Le savoir-faire logistique au service de l’opérationnel

  • Par la capitaine Céline Morin
  • Publié le 15 avril 2017
Véhicules, habillement, armes, munitions, protections balistiques, matériels techniques… Les personnels du Saelsi assurent la manœuvre logistique essentielle au fonctionnement opérationnel des unités
© SirpaGend - MAJ F. Balsamo

Entretien avec Michel Vilbois, chef du Service de l’achat des équipements et de la logistique, chargé de trouver, d’acheter et de livrer les équipements dont les unités ont besoin.

Quelles sont les missions du Saelsi ?

Michel Vilbois, chef du SAELSI.

Le Saelsi est la fusion, au 1er janvier 2014, des sous-directions de l’équipement et de la logistique de la gendarmerie et de la police et de leur équivalent côté sécurité civile. Il a donc repris les missions de ces trois entités. Notre métier se définit à travers trois objectifs : définir les équipements et matériels dont ont besoin les personnels ; mettre en place le support juridique pour les acquérir ; et enfin en assurer la livraison et la maintenance. Cela correspond à nos trois sous-directions : équipement, achat, logistique.

Comment se traduisent ces trois missions ?

Dans le cadre de la définition des équipements, nous recevons les expressions émanant des directions, essentiellement de la DOE. Mais il nous faut également être à l’écoute des besoins du terrain. Les différents groupes de travail et commissions, au sein desquels il y a systématiquement un représentant du Saelsi, nous permettent d’être au contact des unités. Il existe par ailleurs au sein du CFMG, un groupe de militaires référents, chargé de nous faire remonter les besoins, mais aussi les difficultés dans le domaine de l’équipement. Le processus de dialogue de commandement favorise aussi cette remontée. Enfin, le Saelsi se rend régulièrement au sein des formations administratives.

Une fois le besoin validé et les moyens budgétaires attribués, l’étape suivante consiste à mettre en place le support juridique. Cette phase comporte de multiples procédures, de la rédaction du cahier des charges à la notification du marché, pouvant être perçues comme un frein. Elles permettent pourtant de garantir la qualité juridique de nos marchés. Enfin, le volet logistique englobe les commandes et la gestion budgétaire inhérente, la livraison, généralement au Centre national de soutien logistique (CNSL) du Blanc ou directement dans les formations administratives, l’inscription des matériels livrés dans le système d’information logistique et comptable de la gendarmerie, et enfin le pilotage de la maintenance et le remplacement des équipements défectueux.

Comment le service est-il organisé pour mener à bien ses différents engagements ?

Nous sommes 460 : pour moitié des militaires, officiers et sous-officiers de gendarmerie, mais aussi Octa et CSTAGN ; l’autre moitié étant issue de la police nationale. Nous comptons 21 statuts différents. C’est à la fois le résultat de la fusion des services et de la diversité des métiers nécessaires à notre fonctionnement. Au niveau central, nous sommes 200 pour remplir les trois missions que j’ai citées. Nous avons ensuite des services de support logistique délocalisés. Côté gendarmerie, le CNSL réceptionne les matériels et en assure la recette technique, puis la distribution. L’établissement central logistique de la police nationale se trouve quant à lui à Limoges, avec une antenne en région parisienne, le Centre de recherche et d’expertises de la logistique (Crel). Ce service mixte gendarmerie-police est un bureau d’études et de tests techniques préalables à toute commande. Enfin, nous avons un établissement de soutien logistique de la sécurité civile à Jarnac.

Depuis trois ans, nous avons développé des compétences croisées. Limoges, en sa qualité de centre d’expertise en matière d’aménagement automobile, reçoit de plus en plus de véhicules gendarmerie. Aujourd’hui, nous lançons d’ailleurs un programme de réhabilitation des TRM 2000. Quant au CNSL, expert en gestion logistique, il traite la totalité du stock de GPB de la gendarmerie et de la police. Demain, il gérera également le stock commun de munitions. L’idée est d’optimiser les procédures en spécialisant chacun sur ses points forts.

