Salon : le flair du Gic au service des unités des Bouches-du-Rhône

  • Par la capitaine Céline Morin
  • Publié le 19 novembre 2018
Le Gic de Salon ne manque pas de missions, particulièrement dans le domaine judiciaire. L’an dernier, l’unité a effectué 223 interventions dans le cadre de recherche de matières (stupéfiants, billet, armes et munitions).
© Sirpa Gend - MAJ Fabrice Balsamo

La gendarmerie compte quarante Groupes d'investigation cynophile (Gic), dont cinq en région Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Regroupant tous les maîtres de chien des Bouches-du-Rhône, celui de Salon-de-Provence offre aux unités territoriales et de recherches du département, et au-delà, quasiment tout le panel des spécialités cynotechniques présentes en gendarmerie. Piste, défense, recherche de stupéfiants, de billets, d'armes, de munitions, d'explosifs, de produits accélérateurs d'incendie : la plus-value des équipes cynophiles est indéniable.

Implanté sur la base aérienne 701 depuis sa création, en 2009, le Gic de Salon-de-Provence bénéficie d’infrastructures fonctionnelles, mises à sa disposition par l'armée de l'Air, après le démantèlement de l'escadron de protection de la base.

Composée à ses débuts de quatre personnels et trois chiens, l'unité cynophile regroupe, depuis 2016, à l'initiative du commandant de groupement, tous les maîtres de chien du département. Aujourd'hui, elle compte donc cinq sous-officiers maîtres de chien, dont deux anciens instructeurs, un gendarme adjoint volontaire suppléant et onze chiens. Un effectif prochainement renforcé au 1er août avec l’arrivée de deux nouveaux binômes cynophiles.

  • Le Gic apporte régulièrement son appui à la BTA de Carry-le-Rouet, à l’instar du Psig d’Istres, de la B.Mo. de Saint-Chamas et de la police municipale, lors d'opérations coordonnées de contrôle de flux à l'entrée des calanques. Les recherches de stupéfiants y sont généralement fructueuses.

    © Sirpa Gend - MAJ
  • Le Gic apporte régulièrement son appui à la BTA de Carry-le-Rouet, à l’instar du Psig d’Istres, de la B.Mo. de Saint-Chamas et de la police municipale, lors d'opérations coordonnées de contrôle de flux à l'entrée des calanques. Les recherches de stupéfiants y sont généralement fructueuses.

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Deux chiens par maître et des technicités en plus

« Les Gic offrent l’avantage d’autoriser chaque militaire à posséder deux chiens, et donc à cumuler les technicités, d’autant que la plupart des chiens, hormis quelques spécialités qui doivent rester uniques, sont formés dans plusieurs disciplines. Cela nous permet, non seulement de pouvoir apporter notre appui aux unités de terrain dans un plus large éventail de missions, mais aussi de toujours avoir, ou presque, un chien de permanence dans la spécialité requise, explique l'adjudant Patrick Casse, commandant le Gic de Salon.

Son unité rassemble ainsi toutes les compétences cynotechniques présentes en gendarmerie, à l'exception de la recherche de restes humains, uniquement détenue par le Centre national d'investigation cynophile de la gendarmerie (CNICG), à Gramat, et de la recherche sur avalanche, logiquement réservée aux unités montagne.

« C'est vraiment ce qui fait notre force. Plus on possède de spécialités, plus nous sommes en mesure de répondre aux besoins opérationnels, insiste cet ancien instructeur, actuellement en possession d’un chien de recherche stupéfiants-billets et d’un autre spécialisé en piste-défense. C'est d'ailleurs son rôle, en qualité de conseiller technique cynophile de la région, d’informer les unités sur les savoir-faire du Gic et l’appui qu’il est en mesure de leur fournir.

Le flair de ces chiens, tous des malinois, à l’exception d’un berger allemand, peut apporter une plus value indéniable sur le terrain, dans le cadre de la recherche de personnes disparues, d'armes, de munitions, de stupéfiants, de billets, d'explosifs dans les bâtiments, les véhicules et sur les personnes en mouvement (Rexpemo), ou encore de produits accélérateurs d'incendie (RPAI). Les chiens piste, également formés défense, sont aussi utilisés pour la recherche de malfaiteurs en fuite ou la sécurisation de dispositifs.

Des contrôles d’identité, couplés à la recherche de stupéfiants, sont régulièrement conduits, sur réquisition, en gare de Gardanne, par la BTA, avec l’appui du Psig d’Aix-en-Provence, du Gic de Salon et de la police municipale. Pour le commandant de la BTA, quel que soit le résultat, l’objectif est avant tout d’être présents sur le terrain.

