Des modèles de formations exportés

  • Par l’aspirante Morgane Jardillier
  • Publié le 03 février 2020
La coopération instaurée avec la guardia civil, dans le cadre d’une formation croisée, inspire d’autres pays.
© MAJ F. Balsamo - GND F. Garcia

La gendarmerie s’affirme comme une structure de référence en matière de formation. Les thématiques ainsi que les méthodes utilisées suscitent un intérêt interministériel dépassant parfois les frontières…

Policiers nationaux et municipaux, personnels de l’administration pénitentiaire, de la magistrature, de l’Éducation nationale, de la SNCF, civils, carabiniers, gardes civils, U.S. marines… Ils viennent chaque année, de France et de Navarre, vivre une immersion ou suivre un cycle de formation spécifique dédié à la gestion de crise, au rétablissement de l’ordre ou encore au perfectionnement de la langue française, à la recherche de « l’expertise gendarmerie ».

Se former ensemble pour une meilleure synergie

Dans une logique d’interopérabilité, la gendarmerie nationale apporte son savoir-faire et son soutien en matière de formation aux autres acteurs de la sécurité. Ainsi, chaque année, près de 100 moniteurs de la police municipale se forment, pendant une à six semaines à l’École de gendarmerie (EDG) de Rochefort, aux techniques d’Intervention professionnelle (I.P.) et particulièrement de maniement des armes. Un enseignement qu’ils devront ensuite relayer.

Qu’ils soient engagés en gendarmerie ou dans la police, les armuriers pyrotechniciens ont une fonction similaire : veiller au maintien en condition opérationnelle de l’armement, des munitions et du matériel optique et de protection, ainsi que des divers équipements. Depuis plusieurs années, les deux forces de sécurité ont mutualisé leur formation (formation initiale d’armurier, sécurité pyrotechnique, nouvel armement et magasinier) : gendarmes et policiers sont donc intégrés dans la même promotion à l’EDG de Rochefort !

Le Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG) forme également des moniteurs d’intervention de la police ferroviaire sur une durée de 6 semaines. À leur retour dans leurs services, ces personnels formeront les agents de la surveillance générale de la SNCF aux techniques d’I.P. Les instructeurs de Saint-Astier dispensent aussi une formation aux Équipes régionales d’intervention et de sécurité (Eris) de la direction générale de l’administration pénitentiaire, adaptée à leurs besoins spécifiques, englobant des techniques d’I.P. et de Rétablissement de l’ordre (R.O.).

En rang 2 par 2

Pour apprendre à gérer les situations de crise dans l’environnement de l’Éducation nationale, les chefs d’établissement, les inspecteurs académiques, les inspecteurs pédagogiques régionaux et les formateurs académiques peuvent suivre une formation de quatre jours à la gestion de crise, proposée par et en partenariat avec la gendarmerie nationale. La formation a été pensée dans le cadre de la prévention des violences en milieu scolaire, de la gestion de crises aiguës, de l’application du plan Vigipirate, du plan particulier de mise en sûreté et de la réalisation d’exercices attentat-intrusion. Les stagiaires vont ainsi apprendre les outils pour réagir de manière adaptée à une situation anormale en milieu scolaire. Depuis 2014, plus de 4 000 cadres ont déjà été formés dans les écoles ou centres de formation de la gendarmerie (EDG de Tulle, Rochefort, EOGN et CNEFG).

Dans le cadre d’un échange croisé avec le Réseau des écoles de service public, l’EOGN accueille des auditeurs de l’École nationale de la magistrature. Ils découvrent ainsi la formation et le métier d’officier, en partageant avec les élèves certains enseignements (dépôt de plainte, contrôle de véhicule, I.P., tir…). L’occasion pour eux de pouvoir notamment échanger sur les contraintes opérationnelles, l’usage des armes ou les bonnes pratiques à appliquer. De plus, le cadre légal et les adversaires au R.O. sont présentés aux auditeurs de justice par le CNEFG.

Pour une vision commune…

Dans la perspective de développer une vision commune de haut niveau en matière de stratégie sécuritaire, l’EOGN a créé, en 2014, le MBA spécialisé Management de la sécurité, associant au sein d’une même promotion des officiers de gendarmerie, des cadres et des dirigeants d’entreprises publiques et privées. La formation vise à faire acquérir aux auditeurs une vision 360° en matière de stratégie sécuritaire dans tous les domaines : géopolitique, intelligence économique, management des risques et des organisations, relations internationales, ressources humaines… L’intégralité du parcours est construite de sorte à faciliter et à optimiser les échanges entre les acteurs publics et privés du secteur de la sécurité. Les élèves auditeurs de la gendarmerie partagent une puissante culture institutionnelle et leur savoir-faire en termes de méthode de raisonnement et de conception. Les cadres du secteur privé apportent, pour leur part, une culture diversifiée du monde de l’entreprise avec de nouvelles méthodes de management et de gestion de projet.

Échanger sur des domaines d’expertise

L’action de la gendarmerie ne se limite pas au territoire national. Elle est de plus en plus impliquée dans la coopération internationale, notamment à travers le partage d’expertises des centres de formation de la gendarmerie. Le Centre national de formation de police judiciaire (CNFPJ) accueille, par exemple, des stagiaires étrangers issus de pays d’Europe, du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud. Il a également contribué à la création d’un centre de police judiciaire à Djibouti. Le Centre national d’instruction nautique (CNING) mène des actions d’échanges avec la police maritime de Monaco et du Portugal. Le Centre national d’instruction cynophile (CNICG) est reconnu pour ses compétences et participe à de nombreux échanges avec les pays européens (Hongrie, Espagne), africains (Mali, Centrafrique) ou du Proche-Orient (Liban, Égypte). Le Centre national d’instruction de ski et d’alpinisme de la gendarmerie (CNISAG) s’attache, lui, à conforter des liens avec l’Inde, le Maroc et la Chine.

