La mobile, bras armé de la gendarmerie

  • Par le capitaine Éric Costa
  • Publié le 16 avril 2019
Des gendarmes de l’EGM 20/1 de Rosny-sous-Bois, armant le DSI de Kourou, patrouillent aux abords des collèges et des lycées lors de manifestations contre la suppression de postes d’enseignants. L’EGM peut rapidement basculer en mission de maintien de l’ordre.
© EGM 20/1 - MAJ F. Balsamo

“Réserve nationale” à la disposition du gouvernement, la gendarmerie mobile est formée et équipée pour faire face à tous types de troubles à l’ordre public survenant sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin, ainsi parfois qu’à l’étranger. Fortement recentrée sur son cœur de métier au regard de l’actualité de ces derniers mois, elle assure toutefois, dès que son emploi le lui permet, des missions d’appui aux unités territoriales, notamment en matière de lutte contre la délinquance et l’insécurité.

« Gilets jaunes », référendum en Nouvelle-Calédonie, itinérance mémorielle, encadrement des visites officielles du président de la République, et avant cela, les ZAD de Notre-Dames-des-Landes, Kolbsheim, Bure, ou encore le passage de l’ouragan Irma dans les Antilles…Depuis de nombreux mois, la Gendarmerie mobile (G.M.) est sous les feux de la rampe et démontre, engagement après engagement, son aptitude à remplir sa mission première de Maintien de l’ordre (M.O.) public, pouvant aller parfois jusqu’au Rétablissement de l’ordre (R.O.) dans des situations dégradées. Depuis le 17 novembre dernier, le mouvement des « gilets jaunes » oblige ainsi à déployer les unités de G.M. chaque week-end, parfois à hauteur de 106 escadrons sur les 109 existants. Le rythme d’emploi de la G.M. est tel, que depuis le 1er janvier 2018, le renfort qu’elle apporte régulièrement à la gendarmerie départementale est devenu épisodique, à l’exception de l’outre-mer, où il constitue sa mission principale.

Une présence permanente outre-mer

Les départements et collectivités d’outre-mer bénéficient en permanence de la présence de 21 unités de gendarmerie mobile. Lorsqu’ils ne sont pas engagés en M.O. ou R.O., les gendarmes mobiles déplacés renforcent leurs camarades de la gendarmerie départementale, soit dans le cadre d’un détachement dans les unités territoriales, soit en armant un Détachement de surveillance et d’intervention (DSI), adoptant alors des modes de fonctionnement similaires à ceux d’un Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG).

Forts de leur capacité à occuper le terrain et de leur réactivité, les DSI offrent au commandement local une importante plus-value opérationnelle. « Sans l’appui des DSI, notre action sur le terrain serait bien moins efficiente. Sur notre Zone de sécurité prioritaire (ZSP), le contrôle du terrain est essentiel. Les G.M. nous permettent d’assurer une couverture horaire convenable, surtout la nuit, souligne le chef d’escadron Alain Terryn, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Kourou (Guyane Française). Le commandant de compagnie n’a pas la main mise sur le DSI. Il ne lui donne que des orientations, des axes d’effort ou des objectifs, à partir desquels le commandant du DSI organise son service en toute autonomie. »

Gradé de l’EGM20/1 de Rosny-sous-Bois, déplacé au DSI de Kourou (973), effectuant une procédure de police de la route avec un maréchal des logis-chef de gendarmerie départementale en mission de courte durée en Guyane.

© EGM 20/1 - MAJ F. Balsamo

Un des rouages de la sécurité générale

Mais sous sa « 4S », le gendarme mobile est avant tout un « touche-à-tout » de la gendarmerie. En tout lieu et en tout temps, il (r)assure et complète, ponctuellement, l’action de la gendarmerie départementale dans ses missions de sécurisation. Cette subdivision éminemment polyvalente peut ainsi être amenée à renforcer la sécurité publique générale, lutter contre les violences urbaines et contre l’immigration irrégulière (LIR), ou encore participer aux plans gouvernementaux, à l’instar de Vigipirate. Elle concourt également aux missions de transfèrement judiciaire, qui relèvent de l’administration pénitentiaire, afin de soulager les gendarmes départementaux de cette charge supplémentaire.

Enfin, la gendarmerie mobile, et plus particulièrement ses pelotons d’intervention, apportent également leur concours aux unités territoriales ou de recherches, lors d’opérations de police judiciaire conduites dans le cadre d’affaires complexes. Leur appui est sollicité dès lors que les techniques et les moyens particuliers d’intervention requis pour l’effraction et/ou les interpellations dépassent le savoir-faire des unités chargées de l’enquête, sans qu’il soit pour autant nécessaire de recourir aux unités d’intervention spécialisée. « Quand elle est employée au profit de la G.D., la G.M. contribue à la sécurité générale en Zone gendarmerie nationale (ZGN). Dans ce cadre d’emploi, elle met en œuvre des modes d’action qui lui sont propres, mais qui sont parfaitement complémentaires de ceux adoptés par les unités territoriales. Elle participe ainsi à trois missions essentielles : la police de sécurité du quotidien, la prévention de la délinquance et le contrôle des flux, et enfin, la détection et l’intervention face à la menace terroriste », souligne le lieutenant-colonel (LCL) Jean-Philippe Demange, adjoint au chef du Bureau de l’ordre public (BOP).

