Lieutenant Sébastien Possemé, porte-drapeau du bloc « CyberGend » à l’occasion du défilé du 14 juillet

  • Par capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 15 juillet 2022
© SIRPA - GAV T.Doublet

Lors du défilé du 14 juillet, le lieutenant Sébastien Possemé a porté le drapeau de la gendarmerie nationale. Commandant la Brigade numérique (BNUM) de la gendarmerie, il a incarné, au côté de ses camarades du ComCyberGend, l’engagement de la gendarmerie dans le cyberespace.

Depuis bientôt deux ans, le lieutenant Sébastien Possemé est le commandant de la Brigade numérique (BNUM). Cette unité, créée en 2018 et rattachée à la division de la proximité numérique du Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend), est « unique en son genre », pour reprendre les mots de l’officier. « Elle détient une compétence nationale, voire internationale. Sa couverture territoriale est le cyberespace. » La BNUM est en effet la manifestation même de la volonté de la gendarmerie de s’adapter à une société de plus en plus connectée. « Elle prend en compte l’émergence de ce nouveau territoire qu’est le cyberespace, le développement d’Internet et la diversification des échanges interpersonnels via les nouveaux outils numériques. » De fait, le commandant de la BNUM avait toute sa place dans le bloc « CyberGend » du défilé du 14 juillet, dont l’objectif était de souligner l’engagement de la gendarmerie dans le cyberespace.

Le lieutenant Sébastien Possemé, juste avant le défilé

© SIRPA - Brice Lapointe

D’enquêteur à commandant de la BNUM

Avant d’être à la tête de la Brigade numérique, le lieutenant Sébastien Possemé avait déjà une expérience certaine du métier d’enquêteur, qu’il exerce depuis 1995. « J’ai toujours eu une appétence pour le domaine judiciaire, explique l’officier. J’ai servi au sein d’unités de sécurité publique générale, mais j’ai eu l’occasion de faire plusieurs détachements en brigade et en section de recherches. Lors de mon affectation à la Brigade départementale de renseignements et d’identifications judiciaires (BDRIJ) du groupement de gendarmerie départementale d’Ille-et-Vilaine, j’ai même rejoint la cellule de lutte contre le travail illégal et les fraudes, en qualité d’enquêteur spécialisé. » Mais ce n’est pas là sa seule casquette ! Parallèlement à ses fonctions d’enquêteur, il témoigne d’un grand intérêt pour le dialogue interne au sein de l’Institution, et est à plusieurs reprises élu à différents niveaux de représentation du personnel. Ainsi, avant de rejoindre la BNUM, il occupe les fonctions de conseiller concertation de troisième niveau de la région de gendarmerie de Bretagne. Son expérience et son intérêt pour les autres l’amènent alors vers d’autres horizons : celui d’officier. Après sa réussite au concours d’officier du rang, il est nommé lieutenant le 1er août 2018. Deux ans plus tard, il est nommé à la tête de la BNUM.

Le lieutenant Sébastien Possemé présentant la BNUM à Marlène Schiappa

© Ministère de l'Intérieur - J.Rocha

Humanité et empathie, maîtres-mots de la BNUM

Composée de 33 gendarmes basés à Rennes, la BNUM fonctionne 24h/24 et 7j/7. Dans les locaux rennais, le contact humain prime, pas question de déléguer le traitement des sollicitations à un ordinateur. « L’usager veut entrer en contact avec un gendarme et non un robot », précise le lieutenant Sébastien Possemé. Le rôle des militaires ? Renseigner, prévenir et orienter. Les urgences, quant à elles, restent de la compétence du 17 ou du 112. Et à nouveau moyen d’échanges, nouveau moyen d’action. Ainsi, l’ensemble des militaires de la BNUM sont spécifiquement formés aux mécanismes des violences et aux techniques de questionnement à distance. « Cela permet une approche empathique des situations », ajoute le commandant d’unité.

Il est important de prendre le temps nécessaire pour échanger avec la victime, c’est essentiel. C’est ce temps qui la conduira à raconter son histoire, à mettre des mots sur les émotions et les douleurs vécues, sur les violences qu’elle subit.

Échanger par écrans interposés est plus difficile qu’il n’y paraît, en particulier lors des échanges avec les victimes de violences conjugales, sexuelles ou sexistes. « L'opérateur doit plus que jamais faire preuve d’humanité et d’empathie pour empêcher la personne de renoncer à sa démarche. C'est par les mots employés, par la formulation de ses phrases et la tournure de ses questions qu’il va pouvoir mettre en confiance la victime qu'il ne connaît pas et qu'il ne voit pas. »

Une activité conséquente

Ce nouveau mode de contact avec la gendarmerie a fait ses preuves. Depuis la création de l’unité, les gendarmes ont traité 638 000 demandes. Chaque jour, ce sont en effet entre 400 et 450 demandes d’usagers qui sont prises en compte par les militaires, dont une vingtaine de signalements de violences. « La BNUM n’a pas vocation à remplacer l’action des brigades territoriales, mais bien à proposer une extension de service via la relation à distance, tient à préciser l’officier. C’est un outil qui participe à la rénovation de la proximité avec les citoyens. »

À noter :

La BNUM est accessible via le site de la gendarmerie ou les messageries des pages Facebook et Twitter de la gendarmerie. Depuis peu, une nouvelle application est aussi disponible et permet d’y accéder, Masécurité, téléchargeable via le Google play store et l’Apple store. En cas d'urgence, composez le 17.

