Le CNEFG : Un centre d'excellence pour tous les gendarmes

  • Par le capitaine Éric Costa
  • Publié le 03 février 2020
© GND F. Garcia

Depuis 50 ans, le Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG), implanté à Saint-Astier (24), est, jusqu’au niveau européen, la référence absolue en matière de formation au maintien et rétablissement de l’ordre ainsi qu’à l’intervention professionnelle.

« Environ tous les trois ans, les Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) sont évalués. Le stage de onze jours maintient un rythme d’engagement soutenu pour travailler la robustesse et l’endurance des militaires. Débutant par des exercices de révision techniques et tactiques simples, du niveau d’engagement d’un EGM, il monte en puissance jusqu’au niveau groupement tactique gendarmerie, où le commandant de groupement dirige trois unités sur des thématiques de plus en plus complexes.

Le maintien et le rétablissement de l’ordre en milieu urbain, rural ou en opération extérieure sont enseignés. Les nouveaux types de violences urbaines sont également traités, notamment dans le cadre du mouvement des gilets jaunes, avec la prise en compte de certaines particularités : manifestations non déclarées, absence de service d’ordre interne et d’interlocuteur officiel, adversaire Black Block déterminé et imprévisible. Dans un autre registre de violences, s’inspirant de ce qui s’est passé au Bataclan, des exercices sur les tueries de masse sont aussi proposés aux unités, et aux pelotons d’intervention en particulier. Nous y insistons sur le mode de progression à adopter et sur la gestion des blessés », explique le colonel Éric Lamiral, commandant le CNEFG.

Former l’encadrement mobile

Les deux derniers mois du cursus du diplôme d’arme, qui permet l’avancement au grade de maréchal des logis-chef en G.M. et en G.R., sont réalisés au CNEFG. Les stagiaires sont formés chef de groupe pour les missions de maintien de l’ordre, de renfort à la gendarmerie départementale, et de combat, dans le cadre de la défense opérationnelle du territoire. Des exercices adaptés à chaque mission développent leur réflexion et leur capacité d’adaptation aux différentes situations qui pourraient se présenter à eux.

Le CNEFG dispose de structures adaptées pour réaliser des exercices de progression en intervention professionnelle.

© GND F. Garcia

Une filière I.P. et F.O. pour tous

Le stage Moniteur en intervention professionnelle (MIP) « traditionnel », d’une durée de six semaines, est destiné prioritairement aux Gendarmes départementaux (G.D.). Il est d’une durée de quatre semaines pour les élèves officiers ainsi que pour les G.M. sélectionnés après l’obtention de leur D.A.

L’instructorat I.P., d’une durée de cinq semaines, est accessible au militaire ayant exercé pendant trois ans les prérogatives de MIP, du grade d’adjudant et titulaire du stage national de formation à l’encadrement opérationnel.

Le Monitorat franchissement opérationnel (MFO), désormais ouvert aux Gendarmes départementaux (G.D.), nécessite a minima la détention de l’aide moniteur I.P. NG et se déroule sur deux semaines. Il habilite à animer un atelier sous la responsabilité d’un instructeur F.O. La qualification de MFO en cours de validité permet d’accéder sans condition de temps au stage IFO, d’une durée de quatre semaines.

Faire évoluer la formation

« Héritage de nos anciens, les principes de formation ont fait leur preuve et n’ont pas beaucoup changé. En revanche, nous veillons à adapter les mises en situation à la réalité du terrain. Nous sommes aidés pour cela par les riches échanges avec les unités qui viennent en recyclage. De plus en plus engagées sur des R.O. durs, elles sont très expérimentées, et sont nos premiers capteurs terrain », confie le colonel Stéphane Fauvelet, chef de la division formation du CNEFG.

En parallèle, afin de contrer au mieux les nouveaux modes d’action de l’adversaire, le centre envoie régulièrement des observateurs sur les grands événements nationaux, comme ce fut le cas à Notre-Dame-des-Landes (NDDL), ou à Paris, lors des épisodes « gilets jaunes ».

Peloton d’intervention mis en situation sur un exercice de tuerie de masse.

© GND F. Garcia

L’I.P. est également une matière vivante : « Les retours d’expérience lors des différents stages de recyclage I.P. ou F.O. viennent enrichir notre base de données pour appuyer ou réviser nos cours, explique le lieutenant-colonel Cédric Aranda, chef du département I.P. du CNEFG. Le deuxième vecteur d’évolution est le Résogend de la communauté des référents I.P. des régions. Mis en place depuis 2016, il fait remonter les difficultés rencontrées sur le terrain. Nous apportons des réponses et faisons évoluer la formation en conséquence. »

À titre d’exemple, ces évolutions ont amené à la création d’un module « attaque au couteau », qui a intégré tous les stages I.P. Il sensibilise et forme les personnels aux réactions à adopter face à ce type d’agression.

Expérimenter de nouveaux moyens

À la demande du Bureau formation de la DGGN, les experts du CNEFG expérimentent certains matériels, à l’instar des produits marquants destinés à repérer certains manifestants. Dès lorsqu’ils sont validés à tous les niveaux, ces nouveaux matériels ou technologies, comme les drones qui viennent appuyer la manœuvre sur le plan tactique, sont intégrés dans les exercices du centre.

« Nous participons également à des réflexions a posteriori. Actuellement, nous échangeons avec le Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie, à Gramat (46), pour réfléchir à la réelle plus-value de l’engagement d’équipes cynophiles au M.O., comme ce fut le cas à NDDL, et à la manière de les intégrer dans nos mises en situation. L’enjeu étant de veiller à l’intégrité physique des chiens et de l’adversaire, tout en restant dans le strict respect du cadre légal », ajoute le colonel Fauvelet.

Toujours en phase d’étude, le CNEFG pourrait accueillir prochainement le Peloton motorisé d’intervention et d’interpellation (PM2I) de la garde républicaine, composé de seize pilotes de l’escadron motocycliste et de seize équipiers d’un peloton d’intervention, qui a été expérimenté sur les opérations de M.O. « gilets jaunes », à Paris.

Les PSIG et le M.O.

Les gendarmes départementaux se retrouvant de plus en plus confrontés à des situations de rétablissement de l’ordre, depuis le 25 mars 2019, quatorze stages de formation au R.O., destinés aux commandants et adjoints de peloton de surveillance et d’intervention, se sont déroulés au centre, soit 302 militaires formés. « Ce rendez-vous attendu et recherché par les stagiaires est articulé en trois modules : théorique, technique et tactique. L’enseignement, réalisé sous forme de mises en situation cadre inspirées de la réalité, décline l’I.P., bien connue et maîtrisée par les stagiaires, sur le spectre missionnel du M.O./R.O. Tantôt menante, tantôt concourante, l’unité exécute les missions défensives dans un contexte opérationnel complexe, avec un environnement fortement dégradé, et adapte avec efficacité les schémas d’intervention pour gérer un trouble à l’ordre public », conclut le colonel Lamiral.

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