Mois de l’innovation - SGATI : plus qu’un traceur, un véritable objet connecté

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 07 novembre 2022
L'adjudant Stéphane, inventeur du SGATI, lors de l'exposition des innovateurs de la Défense.
© D.R.

Depuis 1992, le prix de l’Audace distingue, tous les deux ans, des personnels parmi les plus innovateurs et audacieux du ministère des Armées et de la gendarmerie nationale. Cette année, une quarantaine d’inventeurs, dont trois issus de la gendarmerie, ont présenté leurs projets, à l’instar du SGATI, un traceur de localisation hybride et autonome embarquant une variété de technologies basse consommation.

Ils concouraient dans la catégorie « engagement » et exposaient leur projet respectif dans les jardins du ministère des Armées, à Balard. Le 12 octobre dernier, trois uniformes bleus se sont mêlés aux kakis pour valoriser leurs créations. Parmi elles, se trouvait notamment PHIDIAS, un programme visant à donner accès à la modélisation 3D à tous les gendarmes.

Mais PHIDIAS ne constituait pas le seul projet à être nominé pour le prix de l’Audace. Dans sa catégorie, « l’engagement », participait également un petit boîtier noir, beaucoup plus discret, et pour cause. L’innovation en question est destinée aux très discrètes unités d’observation et de surveillance de la gendarmerie, comme les GOS (Groupes d’Observation et de Surveillance) ou la FOR (Force Observation Recherche) du GIGN.      

Son nom : SGATI. Sa fonction : assurer le suivi non consenti des personnes, objets ou véhicules. En clair, il s’agit d’un système de géolocalisation utilisé par les forces de l’ordre pour déterminer l’emplacement d’une cible. Il prend la forme d’un petit boîtier, pas plus gros qu’une souris d’ordinateur, qui est apposé sur l’objet que l’on souhaite suivre. Une technologie mise en œuvre depuis plusieurs années, notamment par les traqueurs de la FOR.

Problème, les boîtiers utilisés actuellement sont très gourmands en énergie, mono-usage et impossible à mettre à jour sans effectuer des manipulations techniques. SGATI tend à résoudre toutes ces problématiques, comme l’explique son créateur, l’adjudant Stéphane : « Dès le départ, ce projet n’a pas été conceptualisé comme un traqueur, mais comme un objet connecté. » Il est ainsi capable de faire remonter d’autres données que la géolocalisation, comme les conditions environnementales.

SGATI ne se limite donc pas à une seule fonction et peut, par conséquent, avoir d’autres applications que le suivi d’une cible. « On peut très bien s’en servir pour faire du suivi d’armement, de matériels sensibles, de manière à vérifier que les conditions hygrométriques ou de transport ont bien été respectées. » Cette pluralité d’usage, à l’instar des smartphones, devrait normalement épuiser la batterie du boîtier plus rapidement. Là encore, le sous-officier a trouvé non pas une, mais plusieurs solutions.

Une endurance à toute épreuve

« Les opérations de calcul de positionnement sont externalisées, afin de réduire la consommation, mais aussi de sécuriser les données. » Pour leur transmission, SGATI passe par les réseaux IOT (internet des objets). Il s’agit d’une extension du réseau 4G qui vient compléter le marché des technologies LPWA (Low Power Wide Area), c’est-à-dire basse consommation et longue portée. En clair, cela permet la transmission de données en intérieur, en sous-sol et en extérieur, sur une grande largeur spectrale.

SGATI fonctionne également et bien évidemment comme un GPS classique, en se basant sur le signal GNSS (Système de positionnement par satellites). En cas de perte de ce signal, le boîtier peut alors passer sur le réseau WIFI : « On va localiser sur des bornes environnantes et déterminer, avec un serveur déporté, la localisation de l’objet. » En clair, cela permet la transmission de données en intérieur, en sous-sol et en extérieur, sur une grande largeur spectrale.

Cette conception en tant qu’objet connecté favorise par ailleurs la mise à jour à distance. « On va pouvoir faire évoluer le même matériel, logiciellement parlant, sans le changer, un peu comme nos smartphones. Ça évite de remplacer la carte mère à chaque fois que l’on veut mettre à jour le boîtier. »

Toutes ces innovations dans la conception du produit offrent aux traqueurs un nouvel avantage non-négligeable : une augmentation drastique de l'autonomie. L'endurance de SGATI permet ainsi de suivre une cible ou un objet durant plusieurs jours, voire même plusieurs semaines, sans changer de boîtier une fois la batterie épuisée. 

À noter :

À l’heure des économies d’énergie, cette solution paraît plus que prometteuse pour équiper les unités d’observation et de surveillance de la gendarmerie. D’autant que les traqueurs, celles et ceux qui utilisent ce dispositif, sont employés sur toutes les missions de renseignement. Cette méthode permet de déterminer les habitudes de la cible, où elle se trouve en journée, ce qu’elle fait la nuit, etc. Une condition sine qua non pour connaître les points de chute d’une « target », avant de l’interpeller.

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