le turn over est important. Nous perdons régulièrement des militaires formés aux VIF qui, certes, peuvent apporter ensuite leur expérience au sein de leur unité d’origine, mais le plus souvent quittent la compagnie. C’est pourquoi nous travaillons actuellement avec le groupement et la région afin de pérenniser ce groupe et créer une unité organique. »

 

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