Ce matin de septembre, sur la place du marché de Mérinchal, à l’est de la Creuse, un drôle de fourgon floqué aux couleurs de la gendarmerie s’est installé aux côtés des stands du poissonnier et du charcutier. Dans ce petit village de 700 habitants, cela fait plus de 50 ans que la brigade de gendarmerie a fermé. Pour porter plainte, déposer une main courante ou simplement faire une procuration, les habitants doivent se rendre dans les communes d’Auzances ou de Crocq, situées à plus de 20 minutes en voiture. Pour désenclaver ce village, comme de nombreux autres, la gendarmerie de la Creuse a ainsi eu l’idée de mettre en place un fourgon gendarmerie itinérant : la brigade de contact mobile, aussi appelée Gendtruck.

Remettre le gendarme au cœur des territoires

Installé sur les places des villages, sur les marchés, devant les commerces, ce Gendtruck se rend deux fois par semaine dans deux des huit communes du département. Des lieux ciblés en amont par la gendarmerie et les élus locaux, suivant les besoins du territoire. L’objectif du Gendtruck est d’assurer un service de proximité, de contact et de prévention. Mais ses missions peuvent également aller plus loin. Lors de grands événements (Forêt Follies, Terres en fête, brocantes, etc.), la brigade de contact mobile peut se déplacer pour réaliser des actions de recrutement ou servir, lors de situations de crise, de base avancée pour le commandement des opérations.

Véritable couteau suisse, ce véhicule, un ancien fourgon d’une société d’énergie, a été pensé pour s’adapter parfaitement aux besoins du terrain. Pour cela, plusieurs services ont collaboré, du SGAMI (Secrétariat Général Administration Ministère Intérieur)au CSAG (Centre de Soutien Automobile de la gendarmerie), en passant par la SOLC (Section Opérationnelle de Lutte contre les Cybermenaces), pour mettre le véhicule aux couleurs de l’Institution et réaliser les aménagements intérieurs : moyens radio et informatique (Ubiquity, branchements réseau, etc.), aménagements pour recevoir du public (chaises, tables intégrées, auvent, etc.). « C’est vraiment là où on est efficaces, parce que si on déportait juste un camion, qu’on mettait les gendarmes dedans, sans qu’ils aient la possibilité de travailler, on serait un peu secs. Là, on est vraiment autonomes. On peut vraiment considérer ça comme une brigade », précise le commandant de la compagnie d’Aubusson, le chef d’escadron Christophe Villard.

Des réservistes, experts du territoire

Pour armer cette véritable petite brigade, la gendarmerie a fait appel à de fins connaisseurs du territoire : ses réservistes (principalement des anciens de l’arme). Grâce à leur connaissance du terrain, des habitants et des problématiques, ces derniers arrivent à renouer des liens entre la population et la gendarmerie, mais aussi entre l’Institution et les touristes, qui ont été nombreux, cet été, à s’être rendus dans le département. Pour compléter la présence des réservistes, sur les communes où le Gendtruck est déployé, des gendarmes d'active viennent appuyer le dispositif. Équipés cette fois de VTC ( Vélos Tout Chemin) électriques, favorisant le contact avec la population, ils réalisent des patrouilles pour faire connaître le Gendtruck mais aussi, et surtout, pour renforcer la présence de la gendarmerie sur le terrain.

Afin d’informer les habitants de la présence du Gendtruck dans leur commune, les militaires définissent à l’avance un calendrier qui est ensuite publié sur la page Facebook du groupement. Les applications telles que Panneau Pocket sont également de bons moyens pour les gendarmes et les élus de communiquer sur ce dispositif.

Dans la commune de Mérinchal, ce matin de septembre, les habitants sont nombreux à venir voir les gendarmes. Au début un peu surpris, un peu hésitants, puis beaucoup plus à l'aise, ils échangent avec les militaires sur les problèmes rencontrés. Lors de la mise en place du Gendtruck en juin, le nombre de personnes venues faire des procurations a doublé entre le premier et le second tour, preuve de la réussite de ce dispositif.