Les échanges d’expertises diverses sont fréquents avec les pays frontaliers comme l’Allemagne.

© MAJ F. Balsamo - GND F. Garcia

Erasmus en gendarmerie

La coopération internationale la plus emblématique est l’échange instauré avec l’école de la guardia civil. Les élèves-gendarmes français et ceux de la guardia civil sont formés ensemble durant plusieurs mois afin de partager des méthodes de travail et de créer une culture policière commune. L’objectif est d’améliorer la capacité d’action des deux unités dans les zones frontalières exposées à trois enjeux majeurs : la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et le contrôle des flux migratoires.

Ainsi, d’octobre 2017 à juin 2018, 120 élèves-gendarmes français de l’EDG de Tulle ont partagé la scolarité des élèves-gardes de Valdemoro. En 2019, 120 stagiaires de l’école de sous-officiers de Basea ont suivi une formation initiale à l’EDG de Dijon. Ils ont ainsi bénéficié, entre autres, d’une formation conjointe avec les élèves-gendarmes (tactique, maniement des armes, contrôle des flux, entraînement physique, etc.). À terme, l’Espagne et la France pourraient servir de modèle pour renforcer la coopération bilatérale et ouvrir la perspective d’un Erasmus entre les forces de sécurité européennes.

Reconnu comme pôle d’excellence

Une coopération accrue avec les pays d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Afrique et du Moyen-Orient participe à valoriser l’image de la gendarmerie à l’étranger. Pour ses actions de formation et ses échanges, au profit et avec de nombreux pays, le CNEFG est reconnu comme un centre d’excellence en matière de Maintien de l’ordre (M.O.). Gendarmes et policiers européens, en unité constituée, viennent d’ailleurs à Saint-Astier rechercher cette expertise, notamment dans le cadre des programmes EUPST (European Union Police Services Training, dont le dernier a été organisé au CNEFG en 2017).

Ces exercices d’envergure permettent d’harmoniser les standards de formation, les règles d’engagement, les procédures de commandement et de contrôle, grâce aux échanges et retours d’expérience. Depuis 2019, 20 stagiaires viennent individuellement pour participer, plusieurs fois par an, à des stages EUPCST (European Union Policeand Civilian Services Training) sous un format HEAT (Hostile Environment Awareness Training), où des sensibilisations (secourisme opérationnel, engins explosifs improvisés, préparation aux risques sanitaire, sécuritaire et psychologique…) leur sont délivrées. À l’issue de cette formation, les stagiaires se voient remettre un diplôme attestant de leur participation, prérequis pour être déployés au sein des missions, civiles et militaires, de l’Union européenne.

Centre d’excellence en matière de maintien de l’ordre, le CNEFG multiplie les échanges et les actions de formation à destination de nombreux pays.

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Le CNEFG prolonge également sa coopération en projetant des formateurs français à l’étranger pour des actions de formation ou des missions d’audits (Niger, Mali, Pérou, Liban…) L’objectif n’est pas de révolutionner leurs méthodes mais de les améliorer en s’adaptant à leurs conceptions tactiques. À titre d’exemple, des instructeurs sont actuellement déployés au Pérou afin d’apporter leurs connaissances en termes de contrôle de zone dans le cadre de la lutte contre les narcotrafiquants. Le savoir-faire français dans la gestion démocratique des foules, favorisant les moyens de dissuasion alternatifs, est également reconnu au niveau international. Depuis 2016, les US marines, déployés dans les bases américaines de l’OTAN en Europe, sont régulièrement initiés au M.O. à la française par les gendarmes de Saint-Astier.

Le centre appuie aussi sa politique d’ouverture vers l’extérieur par des actions de jumelage, notamment avec l’Unité d’action rapide (UAR) de Logrono (Espagne). Il accueille ainsi, durant une année, un gradé de la guardia civil au sein de l’équipe pédagogique, tandis qu’un gradé français est détaché en qualité d’instructeur, pour une durée de trois ans, en Espagne.

La tour de Babel

Bien évidemment, l’effort de coopération internationale serait vain en l’absence d’une communication et d’une compréhension mutuelle entre les différentes forces de sécurité. Le Centre national de formation aux langues et à l’international de la gendarmerie (CNFLIG) contribue à cette bonne entente à travers deux de ses départements. Le Cours international de français (CIFR) forme toute l’année des personnels (civils et militaires) à la langue française. Chinois, Saoudiens, Américains, Suédois, Libanais, Jordaniens, Malgaches…plus de 110 stagiaires viennent chaque année se perfectionner dans la langue de Molière. En 2019, le centre a accueilli 28 nationalités différentes.

La Section enseignement des langues et ses cinq départements (anglais, espagnol, italien, allemand, arabe) accueillent quant à eux 480 stagiaires français par an, durant une à quatre semaines, dans le cadre de la coopération (Unité opérationnelle franco-allemande, Valdemoro, carabiniers), ou en cas de besoins spécifiques linguistiques (stages zones touristiques, unités opérationnelles, ambassades, préparation aux examens de langues).

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