Droit au "véto" pour les chiens en gendarmerie

  • Par le capitaine Éric Costa
  • Publié le 19 novembre 2018
Chien pris en charge par l’antenne vétérinaire du Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (Cnicg) à Gramat.
© Sirpa Gend - BRC F. Garcia

Seulement cinq vétérinaires du service de santé des Armées servent exclusivement au sein de la gendarmerie. Parmi eux, la lieutenant-colonel Virginie Andréo, vétérinaire en chef au centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie à Gramat (46). Retour sur ce profil rare dans l’Institution.

Devenir vétérinaire était, pour la lieutenant-colonel (LCL) Virginie Andréo, une évidence qui remonte à sa plus tendre enfance. « Très jeune, en plus d’être cavalière, j’ai possédé plusieurs animaux : rongeurs, tortues, chiens. J’adorais leur apporter toute mon attention. J’étais cependant très frustrée de ne pas pouvoir les soigner davantage en cas de blessure. J’ai rapidement réalisé que ma vocation était de devenir vétérinaire. »

Du milieu civil vers le militaire

En 1998, après deux années d’école préparatoire post-baccalauréat et sa réussite au concours d’admission, la LCL Virginie Andréo intègre donc logiquement l’école nationale vétérinaire de Toulouse.

Bien que passionnée par les animaux, Virginie ne veut pas tomber dans une routine professionnelle. Après une mûre réflexion, l’idée d’intégrer le service de santé des Armées prend forme. « J’avais un intérêt particulier pour l’institution militaire et ses valeurs. Les animaux opérationnels représentent également certaines de ces valeurs, puisqu’ils sauvent des vies au même titre que leurs maîtres. En plus de cela, je savais que le monde militaire me ferait voir du pays, en France, par les mutations dans différentes régions tout au long de la carrière, et à l’étranger, grâce à la possibilité de projection en Opérations extérieures (Opex). »

Ce désir d’intégrer les Armées ne change rien à sa formation. En effet, le nombre de vétérinaires étant assez faible dans les Armées, il n’existe aucune école vétérinaire militaire.

Après avoir réussi le concours d’intégration dans les Armées lors de sa quatrième et avant dernière année d’études, l’étudiante vétérinaire Andréo termine donc sa formation dans la même école mais avec, désormais, un statut militaire.

Elle obtient sa thèse en octobre 2003, avant d’intégrer, le mois suivant, l’école d’application du service de santé des Armées du Val-de-Grâce.

Enrichir son expérience

À partir de là, les affectations vont s’enchaîner : tout d’abord au secteur vétérinaire de Châlons-en-Champagne, de 2004 à 2006, puis à celui de Toulouse, de 2006 à 2011. « Durant mes deux premières affectations, j’ai eu une activité pluridisciplinaire, précise la LCL. Je m’occupais de chiens, de chevaux, et même de faucons, mais également du contrôle vétérinaire pour la restauration collective ou de l’expertise des réseaux d’eau. »

Lieutenant colonel Virginie Andréo procédant au contrôle de l’appareil visuel d’un chien présenté à la commission d’achat au Cnicg à Gramat.

© Sirpa Gend - BRC F. Garcia

Sa passion première étant le milieu canin, en 2011, elle rejoint le 132e bataillon cynophile de l’armée de Terre à Suippes (51). « J’ai beaucoup apprécié cette affectation. Nous étions quatre vétérinaires totalement dédiés au soutien d’environ quatre cents chiens. Cerise sur le gâteau : ces affectations m’ont permis d’effectuer quelques missions de trois à quatre mois en Opex, sur des théâtres comme le Kosovo, le Tchad, la Côte d’Ivoire, l’Afghanistan ou le Mali. »

Changement d’Arme

À l’approche d’août 2017, une nouvelle mutation guette la vétérinaire. Désirant rester dans une pratique exclusive de la médecine canine, la seule autre affectation possible est le Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (Cnicg), à Gramat (46). « Lors de mes précédentes affectations, j’ai eu l’occasion de soutenir des chiens d’unités géographiquement proches, quelle que soit leur Arme d’appartenance. En choisissant Gramat, je rejoignais un milieu cynophile qui ne m’était pas totalement inconnu. »

Diverses missions

Le Cnicg étant une plus petite structure, la vétérinaire est impliquée dans plusieurs domaines, autres que les soins, avec notamment un rôle de conseiller du commandement au niveau de l’infrastructure et du fonctionnement des chenils.

