Les scientifiques de la gendarmerie en quête de vérité

  • Par la Capitaine Céline Morin
  • Publié le 29 janvier 2018
Le projet D Blood permettra de dater les traces de sang retrouvées sur une scène de crime.
© BEDRE PJGN - ADC G. COTE

Depuis le XIXe siècle, les avancées scientifiques permettent d’aller toujours plus loin dans la détection, le prélèvement et l’analyse des traces et indices.

Les sciences et les nouvelles technologies imprègnent notre quotidien. une tendance à laquelle n’échappe pas l’enquête judiciaire, où la criminalistique tient une place clé.Créé en 1987 pour répondre aux besoins d’examens scientifiques et d’expertises des enquêteurs, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) rassemble aujourd’hui, sur un même site, 40 disciplines scientifiques : de la biologie à la cryptologie, en passant par la génétique, la médecine légale, la toxicologie, la chimie, l’informatique, les véhicules ou encore les explosifs… 240 méthodes d’essai, dont 135 accréditées, y sont mises en œuvre. « Cette pluridisciplinarité génère un gain de temps et d’efficience, estime le colonel Patrick Touron, directeur de l’IRCGN. En termes d’innovations, elle nous permet aussi d’associer plusieurs compétences sur un projet. Par exemple, le travail conjoint des informaticiens, des électroniciens, des chimistes et des physiciens nous a permis de faire aboutir un processus d’accès aux données téléphoniques chiffrées. »

Des innovations adaptées aux besoins

Pour être en phase avec l’évolution permanente des sciences forensiques et accroître la réponse opérationnelle, l’IRCGN conduit une politique d’innovation et de recherche importante. Celle-ci a d’abord pour objectif d’améliorer, voire d’automatiser les méthodes mises en œuvre au niveau central, à l’instar des analyses génétiques ou du plateau médico-légal doté de moyens ultramodernes (scanner et angiographe). Elle vise également à transporter les expertises de l’IRCGN sur le terrain, à l’exemple du laboratoire mobile d’analyse ADN, de la capacité de numérisation en 3D d’une scène de crime ou encore de l’utilisation d’un sonar pour détecter les corps enfouis et les caches. Il s’agit parallèlement d’accroître les capacités de la chaîne criminalistique. Enfin, l’Institut s’inscrit dans la recherche de nouvelles technologies ouvrant des horizons jusqu’alors inaccessibles.

Trois axes de recherche

L’IRCGN est actuellement le seul à travailler sur les produits de marquage codé. Invisibles à l’œil nu mais fluorescents sous lampe spéciale, ils sont très utiles dans la prévention des cambriolages.

© Sirpa Gend - BRC F. GARCIA

Les innovations et recherches, trop nombreuses pour être exhaustives, se répartissent selon trois thématiques intéressant l’enquête : la datation d’un événement, l’identification des auteurs/victimes et la détection des indices. La temporalité étant un élément majeur, les experts de l’IRCGN travaillent, en complément des disciplines traditionnelles comme la médecine légale et l’entomologie, sur différentes avancées : datation de documents, de tir par arme à feu ou encore de traces de sang. Les informations contenues dans les objets numériques et les traces laissées par les objets connectés sont également incontournables, faisant de leur détection et de leur analyse un nouveau challenge. Parmi les innovations, le logiciel Gendexif permet d’exploiter les métadonnées des photos.

Montée en puissance des capacités d’identification

En termes d’identification, la technique des empreintes digitales a connu d’importantes évolutions au sujet de la détection et de la révélation, avec l’utilisation de moyens optiques puissants et le développement de produits chimiques offrant une plus grande sensibilité. L’ADN offre une capacité majeure d’identification et ce, désormais, à partir d’une trace très faible. L’IRCGN a d’ailleurs développé un nouvel écouvillon (GendSag) pour le prélèvement d’ADN permettant une analyse génétique rapide et directe. L’Institut vient aussi de valider ses travaux sur le portrait-robot génétique, lequel est en mesure d’apporter aux enquêteurs des orientations morphologiques et biogéographiques particulièrements fiables.

L’emploi de nouvelles molécules chimiques et de moyens optiques puissants a décuplé les capacités de détection des empreintes digitales.

© BEDRE PJGN - ADC G. COTE

Un travail est également conduit afin de pouvoir donner l’âge d’un individu à partir de son ADN.Par ailleurs, des recherches sont en cours afin de discriminer une personne au moyen de son empreinte olfactive. « À ce jour, le système de piégeage de l’odeur a été validé, la méthode de différenciation des composés est en finalisation, mais il nous faudra encore quelques années pour parvenir à une méthode d’identification formelle, précise le colonel Touron. L’avenir nous réserve encore de nombreux développements. Nous aurons des capacités d’analyses de plus en plus importantes et davantage de moyens déportés d’investigations. »

Exporter ses innovations

La maturité scientifique et technique de l’IRCGN, ainsi que sa forte intégration dans la communauté forensique mondiale lui permettent aujourd’hui d’exporter ses innovations vers des domaines autres que la sécurité. Par exemple, dans le cadre des recherches sur l’empreinte olfactive, l’IRCGN est en contact avec l’Institut Curie, qui travaille en odorologie au dépistage des malades atteints d’un cancer.

 

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