Ce nouveau mode de saisine de la gendarmerie a été tout particulièrement apprécié lors de la crise sanitaire. Avec les restrictions de circulation et les risques sanitaires, les déplacements se sont en effet faits plus rares. La brigade numérique a alors joué un rôle essentiel, comme en témoigne l’augmentation de son activité. « Entre les mois de mars et de mai 2020, l’activité journalière de la BNUM a été multipliée par neuf, soit en moyenne 1 950 demandes traitées par jour, souligne le lieutenant Sébastien Possemé. Le lien avec la population n’a souffert d’aucune rupture. Bien au contraire, il s’est renforcé. »

Le commandant d’unité raconte…

Depuis deux ans, le lieutenant Sébastien Possemé a eu affaire à de nombreuses sollicitations et ses militaires ont contribué à mettre fin à plusieurs situations de violences. Une affaire récente témoigne tout particulièrement du rôle primordial que peuvent jouer les gendarmes de la BNUM.

« 25 janvier 2022, en fin de journée, un témoin nous saisit via le portail « arretonslesviolences », portail qui permet à tout citoyen de signaler en ligne des faits de violences conjugales, intrafamiliales, sexuelles et sexistes, et désormais les faits de cyberharcèlement et de discriminations.

À noter :

La brigade numérique est aussi le portail national arretonslesviolences.gouv.fr. Depuis sa création, les enquêteurs ont répondu à 13 000 sollicitations, qui ont donné lieu à la rédaction de 4 200 procès-verbaux d’enquête judiciaire.

Ce témoin désire nous faire part d’une situation grave en dénonçant son frère, qui serait auteur de violences physiques sur sa fille, un nourrisson de 6 mois. La déclarante insiste sur la gravité de la situation et, afin de matérialiser les faits, parvient à nous transférer une vidéo filmée par la maman du nourrisson. Nous y voyons alors un homme, que nous supposons être le papa, donnant le biberon à l’enfant en lui tenant la tête, ce dernier étant sanglé à sa chaise haute.

Nous sentons le papa gagné par un certain agacement, puis nous constatons la brutalité de l’acte, c’est-à-dire une puissante gifle infligée à l’enfant, allant jusqu’à faire vaciller la chaise haute.

Forts de ces éléments matériels et de la gravité des faits qui se seraient déroulés quelques heures auparavant (vers 12 heures), j’ordonne que le centre opérationnel de la gendarmerie du département concerné soit immédiatement alerté afin de déclencher une intervention.

Un opérateur de la Brigade numérique

© Ministère de l'Intérieur - J.Rocha

De telles violences perpétrées sur un nourrisson nous laissent suspecter des violences commises également sur la maman. Notre expertise et l’analyse des situations permettent d’établir que parfois les gendarmes qui interviennent à notre demande sont confrontés sur les lieux à la présence à la fois de la victime et de la personne violente. Ceci a pour effet d’enfermer la victime dans un mutisme par crainte d’une réaction. C’est pourquoi j’ai demandé que la vidéo soit adressée directement à l’équipe intervenante, afin qu’ils aient une parfaite maîtrise des faits. Cette dernière démarche a été déterminante dans la conduite de l’action des gendarmes sur place. Le papa du nourrisson a été interpellé, il est également l’auteur de violences physiques sur sa compagne.

Notre objectif a été atteint ! Le nourrisson a été hospitalisé, mais il va bien désormais et il fait l’objet d’une mesure de protection. Les violences au sein du couple ont pu cesser. La maman n’a pas déposé plainte. Une information judiciaire est ouverte et l’auteur devra répondre prochainement de ces faits devant la justice. »

Porte-drapeau de la gendarmerie nationale

La BNUM est un acteur incontournable de l’action de la gendarmerie dans le cyberespace. Ainsi, elle se devait d’être représentée au sein du bloc CyberGend, défilant sur les Champs-Élysées. Et ce jeudi 14 juillet, le lieutenant Sébastien Possemé a occupé une place de choix ! Il était en effet le porte-drapeau de la gendarmerie nationale. « Défiler sur les Champs-Élysées est déjà en soi une immense fierté. Cet événement nous positionne en tant que soldats de la loi, au côté des autres armées. Mais l’émotion est d’autant plus grande que j’ai porté les couleurs de la gendarmerie. C’est un privilège de vivre une telle expérience, j’en ai pleinement conscience. »

Le lieutenant Sébastien Possemé descendant les Champs-Elysées

© SIRPA - GAV T.Doublet

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