Une des missions essentielles du vétérinaire en chef reste malgré tout la réalisation des visites d’expertise de l’aptitude médicale des chiens proposés à l’achat au Cnicg. Ces visites, environ 200 par an, permettent notamment de vérifier qu’il n’y a pas d’anomalie au niveau des fonctions cardiaques, visuelles et locomotrices des animaux présentés. À l’issue de la visite, le vétérinaire émet un avis, favorable ou non, à l’incorporation du chien dans les effectifs de la gendarmerie.

Les chiens qui seront retenus pour la formation au Cnicg de Gramat subissent une visite d’aptitude médicale drastique. Leurs appareils locomoteurs font l’objet d’un contrôle par radiographie, en particulier au niveau des hanches.

© Sirpa Gend - BRC F. Garcia

La décision finale d’achat revient au chef du centre, qui s’appuie également sur un avis technique délivré par un dresseur-instructeur. Seuls vingt pour cent des chiens présentés sont retenus.

Ils ont, en général, entre dix et vingt-quatre mois. « Si nous les prenons plus jeunes, les examens radiographiques réalisés sont moins fiables, en particulier pour les hanches. En revanche, si nous les prenons plus âgés, en tenant compte du fait qu’ils sont réformés vers huit ans, la durée de leur activité opérationnelle serait trop courte », explique la lieutenant-colonel.

D’indispensables renforts

En plus de ces visites d’aptitude, la LCL Andréo, seule vétérinaire d’active à Gramat, est très sollicitée par le soutien sanitaire de la centaine de chiens affectés au centre. « Nous sommes équipés pour parer à quatre-vingt-quinze pour cent des analyses et des interventions chirurgicales. En cas de chirurgie osseuse ou thoracique, nécessitant des équipements spécifiques dont nous ne disposons pas au Cnicg, nous avons la possibilité de référer les chiens à Suippes ou dans le secteur civil », précise la vétérinaire en chef.

Lieutenant-colonel Andréo, assistée par son auxiliaire vétérinaire, procède à une ovariectomie afin de stériliser une chienne.

© Sirpa Gend - BRC F. Garcia

Outre la présence quotidienne à ses côtés d’une auxiliaire spécialisée vétérinaire, la LCL peut bénéficier de l’appui de deux vétérinaires réservistes affectés au 26e Groupe vétérinaire (G.V.), l’un venant de Bordeaux et l’autre de Toulouse. Un troisième, affecté au 541e G.V. de Toulouse, peut également intervenir en cas d’indisponibilité des deux autres. Ces renforts sont indispensables pour la suppléer en cas d’absence ou pour l’assister dans ses diverses missions.

Les vétérinaires sont effectivement une denrée rare en gendarmerie, puisque seulement cinq y sont affectés dont quatre pour la seule garde républicaine.

Nouvelle mobilité interarme

À 40 ans, la LCL Andréo est aujourd’hui ravie de servir au sein de la gendarmerie. Cependant, les missions réalisées en Opex ont laissé de très bons souvenirs, voire une certaine nostalgie. Or, la présence actuelle d’un seul vétérinaire d’active au sein du 26e G.V. ne permet pas d’envisager une projection de plusieurs mois en opération extérieure. Une situation qui, si elle n’évolue pas, devrait, d’ici cinq ou six ans, pousser la vétérinaire en chef à choisir une mutation dans un groupe vétérinaire armé de plusieurs vétérinaires d’active permettant ainsi les projections.

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