Trois avalanches mortelles dans les Alpes

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 03 mai 2021
Cerclé de rouge, le couloir du glacier Long où s'est produite l'avalanche qui a coûté la vie à deux personnes.
Cerclé de rouge, le couloir du glacier Long où s'est produite l'avalanche qui a coûté la vie à deux personnes.
© PGHM du Versoud

Les militaires des pelotons de gendarmerie de haute montagne de Briançon et du Versoud, ainsi que ceux qui arment le poste provisoire de l’Alpe d’Huez, ont été engagés, ce lundi 3 mai, pour secourir des skieurs de randonnée emportés par une série d’avalanches. Cinq personnes ont perdu la vie, une sixième est gravement blessée.

Les fortes chutes de neige de la semaine dernière cumulées avec une hausse des températures ont rendu le manteau neigeux particulièrement instable en haute montagne. Après que Météo France a placé les départements des Hautes-Alpes, de Haute-Savoie, de Savoie, d’Isère, des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes en vigilance jaune avalanches, trois drames se sont produits dans la matinée du lundi 3 mai, dans le massif des Écrins, en Isère et dans les Hautes-Alpes.

Vers 10 h 30, le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Briançon est alerté par deux témoins alpinistes de la disparition d’une cordée de trois autres alpinistes, au sommet de la Grande Ruine, dans le massif des Écrins.

Ce sommet est accessible d’abord en skis de randonnée, puis en chaussures à crampons pour les 150 derniers mètres. La neige était abondante dans ce couloir, et une plaque de neige s’est décrochée, emportant les trois alpinistes dans une chute de 400 mètres. Un binôme de secouristes s’est immédiatement projeté sur zone, avec un chien d’avalanche, accompagné d’un médecin du SMUR (Service Mobile d'Urgence et de Réanimation). Sur place, ils ont rapidement découvert les victimes, partiellement ensevelies.

Le médecin a constaté le décès des trois personnes, dont les corps ont été évacués vers le centre hospitalier de Briançon. Les gendarmes ont prévenu les parents et conjoints. Une enquête a été ouverte par le parquet pour « homicide involontaire » et confiée au PGHM de Briançon.

Décrochement de plaque et purge naturelle

Une heure plus tard, en Isère, ce sont deux avalanches qui ont emporté des randonneurs, toujours dans le massif des Écrins. « Les deux avalanches se sont déroulées presque simultanément, rapporte le capitaine (CNE) Pierre-Marie, commandant adjoint du PGHM du Versoud. Nous sommes alertés de la première par radio, par un professionnel de la montagne. Nous étions déjà en vol quand nous avons appris la seconde avalanche, par un témoin par téléphone. »

La gendarmerie dispose fort heureusement dans ce secteur d’un poste provisoire à l’Alpe d’Huez, ce qui va permettre d’engager sur cette seconde avalanche une autre équipe de secouristes, dont un maître de chien et un médecin, à bord d’un hélicoptère de la Sécurité civile. « Il faut souligner la complémentarité des équipes de secouristes du PGHM, de la Sécurité civile et du SAMU, qui a permis de gérer ces deux événements en même temps », insiste le CNE Pierre-Marie.

Bien que situées sur le territoire de la même commune, celle de Saint-Christophe-en-Oisans, les deux avalanches sont survenues dans deux secteurs éloignés et se sont produites différemment. « Dans le couloir nord du glacier Long, il s’agit d’un décrochement de plaque, un phénomène généralement hivernal, explique le militaire du PGHM. La seconde est une avalanche de fonte, une purge habituelle au printemps. Les deux risques cohabitent actuellement, ce qui est rare et dangereux. »

Plusieurs groupes de randonneurs évoluaient dans le couloir du glacier, sur une pente très raide, au moment de la coulée. « L’intervention était particulièrement complexe. Il a fallu évacuer deux personnes exposées à un risque de sur-avalanche. » Les secouristes prennent en compte quatre victimes sur ce secteur. Deux en urgence absolue vont malheureusement décéder, un homme de 55 ans et une femme de 50 ans, tous deux moniteurs de ski. Une troisième est polytraumatisée, la dernière indemne mais en état de choc.

Sur le secteur du Clôt de l’âne, c’est un groupe de quatre skieurs alpinistes, engagés dans une étroiture, qui a été fauché par la neige. L’un d’eux est gravement blessé. Son pronostic vital est engagé.

En tout, les deux interventions ont duré plus de trois heures, avec plusieurs rotations d’hélicoptère pour évacuer les victimes, puis effectuer les levées de doutes, afin de vérifier qu’il n’y avait pas d’autres personnes ensevelies.

Une enquête a été ouverte sous la direction du parquet de Grenoble et confiée au PGHM du Versoud.

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