Une formation pour optimiser les interventions

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 31 mars 2021

Les 22 et 23 mars, à la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), s’est déroulée la 9e session de formation au Dispositif de gestion des événements (DGE), dont l’objectif était notamment de s’approprier le système d’aide à la décision, qui permet de mutualiser et d’optimiser la fonction intervention au niveau d’un territoire.

Ils étaient quarante : dix commandants ou futurs commandants de Groupement ou de Région, dix personnels de Centre d’opérations et de renseignement (CORG), dix conseillers concertation, et dix officiers adjoints au commandement, réunis à la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) pour une formation au Dispositif de gestion des événements (DGE), dans le strict respect des règles sanitaires. Sur deux demi-journées, lundi 22 et mardi 23 mars,  ils ont pu manipuler le système d’aide à la décision développé par le Service des technologies et des systèmes d'information de la sécurité intérieure ST(SI)².

« Cet outil numérique d’analyse et de visualisation cartographique s’inscrit pleinement dans le cadre de la stratégie Gend 20.24, en aidant à la transformation opérationnelle au profit de la gendarmerie dans son ensemble, mais aussi des gendarmes, individuellement, présente le général de brigade Patrick Touak, sous directeur des systèmes d’information au ST(SI)². Grâce au DGE, la présence au sol de jour est accrue, la sécurité des patrouilles renforcée, le bien-être des personnels amélioré, avec une diminution des astreintes immédiates. »

Pour le colonel Stéphane Privat, chef du Bureau de la sécurité publique (BSP), « ce dispositif est gagnant-gagnant : pour la population tout d’abord, mais aussi  pour les gendarmes, en leur offrant davantage de sécurité et de sérénité dans leur travail. Le DGE permet de dégager des marges de manœuvre en termes de services externes diurnes, au contact de la population et des élus, d’être plus réactif, avec une meilleure réponse opérationnelle, notamment une hausse du nombre de flagrants délits sur des horaires atypiques, d’absorber le bruit de l’intervention et de libérer le service des militaires, permettant ainsi au commandant d’unité de simplifier la planification du service, et au militaire de bénéficier d’un repos physiologique, sans interruption, et de mieux organiser sa vie personnelle. »

« Au lieu d’engager une patrouille par brigade, il est engagé une patrouille par secteur regroupant plusieurs brigades, réduisant ainsi, de fait, le nombre de patrouilles sollicitées, ajoute le général de corps d’armée Hubert Bonneau, chef de la Direction des opérations et de l'emploi (DOE). Les premiers retours du terrain permettent d’estimer le gain à 10 % de patrouilles. La question essentielle est de savoir ce que l’on fait de ce gain. Il doit être réinvesti sur le terrain, pour faire davantage de contact avec la population et les élus. »

© GEND/SIRPA

Définir le besoin, organiser la réponse

L’application permet donc au commandement de modéliser au plus juste la fonction intervention, d’abord en évaluant le besoin, grâce à une analyse du territoire, prenant en compte les interventions de la gendarmerie sur les 36 derniers mois, qui permet de définir des foyers d’activité. L’objectif étant de déterminer le nombre de patrouilles nécessaires, selon les créneaux horaires, pour couvrir un maximum d’interventions. Une fois ce juste besoin défini, l’application permet d’organiser la mission, en répartissant les patrouilles DGE entre les différentes unités, selon les choix opérés par le commandement, avec une garantie d’équité.

« Après six mois de mise en place, au fur et à mesure que les groupements entrent dans la manœuvre, on constate que le DGE n’a pas d’effet sur le nombre d’heures travaillées par jour et par gendarme (ni à la hausse, ni à la baisse), relève le colonel Romuald De La Cruz, chef du Département de l'évaluation et de la valorisation, qui suit le dispositif à partir des remontées des unités. Il y a simplement un effet positif sur la présence d’initiative sur le terrain au contact de la population (de l’ordre de +20 %) et sur l’empreinte nocturne comme diurne, le dispositif permettant de réinvestir des créneaux horaires qu’on ne tenait plus. Par ailleurs, les gendarmes récupèrent en moyenne une capacité de travail de 7h20 par mois. C’est un enseignement fort. Enfin, il y a une forte diminution, de l’ordre de 75 %, des rappels de nuit des Premiers à marcher (PAM), qui interviennent en deuxième rideau après les patrouilles DGE lorsque les circonstances l’exigent. »

Le GGD du Cher en grand témoin

Lors de cette session de formation, les militaires du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Cher sont venus apporter leurs éclairages. « Le moment était venu de faire un retour d’expérience à nos camarades, considère le colonel François Haouchine, commandant du GGD. Le changement fait toujours un peu peur, mais il faut se faire confiance. C’est un outil qui permet de reprendre l’initiative, de professionnaliser nos interventions, et in fine d’avoir une meilleure empreinte au sol, d’être plus efficace en contact, et donc en recherche de renseignements. »

Le Groupement du Cher s’est porté volontaire en septembre 2020. Le DGE a été mis en place rapidement, dès le 1er décembre. « Je voulais sortir de la routine dictée par l’adversité », résume son commandant. Des groupes de travail ont été constitués, notamment sur la logistique et la communication, interne comme externe. Des discussions ont ainsi été menées avec les élus. « Certains étaient inquiets parce qu’ils sont attachés à « leurs » gendarmes, poursuit le colonel Haouchine. Mais ils ont vite compris que ceux-ci seraient davantage disponibles pour être au contact de la population. Ils sont aujourd’hui globalement satisfaits. C’est assez transparent pour eux. »

Pour organiser les patrouilles DGE, le département du Cher a été divisé en deux zones, Nord et Sud, ce qui implique la fin du principe de territorialité pour les brigades, les communautés de brigades... Avec trois mois de recul, les chiffres montrent une hausse des activités externes, de l’ordre de 18 %, avec une augmentation de 50 % des Fiches de renseignement simplifiées (FRS), et sept flagrants délits constatés de nuit. « Les militaires y trouvent leur compte, à la fois par le renforcement de la sécurité en intervention, et par la stabilisation du service et un rythme de travail moins haché », assure le colonel Haouchine.

Le rôle du Centre d’opérations et de renseignement (CORG), au cœur du dispositif, a également été abordé. « Ce rôle est fondamental, insiste le colonel Stéphane Privat. C’est le CORG qui doit choisir d’engager les DGE ou les PAM, en fonction du moment, de la nature de l’intervention, puis décider de laisser les DGE sur zone, d’effectuer des bascules de forces ou de les relever par les PAM. »

 

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