24 heures avec la section de recherches de Nancy

  • Par Angélina Gagneraud
  • Publié le 15 octobre 2016
Des perquisitions ont lieu dans l’appartement, les véhicules, la cave et la boutique d’un individu en lien avec les interpellés de l’été. Les gendarmes de la S.R. fouillent chaque recoin.
© Sirpa Gend - MAJ F. BALSAMO

Les enquêteurs des S.R. traitent des affaires de police judiciaire sur le haut du spectre : homicides, trafics de stupéfiants internationaux, phénomènes de raids, etc. Suivez-les 24 heures.

Lorsqu’ils sont affectés ou détachés en S.R., les Officiers de police judiciaire (OPJ) œuvrent dans l’ombre, travaillent en civil, montent des surveillances discrètes… Ils traitent une délinquance sensible, le haut du spectre des affaires judiciaires : criminalité organisée et délinquance financière pour la division atteintes aux biens, homicides et lourds trafics de stupéfiants pour celle des atteintes aux personnes.

La dernière belle affaire en date ? Pas moins de 844 kg de cannabis saisis dans un box cet été, après l’appel d’un individu à la brigade. En cette journée de mi-septembre, vers 9 heures, les perquisitions et auditions se poursuivent dans le cadre de ce dossier débuté le 31 juillet 2016.

Quelle surprise, en ce week-end d’été, pour les militaires de la brigade territoriale autonome de Neuves-Maisons, lorsqu’ils se trouvent face à un stock aussi important de résine de cannabis. Du jamais vu pour cette unité ! En moins d’une heure, c’est toute la chaîne gendarmerie qui se met en action. La permanence de la S.R. est activée et en quelques minutes les enquêteurs affluent. À son arrivée, la section de recherches prend la direction d’enquête. Ce dimanche-là, près d’une trentaine d’enquêteurs sont présents, toutes unités de recherches confondues.

« C’est la magie de notre métier, s’enthousiasme le lieutenant-colonel (LCL) Franck Chaix, commandant la S.R. de Nancy. Une section de recherches est une unité de passionnés. Et ses enquêteurs se rendent toujours très disponibles. » Les militaires de la S.R effectuent alors le traitement des écoutes téléphoniques en temps réel. Ils soupçonnent l’organisation d’une séquestration le soir même… En début de soirée, les trois individus sont interpellés en milieu ouvert, avec le concours des Groupes d’observation et de surveillance (Gos) de Dijon et de Metz.

« La gendarmerie possède cette capacité unique de monter en puissance, reprend l’officier. En S.R., nous sommes habitués à réaliser des investigations poussées, rapidement. De plus, nous avons un engagement proportionné et nous pouvons gérer des renforts complémentaires comme l’appui des Gos ou des antennes GIGN. »

  • Le traitement des écoutes et des surveillances techniques est un travail long et laborieux qui occupe les enquêteurs de S.R. au quotidien.

  • Des perquisitions ont lieu dans l’appartement, les véhicules, la cave et la boutique d’un individu en lien avec les interpellés de l’été. Les gendarmes de la S.R. fouillent chaque recoin.

  • Les enquêteurs des différents services priorisent les dossiers. Les OPJ de la S.R. demandent le soutien de la B.T. pour des planches photos, des identifications, des immatriculations.

  • Grâce au véhicule discret, surnommé « soum », les gendarmes de la S.R. observent les suspects une partie de la nuit.

  • Les TIC décrivent à l’expert incendie la scène lors de leur arrivée sur les lieux ainsi que les investigations menées. Tous travaillent en transparence pour tenter de reconstituer les faits.

  • Le traitement des écoutes et des surveillances techniques est un travail long et laborieux qui occupe les enquêteurs de S.R. au quotidien.

  • Des perquisitions ont lieu dans l’appartement, les véhicules, la cave et la boutique d’un individu en lien avec les interpellés de l’été. Les gendarmes de la S.R. fouillent chaque recoin.

  • Les enquêteurs des différents services priorisent les dossiers. Les OPJ de la S.R. demandent le soutien de la B.T. pour des planches photos, des identifications, des immatriculations.

  • Grâce au véhicule discret, surnommé « soum », les gendarmes de la S.R. observent les suspects une partie de la nuit.

  • Les TIC décrivent à l’expert incendie la scène lors de leur arrivée sur les lieux ainsi que les investigations menées. Tous travaillent en transparence pour tenter de reconstituer les faits.

Olivier, OPJ de permanence à la brigade en juillet, est désormais détaché à la S.R. Rappelé par le Directeur d’enquête (D.E.), il prend une garde à vue le soir même. « Il est à mon sens essentiel d’associer le premier intervenant tout au long des investigations. La S.R. n’est pas là pour récupérer les dossiers et en retirer tous les lauriers », souligne le commandant de la section de recherches.

L’occasion pour le gradé d’unité territoriale de découvrir une autre façon de traiter les affaires judiciaires, dans le détail et selon des protocoles souvent complexes, notamment pour ce qui concerne les écoutes et les sonorisations mises en place. Les personnels de la S.R. l’ont formé à leurs méthodes. Vers 10 heures, comme à son habitude depuis quelques semaines, Olivier fait un point avec le D.E. concernant la retranscription des écoutes de la veille et récupère celles du jour.