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Une compétence départementale… et même au-delà

Rattaché administrativement à la compagnie de Salon-de-Provence, le Gic est placé sous le commandement opérationnel du groupement de gendarmerie départementale des Bouches-du-Rhône (GGD 13). Activée par le centre d’opérations et de renseignement de gendarmerie, l’unité intervient ainsi au profit des unités de tout le département… Et même au-delà… En effet, les six départements de la région Paca travaillant en binômage, les équipes cynophiles de Salon apportent régulièrement leur appui à leurs homologues du Vaucluse et inversement. En cas de nécessité opérationnelle, notamment pour des spécialités rares comme la Rexpemo et la RPAI, elles peuvent également être amenées à se projeter sur le territoire régional, voire national. La chienne Ida est, par exemple, la seule à détenir la technicité RPAI dans le quart sud-est du pays.

Opération judiciaire à Marseille.

© Sirpa Gend - MAJ Fabrice Balsamo

Une majorité de missions judiciaires

Le Gic de Salon est l’un des plus importants de France en termes d’effectif comme en termes d’activité, notamment dans le domaine judiciaire. Il faut dire que dans les Bouches-du-Rhône, les missions ne manquent pas. Le Gic de Salon en a effectué 449 l’an dernier, parmi lesquelles 223 interventions dans le cadre de recherches de matières, qui ont donné lieu à 286 découvertes, dont près de 10 kg de cannabis, une quantité identique de cocaïne, 130 495 euros, 31 armes ou encore 7 849 munitions… Les équipes cynophiles ont par ailleurs été à l'origine directe de 75 interpellations.

Le Gic 13 a également été engagé sur 68 recherches de personnes pour 19 résultats positifs et 51 renforts en chien défense, aboutissant notamment à l'interpellation de l'auteur d'un cambriolage.

Le MDC Vergine et sa chienne Ida, spécialisée en recherche de produits accélérateurs d'incendie, en intervention sur les lieux de l'incendie d'une grange.

© GGD 13

Une équipe formée pour travailler sur les lieux d'incendie

L'équipe RPAI, formée par le maréchal des logis-chef Pierre Vergine, référent national, et la chienne Ida, est quant à elle intervenue 71 fois en 2017, tant sur des incendies de bâtiments que sur des feux de forêt, enregistrant 34 résultats positifs.

« La plus-value de cette spécialité, mise en œuvre en gendarmerie depuis 2010, est progressivement reconnue. La formation Vulcain nous permet, dans un premier temps, de délimiter un secteur probable de départ de feu. Puis, l'engagement du chien permet de confirmer, beaucoup plus rapidement que tout détecteur, l'emploi d'un produit accélérateur d'incendie et de déterminer le point de déclenchement, souligne le chef Vergine. Et de relater l’interpellation de l'auteur d'un incendie en Auvergne, notamment confondu grâce à une recherche de produits sur ses vêtements : « L’homme a avoué lorsque la chienne a marqué ses vêtements ».

La gendarmerie compte dix chiens RPAI. En 2017, le MDC Vergine et sa chienne Ida ont été sollicités à 71 reprises pour intervenir sur des incendies de bâtiments et des feux de forêt.

Recherche d’explosifs : une mission en expansion

Depuis l'arrivée de la MDC Cathy You, précédemment affectée au peloton de sûreté maritime et portuaire de Port-de-Bouc, le Gic de Salon est également de plus en plus sollicité pour effectuer des recherches d'explosifs. La militaire et son chien Oslo ont notamment été activés pour sécuriser le périmètre de la gare Saint-Charles, à Marseille, après l’attaque terroriste au couteau perpétrée le 1er octobre 2017. Elle totalise déjà 21 missions dans ce domaine depuis le début de l’année, notamment lors de la venue du fils de Donald Trump en France ou du Grand prix de France de formule 1 au Castellet (Rexpemo). Elle a également été engagée pendant la dernière semaine du Tour de France pour sécuriser le départ et l’arrivée de chaque étape. « L'emploi du chien Rexpemo n'empêchera pas le terroriste de se faire exploser, mais en le détectant en amont, on pourra l'empêcher d'aller au contact d’une plus grande foule, et donc limiter le nombre de victimes potentielles », explique la maître de chien.

Enfin, les équipes cynophiles gendarmerie sont ponctuellement amenées à prêter main-forte à la police nationale lors des opérations de fouille conduites dans les parloirs de la prison des Baumettes ou encore dans certains quartiers de la cité phocéenne, dans le domaine des stupéfiants, des armes et munitions, et enfin des billets.

  • Depuis le début de l'année, la MDC Cathy You et son chien Oslo totalisent déjà 21 missions de recherche d'explosifs. Lors du Grand Prix de France de formule 1, au Castellet, du 22 au 24 juin dernier, l'équipe cynophile étaient engagée en Rexpemo.

    © Sirpa Gend - MAJ Fabrice Balsamo
  • Depuis les attentats de 2015, les sollicitations pour les recherches d’explosifs sont en forte augmentation. D’ici fin 2018, le Gic de Salon comptera trois chiens Rexpemo.

