Une mission pour les aidants et les blessés

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 07 février 2021
© Mission accompagnement du handicap

Améliorer le soutien des gendarmes confrontés au handicap, tel est le rôle confié à la Mission Accompagnement du Handicap, créée à l’été 2020 au sein de la Direction des personnels militaires (DPMGN), dans le double cadre de GEND 20.24 et du programme de transformation R.H. Cela concerne aussi bien les personnels en situation d’aidants familiaux de proches handicapés, que les blessés de la gendarmerie, lorsque les blessures ou pathologies invalidantes génèrent des limitations professionnelles, voire du handicap au sens de la réglementation spécifique.

On estime environ à 2 000 le nombre de gendarmes aidants familiaux de proches handicapés : 1 400 répertoriés par l’outil Agorh@ comme parent d’un enfant handicapé, les autres assumant cette fonction auprès de leur conjoint ou d’un autre proche. « Cette situation constitue une contrainte importante, entraînant des difficultés à concilier vie personnelle et vie professionnelle », note le lieutenant-colonel (LCL) Grégoire Charle, chef de la Mission Accompagnement du Handicap.

Lui-même aidant familial d’un enfant handicapé, et président de l’ADAPEI 41 (association départementale de parents et d’amis de personnes handicapées mentales dans le Loir-et-Cher), le LCL Charle possède une grande connaissance de l’éventail des démarches et des possibilités de prise en charge. « On parle parfois d’un mur administratif pour les aidants, et le terme n’est pas galvaudé, estime-t-il. C’est très chronophage et complexe. Nous appuyons l’accompagnement des militaires, en complément des interlocuteurs locaux, comme les assistants sociaux, afin de leur permettre d’accéder à toute l’information utile en lien avec la gendarmerie, et de surmonter les situations de blocage avec l’écosystème. Leurs remontées sur les difficultés rencontrées nous permettent également de définir des axes de travail. Les problématiques sont nombreuses, des questions de logement à celles liées à la mobilité. »

Un sondage pour recueillir les besoins des aidants

Grégoire Charle est aidé dans cette mission par l’adjudant Laurent Campton, dont le parcours de blessé lui permet aussi d’appréhender les parcours administratifs médico-statutaires. Il est par ailleurs titulaire d’une licence STAPS et possède une expérience significative dans l’encadrement handisport. L’équipe bénéficie aussi du renfort d’un réserviste citoyen, le chef d'escadron (CEN) Cyril Neveu, fils et frère de gendarme, lui-même en situation de handicap et engagé dans le monde associatif.

Afin de mieux comprendre la situation des gendarmes aidants familiaux d'un enfant en situation de handicap, un sondage très détaillé a été mené en septembre et octobre 2020, de manière anonyme, auprès des 1 400 personnels concernés identifiés par Agorh@. « Et ce, afin de compléter nos données, mais aussi d’obtenir un ressenti sur leur situation, des précisions quant aux besoins exprimés, voire des suggestions, précise le LCL Charle. Le taux de réponse a été très élevé et les résultats, qui seront publiés dans les semaines à venir, particulièrement riches d’enseignements. Nous avons ainsi reçu de longs commentaires rédigés dans les champs libres, détaillant précisément les parcours de vie, les obstacles rencontrés et décisions personnelles prises, souvent empreintes de renoncements, faisant état d’importantes difficultés d’accès à l’information. Il en ressort aussi un fort besoin d’être pris en considération. »

De nombreux gendarmes reconnaissent dans ce questionnaire s’être « enterrés professionnellement », s’interdisant des opportunités de carrière en raison de leur situation familiale. « Pour la gendarmerie, il y a là un vrai enjeu de réouverture du champ des possibles, poursuit le chef de la Mission. Nous pouvons agir pour effacer les obstacles qui se mettent en travers de leur parcours, et donc favoriser la progression et l’épanouissement de ces personnels. Cela répond également aux objectifs d’amélioration de la Qualité de vie au travail (QVT), voire de prévention des Risques psychosociaux (RPS), pour la frange la plus aiguë des situations. C’est aussi tout simplement un enjeu de marque employeur, en interne comme en externe, pour fidéliser, recruter et montrer l’attention de l’Institution envers ses personnels confrontés à des difficultés particulières. »

Un plan d’action à destination des aidants

Un guide de l’aidant familial, abordant de manière très concrète les différents domaines de la vie quotidienne, sera aussi diffusé prochainement, et marquera l’amorce d’un plan d’action à destination des aidants. L’accent sera mis dans les prochains mois sur la thématique de la mobilité, en travaillant à un équilibre des impératifs et processus de gestion R.H. et contraintes particulières des aidants. Un réseau de pair-aidance sera également mis en place pour favoriser la mise en relation des proches de personnes handicapées, organiser la solidarité, pour le don ou le prêt de matériels adaptés notamment, et valoriser l’expérience en interne des aidants de longue date, volontaires pour épauler leurs camarades qui se retrouvent confrontés à une situation approchant leur propre expérience de vie.

« Nous travaillerons aussi sur la notion essentielle d’accès au répit, complète le LCL Charle. Les aidants consacrent en effet une part importante, parfois l’intégralité, de leur temps libre à leur proche handicapé. Or, ils ont besoin de temps pour eux, pour se reposer, décompresser. Il faut donc permettre une prise en charge pendant un temps donné. Mais tout ne se fera pas en un jour, nous ne sommes qu’au début d’un long chemin, au cours duquel nous engagerons les partenariats appropriés. »

Un chantier à venir pour les blessés

Après ce sondage, axé sur les parents aidants, d’autres enquêtes seront menées à destination des  personnels blessés, eux-mêmes en situation de handicap. Sur cette thématique également, les possibilités d’évolution dans la prise en charge sont nombreuses. Elles passent avant tout par le fait de nommer et de reconnaître que le handicap ne manque pas de survenir en cours de carrière. « Loin de stigmatiser les personnels concernés, ou de les enfermer dans des impasses professionnelles, cette approche doit se focaliser sur le développement et la valorisation des capacités, pour améliorer l’employabilité interne ou, suivant les situations, les perspectives et débouchés externes, détaille Grégoire Charle. L’enjeu ici est, tout en développant les perspectives, de mieux accompagner les personnels dans la projection de leur projet de vie, avec les informations et outils utiles. »

À noter :

Pour toute question relative à l'accompagnement du handicap en gendarmerie, contactez la Mission Accompagnement du Handicap : handicap@gendarmerie.interieur.gouv.fr

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