Préparer les élèves à leur premier emploi

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 03 février 2020
© CDT Céline Morin

Déclinant les stratégies édictées par la direction générale, le Commandement des écoles de la gendarmerie (CEGN) déploie une offre de formations, initiales et continues, en constante adéquation avec les besoins du terrain. Le général de corps d’armée Thibault Morterol dresse un panorama des récentes évolutions dans ce domaine et revient sur l’importance des formateurs.

Comment se présente le dispositif de formation de la gendarmerie?

Chargé de mettre en œuvre la stratégie établie par la Direction générale (D.G.), le CEGN déploie son ingénierie de formation à travers ses 22 écoles et centres. Notre dispositif est une grosse organisation, accueillant chaque année presque un quart des effectifs de la gendarmerie. Afin de répondre aux besoins de l’Institution, nous recevons un volume incompressible de près de 8 000 élèves en formation initiale, soit environ 3 000 élèves-gendarmes, 5 000 élèves gendarmes adjoints volontaire (GAV) et 200 à 250 élèves-officiers. À cela s’ajoutent 17 000 personnels en formation continue, toutes durées de stage confondues. C’est un effort de formation considérable.

Depuis quelques années, les écoles connaissent une montée en charge capacitaire marquée, qui s’est notamment traduite par la création de l’école de Dijon. Au regard des caractéristiques démographiques de notre population, nous avons en effet estimé à 50 000 le nombre de personnels à recruter sur la période 2017-2021, et donc à former, dans les 5 ans qui viennent. En matière de formation, on se doit donc de raisonner à moyen terme pour ce qui est des volumes d’effectifs, mais aussi à moyen et long termes pour ce qui concerne les compétences dont l’Institution aura besoin. Ce travail d’anticipation, qui doit accompagner la mise en formation, est largement partagé avec la Sous-direction des compétences (SDC), à travers laquelle la D.G. nous donne ses orientations.

Une telle organisation implique nécessairement une ressource en formateurs adaptée…

Comme toutes structures, les écoles et les centres s’appuient sur une dimension administrative et logistique. Mais, en effet,le cœur de métier des écoles repose essentiellement sur les formateurs, volontaires pour la grande majorité d’entre eux. Leur rôle est essentiel, notamment lors de la formation initiale : il s’agit de transformer des jeunes gens issus de la société civile, avec leurs qualités et leur enthousiasme, mais aussi leurs faiblesses et leur impatience, en gendarmes efficaces et rigoureux, en leur apportant un socle de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être.

Nous avons pour exigence, en un temps somme toute très contraint pour les sous-officiers, de rendre nos élèves capables d’agir en autonomie, en sécurité et en responsabilité, pour eux mêmes, leurs équipiers et le public, selon la déontologie et le cadre légal, et de leur donner, autant que possible, l’assurance nécessaire à l’entrée dans leur premier emploi.

© MAJ F. Balsamo

L’enjeu de la formation initiale est d’inculquer « l’assise » psychologique et éthique qui leur servira toute leur carrière. L’apprentissage du savoir-être, ce qui va forger l’identité du jeune militaire, est prioritaire. Il se construit en premier lieu au contact des instructeurs de proximité, se nourrit de ce que ces cadres vont montrer en termes d’attitudes ou de comportements. La qualité, l’exemplarité, des formateurs est donc essentielle dans la « construction » de nos élèves. Le métier de formateur est ainsi exigeant à plus d’un titre, d’autant qu’il lui est demandé une forte disponibilité pour les élèves ou stagiaires.

Le CEGN a donc engagé, ces dernières années, une véritable professionnalisation de ses formateurs à travers des parcours de formation qui leur sont dédiés. Tout nouveau formateur, quels que soient son grade et sa fonction, suit ainsi, dès son affectation dans une école ou un centre, une formation de 15 jours, animée par des ingénieurs pédagogiques et des personnels du CEGN, afin de le préparer à l’exercice pédagogique. Au cours de leur première année, ces jeunes formateurs sont évalués à plusieurs reprises par des cadres des écoles, ayant eux-mêmes suivi une formation d’évaluateurs de formateurs et étant en capacité de les corriger ou de les épauler.

Le CEGN s’est doté en parallèle d’un Bureau des méthodes et de l’ingénierie (BMI), chargé de l’accompagnement pédagogique des écoles et du contrôle qualité de la formation dispensée.

Quels sont aujourd’hui les axes d’effort en termes de formation ?

