Sports d’hiver : les conseils des gendarmes du PGHM pour passer des vacances en montagne en toute sécurité

  • Par la rédaction du site Gendinfo
  • Publié le 07 janvier 2022
© F. Balsamo

Pour que la montagne reste un terrain de jeu sûr pour tous, il y a plusieurs bons réflexes à avoir en tête et quelques règles à respecter. Pour les connaître et mieux comprendre les phénomènes montagneux du moment, nous avons rencontré le commandant du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Briançon.

À la Foux d’Allos, dans les Alpes-de-Haute-Provence, le 28 décembre, au col du Lautaret, dans les Hautes-Alpes, le même jour, ainsi qu’en Savoie, à Bonneval-sur-Arc, le 30 décembre. En ce début de saison, des avalanches se déclenchent un peu partout dans les différents massifs français. Des avalanches, mais aussi des éboulements, comme celui du 1er janvier 2022, à Saint-Gervais, en Savoie. Malgré ces phénomènes naturels, des milliers de Français et de touristes étrangers retrouvent cette année les joies de la montagne et de la glisse après une saison précédente en berne. Rencontre avec le commandant du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Briançon.

Ces derniers jours, et plus particulièrement au moment du réveillon, plusieurs accidents ont eu lieu à cause d’avalanches ou d'éboulements, à quoi cela est-il dû ?

Nous avons eu des conditions météo qui ont créé une certaine inquiétude en termes de nivologie (étude de la neige et des avalanches). Cela est dû à un phénomène de chutes de neige assez conséquent fin décembre, au début de la semaine du Nouvel an, puis, à la limite pluie neige qui est remontée progressivement jusqu’à arriver très haut. Il a plu jusqu’à quasiment 3 000 m d’altitude et cela a alourdi sévèrement le manteau neigeux, provoquant ce qu’on appelle des avalanches de neige lourde. C’était le risque le plus important avec ce redoux qui s’est établi pour quelques jours et avec l’ISO 0°C, (le niveau 0 de la température) qui est remontée à quasiment 4 000 m. Après, le redoux en période de Noël, avec la mise en place d’un anticyclone, c’est quand même quelque chose d’assez fréquent.

En dehors des avalanches, est-ce que la hausse des températures peut générer d’autres risques ?

Le redoux et la pluie ont grandement tassé le manteau neigeux et, par endroits, notamment sur les versants ensoleillés, le niveau de la neige a nettement diminué, avec le risque d’avoir des cailloux ou des roches qui affleurent. C’est pour ça que l’on conseille fortement de porter un casque, même quand on part en ski de randonnée, parce que les cailloux ne sont jamais bien loin en ce moment, en tout cas pour ce qui concerne le département des Hautes-Alpes.

De manière générale, quels sont les conseils à suivre pour profiter de la montagne en toute sécurité ?

Pour commencer par le ski de piste, il faut respecter les 10 règles du skieur, comme les règles de priorité, toujours maîtriser sa trajectoire et sa vitesse et, bien sûr, nous recommandons également de porter un casque sur les pistes quand on skie.

Pour les randonneurs, que ce soit à ski ou à pied, la première règle de sécurité concerne le matériel et l’emport systématique de ce qu’on appelle le triptyque de sécurité. Il est composé d’un Détecteur de victimes d’avalanches (DVA), d’une pelle et d’une sonde. Ce sont les outils qui vont permettre l’auto-sauvetage, c'est-à-dire le sauvetage au sein d’un groupe si quelqu’un devait être pris dans une avalanche. C’est vraiment primordial de partir en randonnée avec ce matériel. On peut ajouter le sac airbag, un sac spécifique qui permet de « flotter » au-dessus de l’avalanche et qui a montré des résultats assez probants depuis quelques années.

