Un concert d’hommage à huis clos

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 11 février 2021
© ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR

En raison de la crise sanitaire, le traditionnel concert du 16 février de l’orchestre de la Garde républicaine, en hommage aux militaires de la gendarmerie nationale décédés ou blessés en service, a été enregistré en amont, et sans public. Il sera diffusé sur les réseaux sociaux. Une cagnotte est d’ores et déjà mise en place pour recueillir les dons au profit de la Fondation Maison de la Gendarmerie.

Le 16 février 1791, l’Assemblée nationale votait la réorganisation du corps de la maréchaussée d’ancien régime sous le nouveau nom de « gendarmerie nationale ». Un peu plus de deux siècles plus tard, en 1993, cette date du 16 février fut choisie pour rendre annuellement un hommage solennel aux gendarmes morts en service au cours de l’année précédente.

À cette occasion, l’orchestre de la Garde républicaine donne traditionnellement, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, un concert dont les bénéfices sont reversés à la Fondation Maison de la Gendarmerie, au profit des familles des militaires de l’arme tués, ou blessés, dans l’accomplissement de leur devoir.

Compter sur le soutien de nos frères et sœurs d’arme

« Il s’agit d’une journée très particulière, un moment de recueillement intense pour tous les militaires, d’active, réservistes ou retraités, ainsi que pour les personnels civils de la gendarmerie, explique le général de division (2S) Jean-Jacques Taché, président de la Fondation depuis 2018. Comme cela était le cas pour moi en 1981, tous les élèves gendarmes, formés au sein des écoles de formation de la gendarmerie, se préparent pour leurs futures missions, en sachant qu’elles pourraient les engager jusqu’au sacrifice suprême. Au cours de ce cursus, l’accent est mis sur la valeur et la force du collectif. Nous prenons alors conscience que, si un jour il devait nous arriver quelque chose, nous pourrions compter sur le soutien inconditionnel de nos frères et sœurs d’arme. Cette dimension d’entraide est essentielle et structurante. Cette fraternité est le ciment de l’engagement du gendarme. »

La Fondation Maison de la Gendarmerie a été créée, il y a 76 ans, pour aider et accompagner les orphelins, les veuves, sans oublier les veufs. Cette mission d’aide sociale a été étendue ensuite aux blessés de l’arme et à leurs familles.

« La solidarité va bien au-delà des jours qui suivent le décès, poursuit Jean-Jacques Taché. Nous accompagnons les orphelins dans la durée, jusqu’à la fin de leurs études. Dans mes différents commandements, j’ai souvent été confronté à des situations sociales difficiles, vécues par des familles endeuillées ou en souffrance. Chaque situation exige une réponse adaptée et bienveillante. La dimension sociale est intégrée au commandement. Quand le général d’armée Richard Lizurey, alors directeur général de la gendarmerie nationale, m’a proposé de rejoindre le conseil d’administration de la Fondation, et de postuler aux fonctions de président à titre bénévole, je n’ai évidemment pas hésité. C’était une façon de rendre ce dont j’avais bénéficié, non pas à titre personnel, mais au profit de ces hommes et de ces femmes éprouvés par des situations complexes, qui étaient sous mon commandement. »

Orchestre à cordes et à masques

Les recettes provenant de la vente des billets pour le concert qui clôt la journée d’hommage du 16 février représentent habituellement une source de revenus importante pour la Fondation Maison de la Gendarmerie. Crise sanitaire oblige, il a fallu repenser l’organisation de cet événement et de cette solidarité. Une collecte de dons a donc été mise en ligne sur le site Internet de la Fondation, et les fonds récoltés seront reversés intégralement à ses œuvres sociales.

