La gendarmerie organise son premier hackathon sur le thème de l’intelligence artificielle

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 24 mai 2022
© SIRPA - Fabien Lazaro

Le premier hackathon organisé par la gendarmerie sur le thème de l’intelligence artificielle s’est tenu du 13 au 15 mai, à Issy-les-Moulineaux, sous la conduite du coordonnateur national pour l'I.A. de la gendarmerie. Ce challenge a rassemblé 235 participants de tous horizons, dont une équipe de la gendarmerie, composée de personnels du Pôle judiciaire (PJGN), qui est parvenue à se placer sur le podium.

L’Intelligence artificielle (I.A.) est, pour la gendarmerie, un enjeu majeur qui s'inscrit dans les différents piliers de la stratégie GEND 20.24. La phrase est écrite au présent, puisqu’il ne s’agit plus d’une fiction éloignée, mais bien d’une réalité. Elle est déjà utilisée par les gendarmes pour mieux appréhender la délinquance, grâce à l'analyse prédictive, mais aussi dans le cadre de l'authentification des « deepfakes », ou encore dans le domaine des ressources humaines, par l'utilisation d'un chatbot dédié.

Mais cet avant-goût ne constitue que les prémisses du potentiel d’utilisation de l’I.A. D’aucuns considèrent son avènement comme une quatrième révolution industrielle, dont les impacts dans les divers secteurs de notre société ne sont pas encore tous identifiés.

Néanmoins, pour la gendarmerie, l’intégration de l’I.A. dans son processus d’expansion technologique est d’ores et déjà engagée. Et cette évolution passe par une meilleure compréhension des concepts mathématiques de l’intelligence artificielle, afin de prévenir tout effet de boîte noire et d'exploiter les opportunités offertes en responsabilité.                                                                               

Un marathon de la programmation

C'est dans cet état d'esprit de transparence et d'une démocratisation de l'I.A. que l’institution a organisé, du 13 au 15 mai, sous l’égide de son Service de la transformation (S.T.), un hackathon de  l’intelligence artificielle. Pour les néophytes, un hackathon est un événement durant lequel des groupes de développeurs volontaires se réunissent pendant une période de temps donnée, afin de travailler sur des projets de programmation informatique de manière collaborative.   

Et cette fois-ci, durant 24 heures, les participants devaient plancher sur deux challenges au choix. En effet, la gendarmerie s'est associée avec les Programmes des Nations-Unies pour l’environnement (UNEP) et l’Agence française de développement (AFD) pour proposer un challenge dédié à la transcription automatique de la parole et un second au classement automatique de textes autour des 17 ODD (Objectifs de Développement Durable). L'occasion, si cela était nécessaire, de témoigner de la convergence, pour la gendarmerie, entre les sujets de protection du citoyen et de l'environnement.

La transcription comme outil opérationnel

Il s’agissait donc pour les candidats au challenge gendarmerie de plancher sur la transcription automatique de parole. En effet, cette tâche est particulièrement chronophage et concerne des préoccupations diverses, comme la transcription d'écoutes téléphoniques, d'enregistrements des Centres d’opérations et de renseignement de gendarmerie (CORG) ou encore d'auditions. Une application qui pourrait rendre de grands services aux gendarmes.

La compétition avait donc pour objectif d'évaluer la pertinence d’emploi de systèmes automatiques de transcription, dénommés Speech-to-Text, appliqués à une variété de sources d'enregistrement (radiophoniques, télévisuels, téléphoniques, etc.).

« Il s’agit en clair de transformer des ondes en texte », résume le lieutenant-colonel Daniel Camara, membre de l’équipe gendarmerie de cet hackathon et l’un des responsables du projet de recherche « INSPECTr »* au PJGN (Pôle Judiciaire de la Gendarmerie Nationale). Mais la transcription automatique de la parole ne constituait pas le seul objectif de ce challenge. L'ensemble des participants devait en effet s'atteler à un véritable défi dans un temps extrêmement limité au regard de la tâche à accomplir.
Ainsi, comme l'énonce le chef de l'équipe gendarmerie, il s'agissait de « segmenter les locuteurs, de déterminer leur genre, de détecter automatiquement la langue parlée, de résumer mécaniquement le texte transcrit, d’analyser les sentiments et, enfin, de déceler les propos haineux ainsi que les entités nommées. »  

Une troisième place pour l’équipe gendarmerie

Un hackathon, comme son nom l’indique, ce sont 24 à 48 heures de travail, et du sommeil à récupérer, tant pour les équipes que pour les organisateurs, comme le souligne le lieutenant-colonel Mikael de Miras qui, la nuit durant, a dû mettre au point la procédure d'évaluation des plateformes.

Le week-end s'est achevé par la proclamation du jury, composé, pour la gendarmerie, de Mme Ysens de France (S.T.), de monsieur Mike Gbadamassi (S.T.), du lieutenant-colonel de Miras (PJGN) et du général Patrick Perrot (S.T.).

L’équipe gendarmerie s’en est plutôt bien tirée, puisqu’elle arrive à une honorable troisième place, avec un niveau de performance très satisfaisant.
Pour le général Patrick Perrot, coordinateur I.A. de la gendarmerie, « l'équipe du PJGN a montré la richesse des talents que nous avons en interne et la capacité à développer des systèmes dont nous avons la compréhension et la maîtrise. »

L’événement se déroulait dans les locaux de l’ISEP, une école d’ingénieurs du numérique, partenaire de la gendarmerie pour la chaire « I.A. et Sécurité », avec le concours de son association d’étudiants centrée sur l’innovation, Garage ISEP. 3DS OUTSCALE s'est également associé au challenge, notamment pour la mise à disposition d'infrastructures de stockage des données et de calcul. Le général Perrot, à l'origine de cette initiative, s’est exprimé en ouverture, au cours d’une table ronde sur les défis de l’I.A. pour la sécurité. Celle-ci était précédée d’une conférence sur la stratégie I.A. française, présentée par Renaud Vedel, coordonnateur national pour l’intelligence artificielle. 

À noter :

« INSPECTr » est un projet de recherche européen qui vise à développer une plateforme de renseignement commune entre différentes entités. Il vise aussi à créer un nouveau processus de collecte, d’analyse, de hiérarchisation et de présentation des données clés, afin d’aider à la prédication, à la détection et à la gestion de la criminalité. La gendarmerie participe à ce projet en tant que partenaire technique. Le PJGN est responsable de la partie concernant le traitement du langage naturel. « Ce n’est pas commun, pour des projets de recherche européens, que les forces de l’ordre participent comme partenaire technique, explique le lieutenant-colonel Camara. Que toute la partie du Traitement automatique des langues (TALN) nous soit confiée démontre la confiance du projet dans la capacité de la gendarmerie à apporter des solutions innovantes dans ce domaine. »

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