Le programme des écoles et des centres est pour ainsi dire en évolution permanente, afin de répondre, avec la plus grande réactivité possible, aux enjeux. L’actualité, les évolutions missionnelles et les priorités politiques redimensionnent régulièrement les programmes de formation. Par exemple, depuis 2015, nous avons revu le programme en matière de lutte contre le terrorisme et de gestion des tueries planifiées. Même chose avec la PSQ et tout ce qui a été retravaillé autour du contact. Plus récemment, la crise des gilets jaunes a conduit à créer un stage maintien de l’ordre à destination des pelotons de surveillance et d’intervention, pour leur permettre de maîtriser un certain nombre de savoir-faire plutôt propres à la gendarmerie mobile.

Ces évolutions sont permanentes. Elles peuvent s’inscrire dans un cours déjà existant, mais ce sont parfois de nouveaux modules que l’on doit réussir à intégrer dans un programme déjà très dense. Pour tout ce qui touche aux formations continues, mais aussi aux formations de cursus, nous essayons par ailleurs de passer d’une logique d’évaluation à une logique de montée en compétences, à la fois pour mieux répondre aux besoins de l’Institution mais aussi pour susciter davantage l’adhésion des stagiaires. Depuis quelques années, nous nous appliquons enfin à garantir la cohérence des enseignements entre les écoles.

Pour cela, nous nous appuyons sur les commissions matières, au sein desquelles des experts sont chargés de créer ou de renouveler le contenu d’un cours et, in fine, de produire une mallette pédagogique. Mis en forme par le CPMGN, ces outils sont mis à disposition dans le Centre national de ressources pédagogiques (CNRP) et permettent à tout instructeur, quel que soit son lieu d’affectation, de disposer de la même base de cours, qu’il pourra ensuite enrichir de sa propre expérience.

Justement, dans le domaine de la modernisation, comment les évolutions technologiques s’intègrent-elles dans les différents cursus ?

Nos cycles d’apprentissage associent un peu de théorie, du drill pratique, des synthèses techniques et, enfin, des mises en situation, qui vont conduire les élèves à gérer un événement dans sa globalité. C’est là qu’ils apprennent à s’adapter à une situation évolutive, à des cas non-conformes, gagnent de l’agilité et développent leur intelligence de situation. Ces séquences sont importantes car, à défaut de stage lors de la scolarité, elles s’appliquent à mettre les apprenants dans les situations les plus proches possibles de celles qu’ils rencontreront en unité. C’est la méthode idéale, mais elle très consommatrice en temps et en cadres. La solution repose donc sur la simulation, qui constitue aujourd’hui une réelle marge de progrès.

Nous possédons déjà quelques outils, qui servent essentiellement à l’apprentissage tactique initial, mais il faut clairement que l’on investisse dans d’autres produits plus performants, pour arriver à mettre nos élèves en situation dès lors qu’ils ont un bagage suffisant pour jouer des séquences opérationnelles évolutives.

Nous avons commencé à développer cet axe, plus particulièrement avec l’EOGN, qui a vocation à devenir l’école pilote dans ce domaine autour de son très récent Centre d’entraînement et de simulation au commandement opérationnel (CESCO). Ces outils n’ont d’ailleurs pas uniquement vocation à servir en école car ils pourraient, demain, très utilement être employés en région ou en groupement, pour préparer une manœuvre ou la présenter à une autorité par exemple.

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Pratiquement toutes les formations en présentiel comprennent par ailleurs un volet Enseignement à distance (EAD), qui permet de mieux utiliser le temps disponible en école ou en centre. Outre ces EAD « obligatoires », Gendform propose également des EAD « libres », lesquels sont toutefois encore trop peu fréquentés.

Nous souhaitons dynamiser cette offre, en facilitant l’accès à ces contenus, puis en renouvelant l’offre afin qu’elle réponde mieux aux besoins des gendarmes, qu’elle soit ergonomique et accessible sur tous les supports, notamment Néogend. C’est une première étape, avant d’évoluer vers un dispositif plus proactif, dans lequel un militaire pourrait, par exemple, se voir automatiquement proposer des modules de formation en fonction de l’évolution de son parcours de carrière.

Les évolutions technologiques et la mise à disposition de nouveaux outils invitent enfin à bien anticiper la dimension formation. Il est en effet essentiel de concevoir les ressources formation adaptées en même temps qu’est pensé l’outil pour l’utilisateur terrain, afin que les écoles ou centres puissent accompagner utilement le déploiement du nouvel outil.

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