CNFPJ : L'école du Sherlock Holmes des temps modernes

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 03 février 2020
© MAJ F. Balsamo

Avec près de 5 000 gendarmes à former chaque année, le Centre national de formation de police judiciaire (CNFPJ) ne chôme pas ! Pôle d’excellence reconnu en France et à l’étranger, il propose aux enquêteurs un enseignement de pointe, avec une grande variété de stages, pour lutter efficacement contre la criminalité.

Installé depuis 2015 dans le fort de Rosny-sous-Bois, le CNFPJ, autrefois appelé « centre de perfectionnement de police judiciaire », propose plus d’une trentaine de formations afin de répondre aux besoins des enquêteurs dans le cadre de leurs investigations judiciaires.

Des formations diverses et évolutives

Si depuis sa création, le centre continue d’assurer les stages d’enquêteurs et les formations de chefs d’unités de police judiciaire, il a élargi au fil du temps le panel de ses activités. Le CNFPJ propose ainsi des formations en termes de criminalistique, de techniques d’audition, d’observation et surveillance, de gestion de sources humaines de renseignement, de délinquance financière, ou encore de nouvelles technologies.

Certaines formations revêtent une sensibilité particulière, à l’instar du stage de gestion des sources humaines, durant lequel les gendarmes apprennent à « recruter» des « indics », des délinquants qui leur donnent des renseignements moyennant rémunération. Comme l’explique le chef d’escadron (CEN) Simon Halfon, adjoint au chef de centre, « cette pratique n’est pas sans danger pour les enquêteurs. » Ce stage éprouvant d’une semaine est d’ailleurs susceptible d’être rallongé afin que les stagiaires en ressortent avec un socle de compétences et une méthodologie parfaitement maîtrisés.

La lutte contre les Violences intrafamiliales (VIF) fait également partie des domaines sensibles, où le centre tente de donner un maximum d’outils aux gendarmes. Dans ce registre, est à l’étude une formation « VIF » d’une semaine, se basant sur les techniques d’auditions PROGREAI (« Processus Général de Recueil des Entretiens, Auditions et Interrogatoires »). Il s’agira notamment de donner des clés aux enquêteurs leur permettant de mettre en confiance les victimes, souvent en proie au déni ou à la honte. Des magistrats et des associations seront également amenés à intervenir. Le CNFPJ a par ailleurs distribué des mallettes pédagogiques aux écoles de gendarmerie afin que les élèves gendarmes se familiarisent avec la méthode PROGREAI et suivent deux modules sur les violences sexistes et sexuelles.

Des stages qualifiants

Tandis que certains enquêteurs viennent se perfectionner dans un domaine particulier, d’autres tentent de décrocher une qualification. C’est le cas pour les gendarmes promus au grade de maréchal des logis-chef par l’avancement semi-automatique ou par voie professionnelle depuis 2018. Après des années d’expérience comme agents de police judiciaire, ils viennent acquérir les connaissances nécessaires pour obtenir la qualité d’Officier de police judiciaire (OPJ).

De même, depuis 2020, les gendarmes ayant choisi la technicité Systèmes d’information et de communication (SIC), spécialistes en informatique et moyens radios, suivront la formation OPJ au CNFPJ. Ils pourront ainsi lutter efficacement contre la cybercriminalité et maîtriser les moyens d’investigations numériques en armant des Sections opérationnelles de lutte contre la cybercriminalité (SOLC).

D’autres novices de la police judiciaire devraient également passer la qualification d’OPJ dans le cadre des voies de changement d’armée ou de corps (VCA et VCC). Ces gradés, volontaires et recrutés sur dossier, suivront une formation d’un an, dont deux mois au CNFPJ, avant d’être affectés en unité opérationnelle. Pour s’adapter à cette diversité de publics et perfectionner contenu et cadencement des formations, le centre invite les stagiaires à remplir à la fin de chaque cursus un questionnaire visant à déterminer les éventuels axes d’amélioration.

© MAJ F. Balsamo

Un recrutement exigeant pour un enseignement d’excellence

Toutes ces formations nécessitent une importante équipe pédagogique spécialisée. « Tous les instructeurs sont des passionnés qui, bien souvent, ont déjà été élèves au centre et ont particulièrement apprécié leur stage, souligne le CEN Simon Halfon. En revenant, ils veulent ainsi transmettre à leur tour et pérenniser la qualité de la formation judiciaire en gendarmerie. » Le CNFPJ compte actuellement 31 instructeurs, mais en nécessiterait sept de plus pour répondre plus aisément au plan de charges annuel. Malheureusement, certaines technicités demeurent rares, comme les experts en délinquance financière ou en nouvelles technologies.

Si pendant longtemps, les instructeurs étaient recrutés sur simple volontariat, ils doivent aujourd’hui participer à de vraies sessions de recrutement. Les candidats sont ainsi reçus en entretien par le chef de centre, avant d’effectuer un « cours test » devant leurs homologues du CNFPJ. S’ils ont la chance d’intégrer l’équipe, ils devront encore suivre une formation en pédagogie de deux semaines et seront appréciés sur ce point tous les ans par un « officier pédago ».

Une fonction exigeante, puisqu’ils doivent également se mettre à jour régulièrement, avec la difficulté d’une matière législative en constante évolution. Ils peuvent néanmoins s’appuyer sur d’autres spécialistes de l’Institution. C’est le cas du psychologue social, qui apporte ses connaissances en matière de techniques de communication et de persuasion dans la gestion des sources et les auditions. De nombreux échanges ont également lieu avec le Pôle judiciaire de la gendarmerie nationale (PJGN), notamment l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), sur certaines technicités.

Un rayonnement national et international

La réputation du CNFPJ n’est plus à faire, en France comme à l’étranger. Il a ainsi été amené à nouer des partenariats et à former des publics venant de divers horizons : agents de la SNCF, de la Poste, de l’office national de la chasse et de la faune sauvage, contrôleurs des délégations territoriales du conseil national des activités privées de sécurité, des Douanes ou de la Direction générale de la sécurité extérieure.

De nombreux magistrats viennent également au CNFPJ et interviennent parfois dans certaines formations. Dans le cadre de cette coopération, un séminaire s’est déroulé au centre, sous l’égide de l’École nationale de la magistrature (ENM). Sur le thème de la lutte contre la traite des êtres humains, il regroupait différents corps de professionnels (gendarmes, policiers, magistrats, avocats, etc.)

Les liens sont aussi nombreux avec l’étranger. L’UNESCO a d’ailleurs sollicité le CNFPJ pour une formation sur les violences sexuelles. Les instructeurs interviennent régulièrement au profit des pays du Maghreb et de l’Afrique Noire, mais également au Brésil et au Cambodge, dans le cadre de formations en matière de criminalistique, de gestion des sources et de techniques d’audition. Le centre a par ailleurs développé un partenariat avec l’École internationale de perfectionnement à la pratique de la police judiciaire (EI3PJ), créée à Djibouti et réunissant des stagiaires de divers pays d’Afrique.

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