Dans le contexte sécuritaire que nous connaissons depuis 2015, le Saelsi a rapidement été plongé dans le feu de l’action…

Depuis janvier 2015, nous avons en effet mis en œuvre une série de plans d’équipement des forces : plan de lutte antiterroriste, plan de lutte contre l’immigration clandestine, plan Bac/Psig sabre et aujourd’hui plan de sécurité publique. Cela s’est traduit par la mise en place de commandes importantes. On peut dire que le Saelsi a passé son “stress test” avec succès. Nous avons livré tous les matériels dans les temps demandés. Par exemple, nous avons entièrement équipé les 150 Psig Sabre avant même que certains ne basculent dans ce format. Aujourd’hui, dans le cadre du plan de sécurité publique, nous travaillons à la livraison de lots balistiques, de GPB individuels pour les réservistes, de couvertures et de tenues anti-feu pour les gendarmes affectés en ZSP.

Comment vous assurez-vous de la qualité des équipements mis en service ?

La première étape se déroule au Crel. En plus de rechercher des produits innovants, par exemple pour remplacer les grenades offensives, celui-ci teste les échantillons livrés par les industriels en réponse à l’appel d’offres. Il nous donnera par exemple son avis d’expert technique sur la résistance balistique des gilets pare-balles avant que nous ne choisissions un fournisseur et ne passions commande. La recette technique s’effectuera ensuite au CNSL. Un échantillon de chaque lot sera ainsi testé afin de s’assurer du respect du cahier des charges. Aucun GPB n’est mis en service sans que son lot n’ait été testé.

Nous évitons ainsi que le fournisseur ait la tentation de baisser en qualité entre ce qu’il nous a présenté en échantillon et ce qu’il nous livre. Nous avons fait ce choix notamment pour la balistique et les munitions. C’est ce qui explique que nous puissions connaître des ruptures d’approvisionnement. En 2016, nous avons été amenés à refuser certains gilets pare-balles féminins parce que nous n’avions pas le niveau de qualité requis.

Quels enjeux poursuit le Saelsi à court-moyen terme ?

Notre mission est de livrer les unités rapidement et en quantité suffisante. Pour être réactif, il nous faut avoir une bonne connaissance des fournisseurs et des contraintes du marché, et surtout anticiper les besoins. Nous sommes déjà capables de le faire pour les véhicules et les munitions. Cette année, nous avons pour objectif d’apporter aux commandements des formations administratives la meilleure connaissance possible de la nature et des dates de livraison des matériels. Cette visibilité est un enjeu de management et de commandement. Nous allons donc mettre en place, à compter du 15 mars, sur le forum commandement, un tableau de livraison des véhicules par formation administrative. Notre deuxième enjeu est d’assurer, à compter du 2e trimestre 2017, une totale lisibilité de la commande et de la livraison des munitions.

Cela se fera grâce au lancement du projet « distrimun », qui permettra aux unités, dont le niveau doit encore être décidé par la DOE, de commander ses munitions en fin d’année N-1. L’idée est d’avoir recours à un prestataire privé qui gérera les stocks conservés au Blanc et l’envoi des munitions dans des délais très courts. Nous pourrons ainsi à tout moment connaître la consommation de cartouches d’instruction et l’état global des stocks, identifier les potentielles ruptures, répondre rapidement à une augmentation des besoins, etc. Nous avons par ailleurs, depuis 2015, la nécessité de développer les moyens de protection des personnels. Par exemple, le gilet porte-plaques, conçu par un commandant de police et un capitaine de gendarmerie du Saelsi, est désormais en dotation dans les Psig Sabre et les B.T. Dans le même esprit, on pourra proposer prochainement un gilet à la fois balistique et tactique, c’est-à-dire ayant une capacité d’emport associée à une protection balistique. Un prototype est en expérimentation dans le Val-d’Oise.

 

Pour mener à bien ces actions, il faut prendre en compte l’évolution des missions, qui se traduit souvent par l’augmentation du nombre d’équipements. Or, la capacité d’emport et la résistance physique des personnels ne sont pas infinies. Il faut intégrer ce facteur dans le choix et la conception des équipements. Un autre de nos enjeux majeurs est de fournir aux gendarmes l’équipement le plus moderne possible. Cela nous conduit notamment à réfléchir au mode d’acquisition des matériels. Pourquoi en effet ne pas avoir recours à la location, par exemple pour les véhicules. Avec le développement de Néogend et des équipements mobiles, cette piste de réflexion, menée en interne, est parfaitement imaginable.

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