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  • Depuis le début de l'année, la MDC Cathy You et son chien Oslo totalisent déjà 21 missions de recherche d'explosifs. Lors du Grand Prix de France de formule 1, au Castellet, du 22 au 24 juin dernier, l'équipe cynophile étaient engagée en Rexpemo.

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  • Depuis les attentats de 2015, les sollicitations pour les recherches d’explosifs sont en forte augmentation. D’ici fin 2018, le Gic de Salon comptera trois chiens Rexpemo.

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Au rythme des interventions…

Il n’y a pas vraiment de journée type dans un Gic, où le quotidien est rythmé par les interventions.

La plupart des missions d'appui judiciaire, lors de perquisitions ou de contrôle de flux, et de sécurisation de site sont généralement planifiées à l'avance. Mais elles peuvent aussi être déclenchées très rapidement comme une perquisition matinale à la suite d'une interpellation nocturne, une interpellation en flagrant délit sur renseignement, etc. En revanche, les recherches de personne et les départs d’incendie relèvent toujours de l'imprévu et nécessitent une permanence continue.

Il y a trois niveaux d'entraînement : des exercices de recherche permettant de revoir les bases, aux scénarios les plus élaborés mettant également le maître à l’épreuve, car « le chien est un nez au service d'un maître. Nous sommes là pour les guider et réfléchir pour eux. C'est une équipe, souligne le commandant du Gic. On doit entraîner le chien à travailler en tous lieux et toutes circonstances ».

© Sirpa Gend - MAJ Fabrice Balsamo

« Notre activité dépend du missionnel. Il y a des moments plus calmes, que l'on consacre à l'entraînement des chiens, et d'autres où les missions s'enchaînent. Le fait de doubler les chiens et de cumuler les spécialités nous permet d’avoir quasiment toujours quelqu'un de disponible. Quand on a besoin de nous, nous sommes présents. Apporter ce plus au terrain avec nos chiens, c'est notre raison d'être, répète l’ADJ Casse. Il faut toujours être en mesure de pouvoir répondre à l'imprévu, particulièrement si nous sommes sollicités pour la recherche d’une personne dont la vie peut être en jeu. ». En dans ce genre de situations, qu’ils soient en repos, et parfois même en permission, ces militaires n’hésitent pas à reprendre du service pour sauver une vie humaine.

« La recherche de personne est la discipline qui demande le plus d'entraînement, le plus de permanence, et c’est aussi la plus difficile, car le chien travaille sur une odeur qui n'est pas mémorisée et bien souvent dans des conditions difficiles. Mais le pistage est beaucoup plus fort en émotions que toutes les autres spécialités. Évidemment, on est toujours satisfait de découvrir des stupéfiants, des billets ou autre, mais sauver une vie, c'est autre chose. Il n'y a pas beaucoup de métiers où l'on peut ressentir cette joie du travail accompli. Toutes ces interventions, on les garde en mémoire », confie l'adjudant Casse qui, avec Vulcain, son précédent chien piste-défense, a sauvé cinq personnes.

« La recherche de personne est la discipline qui demande le plus d'entraînement, le plus de permanence, et c’est aussi la plus difficile, car le chien travaille sur une odeur qui n'est pas mémorisée et bien souvent dans des conditions difficiles. Mais le pistage est beaucoup plus fort en émotions que toutes les autres spécialités", confie l'adjudant Casse.

© Sirpa Gend - MAJ Fabrice Balsamo

Et des soins quotidiens

Un chien n'est ni un ordinateur que l'on éteint avant de rentrer chez soi, ni une arme que l'on dépose dans l'armoire forte. Il nécessite des soins quotidiens et beaucoup d'attentions, que leur prodiguent de bon gré les militaires du Gic : balade et nettoyage des box matin et soir, distribution des repas midi et soir, désinfection des infrastructures une fois par semaine. Les militaires présents prennent en charge les chiens des absents, même si très souvent ces derniers reviennent sur leur temps de repos ou de permissions s'occuper de leurs compagnons et les entraîner. Car c'est bien plus qu'une relation de travail qui unit ces binômes, ainsi que le souligne en conclusion le commandant du Gic : « Les chiens appartiennent à la gendarmerie, mais les sentiments appartiennent au maître de chien. Sans ça, on ne peut pas faire ce métier ».

  • Outre l'opérationnel et l'entraînement, le quotidien des militaires d’un Gic comprend aussi les soins apportés aux chiens (promenade, repas…) et le nettoyage des chenils.

    © Sirpa Gend - MAJ Fabrice Balsamo
  • Outre l'opérationnel et l'entraînement, le quotidien des militaires d’un Gic comprend aussi les soins apportés aux chiens (promenade, repas…) et le nettoyage des chenils.

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