Et puis, le conseil le plus important, c’est de bien choisir son itinéraire et de bien évaluer les conditions météo et les conditions du terrain. C'est-à-dire choisir un itinéraire adapté au niveau de tous les participants du groupe, à la fois en distance, en dénivelé, en conditions de neige et en conditions météo. J’engage aussi les pratiquants à ne pas hésiter à se rapprocher des professionnels de la montagne, des guides, des moniteurs de ski et des accompagnants de montagne, en fonction de l’activité qu’ils veulent pratiquer, pour être encadrés et découvrir l’activité en toute sécurité dans un premier temps.

Y a-t-il des signes visibles qui doivent alerter les randonneurs ou les skieurs lorsqu’ils se promènent ?

La première chose qu’il faut prendre en compte, c’est d’abord la lecture du bulletin d’estimation du risque d’avalanche, publié chaque jour par Météo France et qui vient donner des précisions sur les secteurs assez spécifiques. Le risque d’avalanche y est évalué sur une échelle de 1 à 5, avec un littéral qui explique les principaux risques sur le massif concerné en fonction des orientations. Ça donne déjà de bonnes indications sur la stabilisation du manteau neigeux. Après, il y a aussi l’analyse du terrain. Là, on a en effet des signes, comme la présence de restes d’avalanche ou de traces d’avalanches récemment parties. On a aussi ce que l’on appelle des « Wouf ». C’est le bruit qui se produit lorsque l’on progresse et que le manteau neigeux s’affaisse d’un coup. Ça montre une certaine fragilité. Mais ce qui est le plus important, c’est le matériel et la bonne connaissance du terrain, et surtout de savoir renoncer à temps. C’est-à-dire qu’en montagne, notamment quand on est en randonnée à ski ou à pied, il faut vraiment toujours avoir à l’esprit la capacité qu’on a à faire demi-tour. Il faut l’évaluer régulièrement, afin de ne pas se retrouver trop loin ou en incapacité de redescendre par ses propres moyens, soit parce qu’on est épuisé, soit parce que le terrain est devenu trop technique. Ça, c’est vraiment important : garder cette petite marge de manœuvre qui va permettre de rentrer en sécurité.

Si en dépit du respect scrupuleux de ces bons conseils, on se retrouve pris dans une avalanche, que faire pour tenter de s’en sortir ?

Il y a effectivement des réflexes qui peuvent vous sauver, mais cela va dépendre du type d’avalanche, si elle est formée de neige lourde, très lente, ou de neige plus virulente, qui va arriver très vite. Le premier réflexe à avoir, c’est surtout d'essayer de s’échapper avant d’être pris dedans. C’est-à-dire que si on la voit partir au dessus, il faut essayer de sortir du tracé de sa coulée. C’est aussi valable si on est sur une avalanche de plaques avec un pan de neige qui va se décrocher. Il faut essayer de skier rapidement en dehors de cette avalanche en partant sur les côtés et non vers le bas. Ça, c’est vraiment le premier conseil.

Le deuxième, c’est de déclencher son système d’airbag si on dispose de l’équipement. Et puis, ce que l’on dit souvent, c’est qu’il faut essayer de nager dans l’avalanche pour rester en surface.

Enfin, le dernier point, lorsque tout s’arrête et si l’on est enseveli, c’est d’essayer de se dégager de l’espace devant les voies respiratoires, pour essayer de respirer le plus longtemps possible.

Ces prochains jours, les températures vont de nouveau baisser, avec de possibles chutes de neige, cela va-t-il entraîner de nouveaux risques pour les skieurs et les randonneurs ?

Oui, mais on ne sera plus sur le même type de risques de neige. Là, elle est travaillée par le soleil, par les quelques jours de redoux, mais s’il devait y avoir de la neige, on serait plus sur un type de neige fraîche, avec ses propres caractéristiques et ses propres risques. Du coup, il faudra aussi être vigilant sur le secteur et bien lire le BRA (le Bulletin de Risque d’Avalanche) pour connaître à la fois les quantités de neige et les orientations les plus dangereuses, afin de bien choisir son itinéraire.

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