En DSI ou en postes provisoires

Lors de ces différents détachements, les Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) peuvent adopter différentes configurations, employant un volume variable de militaires. Dans la mesure du possible, l’engagement de la G.M. au profit de la G.D. prend la forme de DSI, pouvant comprendre jusqu’à seize militaires, soit l’effectif d’un peloton.

Les gendarmes mobiles se retrouvent toutefois régulièrement en plus petit nombre, particulièrement lorsqu’ils sont détachés dans les postes provisoires mis en place durant les périodes de forte affluence touristique : essentiellement sur les zones littorales dans le cadre du Dispositif estival de protection des populations (DEPP) et dans les secteurs montagneux pour ce qui concerne le Dispositif hivernal de protection des populations (DHPP). À ces occasions, ils travaillent côte à côte avec des gendarmes départementaux ou des réservistes opérationnels, eux-mêmes détachés.

Gendarme de l’EGM26/5 de Belley, en renfort DHPP, assurant la fonction de planton au poste provisoire de l’Alpe d’Huez.

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« Dès qu’ils sont détachés au profit de la G.D., les officiers et gradés G.M. peuvent être habilités officier de police judiciaire et participer, à leur niveau, à l’exercice de la police judiciaire. Il faut rappeler que les gendarmes mobiles, dès lorsqu’ils n’interviennent pas en unité constituée en maintien de l’ordre et qu’ils sont rattachés à une unité de la G.D., ont la qualité d’agent de police judiciaire sans avoir besoin d’une habilitation particulière du Parquet », rappelle le LCL Demange.

Renforts à la G.D. a minima depuis plusieurs mois

Le DHPP couvrant la saison 2017-2018 a traditionnellement mobilisé six unités de gendarmerie mobile, tandis que le dispositif estival 2018 en a mobilisé 21,5, soit 50 % des effectifs déployés par la gendarmerie. Mais l’engagement sans relâche de la G.M. au fil des mois a notamment eu pour conséquence d’empêcher l’octroi des repos et des permissions dans des délais convenables, ce qui, de fait, perturbe également ses missions de renfort à la G.D. Bon nombre sont purement annulées depuis plusieurs mois, à l’instar des renforts au profit des Zones de sécurité prioritaires (ZSP) ou des dispositifs de contrôle des flux migratoires, ou fortement revues à la baisse, comme lors du dernier DHPP, où aucun escadron n’a pu être détaché en décembre dernier et seulement trois ont rejoint les stations de ski fin janvier.

« L’été 2019 est dès à présent ponctué de rendez-vous majeurs pour la gendarmerie mobile : 75e anniversaire du débarquement au mois de juin et G7 qui se déroulera à Biarritz fin août. Ces échéances risquent d’avoir des conséquences sur la présence de la G.M. au profit du DEPP », ajoute le LCL Nicolas Schittulli, chef de la section génération de force au BOP.

Détachement à résidence, 5e peloton : une réserve opérationnelle

Les EGM disposent toutefois d’un Détachement à résidence (DARe), et pour 22 d’entre eux d’un 5e peloton, dans lequel le commandant d’unité peut puiser pour renforcer, au besoin, les groupements de gendarmerie départementale voisins. Lors de la dernière commission G.M., le directeur général a toutefois décidé de « dissoudre » les 5e pelotons, afin de répartir de façon plus homogène leurs effectifs dans tous les escadrons.

Gendarmes de l’EGM21/5 de Chambéry, détachés au poste provisoire d’Auris-en-Oisans, patrouillant à ski en mission de prévention et de contact.

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Seuls les personnels en service, non employés au fonctionnement de l’unité, peuvent ainsi être mis à disposition, à condition que cela ne soit pas au détriment du maintien en condition opérationnelle des effectifs. Cette marge de manœuvre supplémentaire permet d’accorder plus régulièrement, sinon plus facilement, des renforts d’effectifs. C’est par exemple le cas de l’EGM21/5 de Chambéry (73), dont un militaire, l’adjudant Vincent Ruelle, explique : « Nous sommes trois G.M. de Chambéry et une gendarme de la brigade territoriale autonome du Bourg d’Oisans pour armer un poste provisoire au niveau de la petite station de ski de Aurisen-Oisans. Malgré les récents engagements en maintien de l’ordre, grâce à son cinquième peloton, notre unité a pu fournir 70 militaires dans le cadre du DHPP. »

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