Concernant le concert lui-même, l’adaptation était aussi le mot d’ordre. « Nous avons dû modifier le format, décrit le colonel François Boulanger, directeur de l’orchestre à cordes de la Garde républicaine. Le nombre de musiciens et de chanteurs a été revu à la baisse pour respecter la distanciation sociale, avec uniquement un orchestre à cordes, sans les musiciens à vent qui, eux, ne peuvent jouer masqués. Seuls les trois chanteurs solistes ont été autorisés à ôter leur masque. »

Les répétitions ont été particulièrement compliquées, puisque ces trois chanteurs ont été testés positifs à la COVID-19 lors des dernières semaines. « Nous avons dû répéter le plus souvent sans eux, ce qui n’est pas l’idéal », regrette le directeur de l’orchestre.

De ce format dépendait bien sûr le programme, mêlant répertoire classique, musiques traditionnelles et chansons de Charles Aznavour, dont les partitions ont été réécrites par le colonel Boulanger, pour pouvoir être jouées dans cette configuration. Une pièce électronique de Jean-Michel Jarre, également revisitée, introduisant la soirée.

  • © ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR
  • ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR
  • © ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR
  • © ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR
  • © ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR
  • © ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR
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  • ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR
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  • © ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR
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  • © ADJ Fabrice Bourdeau - Cabcom GR

 

Pour permettre au plus grand nombre de suivre ce concert, il a été enregistré lundi 8 février, et sera diffusé sur les réseaux sociaux de la gendarmerie, mardi 16 février, à 18 h 30, à l’issue des cérémonies qui se dérouleront simultanément à Clermont-Ferrand, Argentan, Dijon, La Rochelle, Périgueux, Amiens et à Paris, sous l'Arc de triomphe, pour le ravivage de la flamme.

Paradoxalement, les contraintes sanitaires ont créé un espace de liberté pour la captation des images. « Pour la première fois, des caméras ont été placées au sein de l’orchestre, et sur moi-même, pour voir les gestes qui le dirigent, poursuit François Boulanger. Des plans spectaculaires ont été filmés par drone dans le chœur de la cathédrale. »

Tout a donc été prévu pour séduire l’oreille et l’œil, et inciter le cœur à accomplir un geste altruiste pour les familles des gendarmes tués ou blessés en 2020*.

 

* Huit militaires de la gendarmerie nationale sont décédés depuis le 1er janvier 2020 dans l'exercice de leurs fonctions :

  • Gendarme Éric Charles – Escadron de gendarmerie mobile 41/7 de Dijon (21) – le 29 janvier 2020
  • Major Mélanie Lemée – Brigade de proximité d’Aiguillon (47) – le 4 juillet 2020
  • Gendarme Maud Le Gall – Compagnie de réserve territoriale de La Rochelle (17) – le 23 juillet 2020
  • Major Joachim Kaczmarek – Brigade de proximité de Roisel (80) – le 26 septembre 2020
  • Lieutenant-colonel Cyrille Morel – Compagnie de gendarmerie départementale d’Ambert (63) – le 22 décembre 2020
  • Major Rémi Dupuis – Brigade de proximité d’Ambert (63) – le 22 décembre 2020
  • Gendarme Arno Mavel – Peloton de surveillance et d’intervention gendarmerie d’Ambert (63) – le 22 décembre 2020
  • Brigadier Jérémy Andrieux – Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier (24) – le 12 janvier 2021

À noter :

La vie de la Fondation Maison de la Gendarmerie repose principalement sur les dons et les contributions des gendarmes. Chaque année, l'argent ainsi reçu est redistribué selon diverses directions : le versement d'aides sociales, notamment en cas de décès ou de maladie ; des stages au profit des gendarmes ; des aides pour le logement étudiant, avec un effort particulier en direction des orphelins ; l'entretien de villages et de maisons de vacances et l'organisation de centres de vacances de jeunes destinés aux familles des gendarmes. Par ailleurs, des cagnottes en ligne sont également mises en place, à la demande des unités locales ou sur initiative de la Fondation ou de la DGGN, à la suite de décès de gendarmes en service, comme ce fut le cas en décembre dernier après le drame de Saint-Just, mais aussi pour soutenir les militaires dans certaines situations de crise, comme après le passage de la tempête Alex, en octobre, dans les Alpes-Maritimes.

 

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