Le contact est dans l'ADN de la gendarmerie

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 07 juin 2019
© MAJ. F. Balsamo

Sens du contact, savoir-être tourné vers sa population, fine perception des enjeux de chaque territoire conduisant à l’élaboration de véritables stratégies locales, autant d’atouts qui, pour le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, font de la gendarmerie un pilier de la police de sécurité du quotidien. Celui-ci revient également sur l’engagement des gendarmes dans le cadre des mouvements sociaux des gilets jaunes.

10 ans après l’entrée de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur, son caractère militaire garde toute sa vigueur. Que retirez-vous de cette singularité ?

Aujourd’hui, sans nier la réalité de ce que sont la gendarmerie et la police, la gestion au quotidien par le ministre est la même. C’est aussi ce qui montre la réussite de ces dix ans d’intégration.

Pour autant, il ne faut pas y voir quelque chose de banal. La culture et l’identité militaires, tout comme l’héritage précieux de huit siècles d’histoire, sont des marqueurs puissants et utiles. Et loin d’être archaïque, l’identité militaire est vue comme une force au sein du ministère.

Je peux dire que c’est une fierté, en tant que ministre de l’Intérieur, que d’avoir autorité sur près d’un tiers des militaires du pays – et même, pour aller plus loin, sur la moitié des militaires de carrière.

De ses racines militaires, la gendarmerie tire notamment son fameux « modèle intégré », qui lui permet de planifier des manœuvres, de les conduire sur le terrain et de monter en puissance de façon extrêmement rapide, tant d’un point de vue humain que d’un point de vue matériel. C’est grâce à cela que la gendarmerie répond toujours présent face aux situations de crise et aux missions les plus exigeantes, comme à Notre-Dame-des-Landes ou à Saint Martin après Irma.

Ce modèle au sein du ministère, c’est la démonstration de la souplesse et de la capacité d’adaptation dont la gendarmerie a su faire preuve pour réussir son intégration sans perdre son identité. J’ai également vu la réussite de la gendarmerie dans le secteur de l’innovation, où elle se tient toujours à la pointe.

En tant qu’élu local pendant 16 années, je sais aussi la force que la gendarmerie tire de son ancrage territorial. Enfin, une des particularités qui m’a marqué, c’est sa dimension familiale.

Quel est l’apport de la gendarmerie dans la police de sécurité du quotidien ?

La police de sécurité du quotidien, c’est le terrain, c’est le contact avec la population. Je dirais que réussir la police de sécurité du quotidien était donc naturel pour les gendarmes, puisque le contact, c’est l’ADN même de la gendarmerie.

Depuis toujours, la gendarmerie est tournée vers la population. Le temps réservé pour le dialogue avec les élus et les partenaires a toujours été au cœur de ses missions et de son engagement. Quand j’étais maire de Forcalquier, j’avais déjà cette proximité avec ma brigade de gendarmerie ! Tous les mardis, je faisais un point avec la compagnie autour d’un café… C’était quelque chose de classique. À mon sens, la police de sécurité du quotidien a permis de remettre en avant cette priorité.

Et puis, au-delà de la proximité, la police de sécurité du quotidien se nourrit également de l’intelligence territoriale, à laquelle la gendarmerie a su donner une large autonomie. Cela peut paraître paradoxal pour une structure militaire, obéissant à une organisation verticale quand il s’agit d’appliquer ou d’aller chercher un ordre ; mais la réalité est que les stratégies se déclinent et s’adaptent sur le terrain. Les chefs territoriaux ont ainsi élaboré 101 stratégies territoriales de sécurité et 371 contrats opérationnels, déclinant la police de sécurité du quotidien en fonction des enjeux locaux. À l’occasion de mes déplacements, dans le Val d’Oise, dans l’Oise ou encore en Vendée par exemple, j’ai pu constater une inventivité et une adaptabilité remarquables, avec des propositions propres à chaque territoire.

Il ne faut pas oublier les quartiers de reconquête républicaine, qui permettent d’intensifier l’action de la police de sécurité du quotidien dans les quartiers difficiles. En 2019, afin d’intégrer la gendarmerie dans le dispositif global, j’ai choisi d’en créer quatre sur sa zone de compétence : à Fosses-Louvres, à L’Isle d’Abeau-Villefontaine-La Verpillière, à Lunel-Mauguio et enfin à Pamandzi, sur l’île de Mayotte, le premier QRR gendarmerie en outre-mer. Ils viennent compléter les dispositifs renforcés mis en place en 2018 par la gendarmerie à travers les vingt « départements mieux accompagnés ».

Depuis plusieurs mois, les missions de maintien de l’ordre public mobilisent fortement les forces de l’ordre. Quel regard portez-vous sur cette mobilisation, notamment celle de la gendarmerie ?

