Vols de moteurs de bateaux : la gendarmerie mène la lutte à l’échelle européenne

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 16 janvier 2022

Il s’agit d’un phénomène sériel : les affaires de vols de moteurs de bateaux sur le littoral, comme en eaux intérieures, impliquent plusieurs pays européens et nécessitent donc une coopération internationale. Dans ce contexte, la section de recherches de Bretagne a pris l’initiative d’organiser, avec l’OCLDI, le séminaire Motor Boats Thefts, qui se déroule mardi 18 et mercredi 19 janvier, en distanciel.

Dans l’imaginaire des gens de mer, la menace principale provient des éléments naturels. La mer elle-même quand elle se déchaîne, les vents qui accompagnent ses colères, le rocher sournois qui affleure sous la surface… Entre marins, la mer est plutôt perçue comme un microcosme de solidarité et de secours, où la confiance règne. Mais, qu’ils soient pêcheurs ou plaisanciers, ils sont de plus en plus souvent victimes d’événements extérieurs, malveillants et rien moins que naturels : le vol du moteur de leur bateau.

La Bretagne, avec ses deux mers, ses 1 100 kilomètres de littoral et ses nombreuses îles, est une région évidemment particulièrement impactée par ces faits. « La Section de recherches (S.R.) de Bretagne enquête depuis plusieurs années sur ces vols sériels de moteurs de bateaux, commis soit au mouillage, soit dans des locaux d’hivernage, soit dans les entrepôts des commerces de nautisme, confirme le colonel Florian Manet, commandant de la S.R. Chaque enquête a permis d’identifier des groupes criminels itinérants transnationaux, en provenance des pays de l’Est. Ces phénomènes ne concernent pas uniquement les littoraux, mais aussi les eaux intérieures, fleuves et lacs. »

Le préjudice financier varie en fonction de la taille du moteur, de 4 000 euros pour un moteur 4 chevaux à 30 000 pour un de 300 chevaux. Mais il s’agit aussi d’un préjudice moral, voire affectif, et la gêne occasionnée a également des conséquences économiques dans des villes où l’activité nautique est essentielle.

Un séminaire pour partager informations et expériences

« Dans ces dossiers, la S.R. de Bretagne s’appuie depuis toujours sur des outils de coopération internationale et l’expertise de l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), qui dirige le fonds de sécurité intérieure le fonds de sécurité intérieure SWORD (Struggling against widespread organised property crime at the root and in all its dimensions), poursuit le colonel Manet. D’où l’idée d’organiser un séminaire Motor Boats Thefts, avec Europol, Frontex et les 12 forces de police des États membres de l’Union européenne concernés, ceux qui ont des littoraux, mais aussi ceux enclavés qui sont traversés par ces trafics et ceux qui en sont la destination. »

Le séminaire se déroule les 18 et 19 janvier, non plus à Dinard, comme cela était prévu initialement, mais en visioconférence, en raison du contexte sanitaire. « La S.R. de Bretagne, avec le concours de l’OCLDI, essaye de jouer un rôle de leader dans le cadre de cette coopération, parce que nous la jugeons indispensable à la maîtrise de ces phénomènes sériels. Nous attendons beaucoup de ces échanges d’informations, de ces partages d’expérience, et de leur traduction opérationnelle. Nous avons associé à ce séminaire la S.R. de Nantes, la S.R. de la gendarmerie maritime, le Service central de renseignement criminel (SCRC) et le Commandement de la gendarmerie des voies navigables (CGVN), afin également de mieux structurer l’action de la gendarmerie. »

Une dimension polycriminelle

Le but de cette coopération à l’échelle européenne est donc de démanteler l’entièreté de ces filières criminelles, des voleurs aux commanditaires, en passant par les transporteurs. Et cela porte ses fruits. En juillet 2021, les militaires de la S.R. de Bretagne se sont ainsi rendus en Roumanie pour aider les policiers roumains à interpeller les membres d’une équipe organisée préalablement identifiée par les gendarmes bretons.

Mais si ces moteurs volés sont destinés, pour certains, à la revente, d’autres ont vocation à être utilisés par des trafiquants de stupéfiants ou de migrants sur leurs propres bateaux. « Il y a une dimension polycriminelle dans ces dossiers, reconnaît le commandant de la S.R. de Bretagne. Nous traitons des atteintes aux biens, tout en prévenant d’autres actes criminels qui s’appuient sur des vecteurs maritimes ou fluviaux. C’est tout l’intérêt de ce séminaire, et plus généralement de la coopération : réunir chaque pièce du puzzle, afin d’avoir une image globale et précise de cette criminalité. »

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