Général d’armée Richard Lizurey : « La révolution scientifique et technologique est à notre portée »

  • Par la Capitaine Aurélie Muscat
  • Publié le 29 janvier 2018
Le général d’armée Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale.
© Sirpa Gend - Major F. Balsamo

La gendarmerie s’investit depuis cinq ans dans une révolution technologique, scientifique et numérique. Le directeur général revient sur cette démarche de recherche et d’innovation.

Alors que l’émergence de « nouvelles technologies » ne date pas d’aujourd’hui, ne donne-t-on pas l’impression que la modernisation de la gendarmerie n’en est qu’à ses prémices ?

L’impression vient sans doute du fait que le sujet fait l’actualité en ce moment, mais la gendarmerie s’est toujours impliquée dans l’évolution des technologies et a toujours veillé à moderniser ses méthodes de travail en s’appuyant sur les sciences et technologies émergentes.

Ces cinq dernières années marquent une accélération de l’évolution des technologies, notamment dans le numérique, et demandent une capacité accrue d’adaptation de l’Institution. Cette prise en compte des nouvelles technologies et des apports de la science pour l’Institution est aujourd’hui formalisée.

J’ai mis en place, le 19 avril dernier, le Conseil scientifique de la gendarmerie, composé de personnalités extérieures ; il a pour mission de nous inspirer et nous guider sans tabous pour nous permettre d’évoluer, parce que je crois que nous n’en sommes qu’au début de l’histoire. Ce conseil couronne une gouvernance scientifique au sein de la gendarmerie désormais « professionnalisée », via la mise en place d’un réseau « anticipation technologique », la désignation d’un directeur scientifique, le développement de partenariats scientifiques et l’affectation d’ingénieurs au sein de la chaîne opérations-emploi.

De plus, nous avons réformé profondément, il y a un an, les processus d’investissement en matière d’équipements à forte dominante technologique et avons engagé une programmation sur cinq ans de l’acquisition des systèmes opérationnels à haute valeur ajoutée.Enfin, la mise en place du plan stratégique pour la recherche et l’innovation 2018/2020 consolide la capacité pour la gendarmerie d’être à la pointe.

Dans le même mouvement, c’est une responsabilité que nous avons vis-à-vis des jeunes qui s’engagent aujourd’hui. Nous nous devons de leur offrir des outils de qualité, à la hauteur de la culture numérique qui est la leur. Cela nous oblige à mener la gendarmerie au plus haut fait de ces innovations, d’où ma décision de créer également la mission numérique.

Cette recherche scientifique et technologique ne risque-t-elle pas de se faire au détriment du renouvellement des outils et matériels déjà considérés comme vétustes, tels que les véhicules ?Je comprends cette crainte. Je peux vous assurer que, d’une part, je n’abandonne aucun terrain, d’autre part, les investissements en matière scientifique et le renouvellement des matériels ne sont pas liés. Je suis convaincu qu’il est prioritaire d’équiper nos personnels, tout comme il est nécessaire de conserver une posture agressive en matière de recherche et d’innovation, parce que cela constitue un levier puissant de transformation et d’amélioration.

Par ailleurs, contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser, la recherche et l’innovation en sécurité intérieure ne sont pas à ce point-là consommatrices de ressources financières.Nous avons développé des stratégies nouvelles telles le recours à des évaluations de concepts à caractère technique et opérationnel qui permettent aux unités de gendarmerie d’expérimenter du matériel en prêt et d’en évaluer l’apport à notre profit.

De même, les partenariats avec des organismes scientifiques ou des universités nous permettent de bénéficier, sur le terrain, de la recherche scientifique de pointe menée par des experts, dans des domaines qui nous intéressent au quotidien.Pour autant, j’œuvre pour que nous obtenions une ligne budgétaire pour assurer le soutien financier d’une partie des actions nécessaires en matière de recherche et d’innovation.

L’institution est amenée à être dotée, dans un avenir très proche, de nombreux équipements présentant une valeur ajoutée technologique forte. Comment accompagner cette transformation qui peut bouleverser le métier de gendarme au quotidien ?La gendarmerie, grâce aux personnels qu'elle rassemble, est une composante éminemment scientifique du ministère de l’Intérieur. Je souhaite rendre aux gendarmes, à la brigade, aux commandants de compagnie, le pouvoir qui est le leur : les meilleures idées sont sur le terrain. Voilà pourquoi je leur laisse les clés de la maison.

Les projets conduits par la DGGN répondent avant tout aux aspirations et aux besoins exprimés sur le terrain, Je martèle ce point essentiel : c’est le gendarme de terrain qui conduit la modernisation technologique. C’est sur la base de ses besoins et de ses idées que je prends les décisions stratégiques d’investissement technologique et scientifique : drones, police technique et scientifique, néogend, simulateurs de tirs, cartographie de crise, ADN rapide.

Les outils de pointe développés sur cette base visent à faciliter son quotidien et à rendre plus efficace son action. L’accompagnement des personnels en est d’autant plus facilité. J’ai pleinement confiance dans la capacité d’appropriation par les gendarmes de ces nouveaux outils qui viennent avant tout d’eux-mêmes.

 

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