Je tiens à souligner l’engagement et l’endurance exceptionnels des gendarmes. Je pense notamment au 8 décembre dernier, où ils étaient près de 65 000 mobilisés. Depuis, chaque weekend, la gendarmerie déploie a minima 30 000 femmes et hommes sur tout le territoire. C’est impressionnant, mais surtout essentiel.

J’ai déjà eu l’occasion de féliciter le général Lizurey et je souhaite saluer l’engagement exceptionnel de tous les gendarmes qui participent au maintien de l’ordre et continuent à mener à bien leurs missions au quotidien.

Quand on parle d’ordre public, on pense aux gendarmes mobiles. Or, il y a depuis le début une mobilisation de toute la gendarmerie, y compris de la gendarmerie départementale et de la réserve. Pour mémoire, le premier jour du mouvement, le 17 novembre, 1 200 sites étaient occupés, dont beaucoup en zone gendarmerie. Les gendarmes départementaux ont donc été en première ligne pour sécuriser les sites et éviter les accidents, malgré des situations parfois très délicates.

Depuis, les mouvements ont évolué, se cristallisant sur les grandes villes, où les gendarmes mobiles sont pleinement engagés. Pour autant, la gendarmerie se tient toujours prête à intervenir sur l’ensemble du territoire. Ainsi, chaque week-end, dans tous les départements, elle met en place des capacités d’intervention rapide et mène également des opérations de contrôle de flux qui s’avèrent essentielles les jours de grandes manifestations.

Il faut aussi souligner l’appui opérationnel apporté par la gendarmerie à la gestion des manifestations dans les villes, avec par exemple ses VBRG, ses DRAP, mais aussi de nouveaux moyens, comme les drones ou les produits marquants codés…

Ce qui m’a par ailleurs impressionné, autant en gendarmerie qu’en police, ce sont la qualité et l’efficacité des investigations judiciaires qui sont menées. Il n’y a quasiment aucune affaire, qu’elle concerne nos personnels blessés ou les exactions commises à l’encontre des bâtiments institutionnels, symboliques ou des commerces, pour lesquelles les investigations judiciaires n’aient pas abouti. Je tiens vraiment à saluer le travail sans relâche des enquêteurs, qui a permis d’interpeller ceux qui voulaient instrumentaliser cette colère sociale pour commettre des violences, des sabotages et des exactions. Ces actes répréhensibles ont même pu venir appuyer des desseins plus factieux.

Enfin, je souhaite rappeler un chiffre intolérable : 486. C’est le nombre de gendarmes blessés depuis le 17 novembre, en s’opposant aux violences lors des manifestations et à l’encontre de certaines casernes, mais aussi sur les points de blocage.

Ces dernières années, afin d’être en phase avec les évolutions de la société et de la délinquance, voire de les anticiper, la gendarmerie a amplifié ses efforts dans le domaine de la recherche et de l’innovation. Que vous inspire cette démarche ?

Le ministère de l’Intérieur doit relever le défi de l’innovation, parce que nos adversaires, de leur côté, ont bien compris l’importance de cet enjeu et ne manquent pas de s’en emparer.

Je vous le disais, la gendarmerie a toujours été marquée par une remarquable capacité d’innovation. Je crois qu’il s’agit d’une richesse, notamment tirée de son organisation militaire ; les forces armées ayant toujours eu une capacité d’anticipation et de planification développée. Alors, la gendarmerie innove, avec cet esprit collaboratif tourné vers l’initiative des gendarmes de terrain et de leurs besoins - car l’innovation, c’est aussi celle du quotidien.

La gendarmerie sait également s’organiser en équipes projet et mobiliser, sur les sujets d’innovation, aussi bien des fonctionnels que des techniques, de façon à faire naître des outils concrets et utiles opérationnellement. C’est une dimension essentielle.

Je trouve également intéressante l’adaptabilité des innovations que je vois naître au sein de la gendarmerie. C’est essentiel, parce qu’en termes de sécurité, le besoin d’adaptation est permanent. Et quand on regarde le chemin parcouru du réseau Rubis à Néogend, il y a une forme de tradition…

La force de l’innovation de la gendarmerie tient également à la variété de ses recrutements, aux partenariats avec le monde universitaire et industriel, mais aussi à la force de la réserve, qui permet d’avoir recours à de nombreux talents.

La gendarmerie est une institution bien vivante, qui évolue, qui s’adapte, mais aussi qui irrigue et diffuse autour d’elle, en méthodes et en objets, qui s’enrichit de son dialogue avec la police nationale, qui met en œuvre des objets innovants communs, à l’instar des terminaux Néo. C’est là aussi tout l’intérêt de ces dix ans de vie commune, qui ont permis de s’enrichir des points forts de chacun et de veiller à leur mutualisation au sein de l’ensemble de nos forces et du ministère.

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