À 14h30, une centaine de kilomètres plus loin, le décor change. Les militaires d’une deuxième cellule d’enquête, cette fois initiée par le groupement, ont rendez-vous avec un expert incendie dans un petit village de Moselle. « La S.R. apporte son concours sur ce dossier, en plus de la B.R. et de la B.T. Nous recherchons ensemble les causes de la mort d’un homme », explique Christelle, chef du groupe homicide à la S.R. Le corps calciné de ce riverain a été retrouvé alors que son domicile était en proie aux flammes au milieu de la nuit.

Depuis deux semaines, deux enquêteurs de la S.R. font près de trois heures de route chaque jour pour rejoindre le lieu des investigations. Les déplacements rythment le quotidien de l’unité. « Plus d’une vingtaine d’auditions ont déjà été réalisées. Associer un gendarme de la circonscription nous est précieux du fait de sa connaissance des riverains, et notamment des familles. Il peut ainsi nous donner des indications pour orienter certaines auditions, commente Christelle. Venant de Nancy, nous n’avons pas la même proximité avec la population qu’un gendarme de brigade, c’est pourquoi nous nous complétons parfaitement sur ce type de dossiers. »

Il est près de 18 heures lorsque Sylvain, chef de groupe de la division atteintes aux biens à la S.R., informe le commandant d’unité de l’avancée de son affaire. Le matin même, des individus ont été interpellés pour des faits de vols de véhicules ainsi que des cambriolages de coffres-forts dans des supermarchés et des bureaux de tabac. Les individus passeront en comparution immédiate le lendemain matin.

« En tant qu’enquêteurs de S.R., nous avons apporté un soutien humain et technique pour faire cesser ces raids qui occupaient beaucoup les unités territoriales. Il s’agissait d’un phénomène sériel qui prenait de l’ampleur, souligne le gradé. Nous avons conseillé les OPJ lors des constatations puis nous les avons déchargés de la téléphonie, des filatures et des surveillances. » Pas le temps de poursuivre la conversation, un appel interrompt le commandant de la S.R. qui s’isole. Une opération sensible pourrait être montée prochainement…

Quelques instants plus tard, c’est au tour de Sébastien, enquêteur à la S.R., de fixer rendez-vous à 20h30 à des OPJ de B.T. et de B.R. Il souhaite faire le point sur les dossiers en cours dans chaque unité, pour que les uns et les autres ne se gênent pas dans la poursuite de leurs investigations respectives. En effet, chaque unité, à son niveau, possède un dossier mettant en cause la même équipe. Le gradé de l’unité territoriale traite une plainte pour vol. Quant à l’enquêtrice de la B.R., elle monte un dossier de délinquance financière.

Enfin, l’équipe de la S.R. a en charge un dossier d’agressions de personnes âgées par de faux agents de police et de vols en bande organisée et association de malfaiteurs. Les gendarmes des trois unités ont donc des intérêts communs. « La brigade nous est indispensable car les individus qui nous intéressent habitent la “circo”.

Au cours des patrouilles de surveillance, les gendarmes peuvent prendre une photo (ce qui nous permettra de présenter une planche contact aux victimes) ou relever une “immat”. De notre côté, nous avons mis en place un moyen vidéo fixe », souligne Sébastien. D’ailleurs, la caméra doit changer de lieu. Les enquêteurs s’interrogent sur l’emplacement adéquat. Les gradés de la brigade vont se renseigner auprès des commerçants et des agents immobiliers locaux pour placer le moyen de surveillance en toute discrétion. « Nous allons suivre nos individus tous les jours grâce au “soum” et d’autres moyens.

L’objectif serait au mieux de faire un “flag’”, mais nous avons d’autres stratégies en tête », ajoute avec détermination Sébastien. À la tombée de la nuit, les OPJ de la S.R. organisent une surveillance de plusieurs heures…

Témoignage

« Exemplarité, disponibilité, rigueur et compétence », par le lieutenant-colonel Franck Chaix, commandant la S.R. de Nancy.

"Je suis convaincu que notre efficacité opérationnelle et judiciaire dépend d’un engagement complémentaire de toutes les unités. En tant que section de recherches, nous nous appuyons sur les informations des groupements de notre secteur pour avoir une vision globale des faits délictuels de la zone. Nous sommes également en étroite relation avec les unités territoriales qui nous fournissent des renseignements précieux. Elles sont nos yeux et nos oreilles. Pour elles, qui subissent crimes et délits sur leurs circonscriptions, nous devons exemplarité, disponibilité, rigueur et compétence. C’est pourquoi, lorsqu’elles font face à des affaires qui les dépassent, nous les appuyons humainement et techniquement. Par exemple, concernant les phénomènes sériels comme les raids, nous travaillons à leur profit pour réaliser des investigations poussées, notamment lorsque des liens internationaux se révèlent. Nous avons la capacité de traiter avec nos interlocuteurs des pays limitrophes, par l’intermédiaire des CCPD, d’Europol, de la DCI ou encore d’Interpol. De même, nous gérons les renforts nécessaires aux investigations et interpellations. Nous sommes également en lien quotidien avec la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy, ce qui accélère le traitement de certains dossiers."

Contacter la gendarmerie

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77

Ces contenus peuvent vous intéresser