Du bleu gendarmerie au vert développement durable

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 15 juin 2020
© ADJ F. Bourdeau

La gendarmerie n’a pas attendu l’ère de l’urgence écologique pour se poser les bonnes questions en termes de développement durable. Œuvrant depuis déjà plus de dix ans pour tendre vers un modèle plus écoresponsable, elle s’emploie à proposer et à expérimenter différentes pistes, offrant le meilleur compromis entre écologie, économie et contrat opérationnel.

 Le ministère de l’Intérieur intègre les enjeux du développement durable depuis 2003 et la gendarmerie s’inscrit pleinement dans cette dynamique, via la Stratégie ministérielle de transition écologique.

Pour devenir une « administration exemplaire », l’Institution remplit chaque année de nouveaux objectifs concernant l’économie d’énergie, la mobilité durable, l’économie des ressources et la réduction des déchets, la préservation de la biodiversité, la responsabilité sociale et environnementale intégrée ou encore le parc automobile, afin qu’il soit moins émissif en CO2.

Rouler plus écolo

Renouveler un parc composé à 92 % de véhicules diesel vieillissants constitue un défi majeur. Il s’agit de repenser le modèle de flotte, en intégrant le critère de performance écologique, tout en prenant en compte le coût financier et les contraintes opérationnelles.

La conversion de l’ensemble du parc en « tout essence » ne peut toutefois être retenue comme une solution, au regard des coûts d’entretien et de l’impact écologique que cela engendrerait. En outre, plusieurs constructeurs automobiles ont annoncé la fin de la commercialisation de leur gamme de véhicules thermiques d’ici 2024. Pour autant, le basculement vers le « tout électrique » pose également des difficultés : il sous-entendrait un investissement financier particulièrement conséquent. En outre, cela nécessiterait d’installer des bornes de recharge sur l’ensemble du territoire. Enfin, l’autonomie des véhicules actuellement disponibles sur le marché demeure encore insuffisante pour répondre aux contraintes opérationnelles des véhicules de patrouille.

À ce stade, la gendarmerie privilégie une solution alternative, fondée sur l’expérimentation, la contractualisation et l’externalisation, de façon à identifier les véhicules les plus adaptés à ses besoins, en attendant que la technologie des batteries évolue vers une autonomie accrue, à horizon 2022. Ainsi, la garde républicaine expérimente des autocars électriques ou à basse émission de CO2, sur la base d’un marché avec la RATP.

Dans cette attente, des véhicules alimentés avec des piles à combustible (hydrogène) sont déjà testés dans la Sarthe et le BasRhin, tandis que d’autres fonctionnent au gaz dans l’Oise et en Loire-Atlantique. Enfin, ces initiatives novatrices permettent à la gendarmerie de participer au processus de conception des futurs véhicules proposés par les constructeurs automobiles, avec des contreparties potentielles : rétribution liée à une innovation conçue par la gendarmerie, mise à disposition de véhicules dans le cadre d’une expérimentation, communication positive, etc.

Des aménagements éco-responsables

Cette volonté de verdissement du parc automobile de la gendarmerie impacte le parc immobilier, qui devrait être équipé de plusieurs centaines de bornes de rechargement dans les prochaines années, en ciblant prioritairement la zone famille, où les besoins sont déjà existants en matière de recharge.

En outre, toutes les constructions neuves font d’ores et déjà l’objet d’un précâblage concernant au moins 10 % des places de parking. Même en matière de bornes de recharge, la technologie connaît des avancées notables avec, par exemple, la commercialisation prochaine d’un robot chargeur qui viendrait recharger tout véhicule électrique partout où il se trouve. Les sites immobiliers sont également amenés à évoluer s’agissant de l’énergie.

Au sein des grosses agglomérations, une centaine de casernes a déjà été raccordée au réseau de chauffage urbain, évitant ainsi les pannes et les coûts d’entretien liés aux chaudières en régie. De cette façon, l’Institution consomme responsable, car l’offre énergétique comprend, en général, au moins 60 % d’énergie renouvelable et locale.

Par ailleurs, certains sites ont été équipés de panneaux photovoltaïques, à Montpellier, Marseille, Perpignan (escadron de gendarmerie mobile et groupement de gendarmerie départementale) et Hyères (EGM). La gendarmerie n’a pas la possibilité de revendre l’énergie produite sur site directement à EDF. Néanmoins, elle peut librement auto-consommer cette énergie afin de couvrir une partie de ses besoins.

Elle peut, en outre, contractualiser avec un opérateur privé, qui revendra l’énergie produite et qui se chargera, par exemple, de l’entretien des toitures en contrepartie. « Malgré les ambitions de l’État et sa volonté de se montrer exemplaire, la difficulté réside dans le fait que la gendarmerie est souvent pionnière en tant que service public et qu’elle doit faire face à des démarches administratives compliquées et longues à mener avant d’aboutir à un résultat », explique M. Stéphane Kouyoumdjian, chargé de projet développement durable à la Sous-direction de l’immobilier et du logement (SDIL).

Dans la même logique, d’autres installations favorisant les énergies renouvelables doivent encore être expérimentées, notamment l’éolien ou encore la récupération de la chaleur fatale issue des data centers de Rosny-sous-Bois et de Nanterre, toujours avec l’idée d’explorer le champ des possibles en s’adaptant aux spécificités de l’Institution.

La gendarmerie se sert aussi de mécanismes tels que les « certificats d’économie d’énergie ». En effet, les fournisseurs d’énergie se voient imputer des pénalités financières importantes s’ils n’obtiennent pas des quotas d’économie d’énergie. Dans ce cadre, l’Institution a établi un partenariat avec EDF depuis 2009 : le fournisseur historique lui verse des incitations financières liées aux travaux d’efficacité énergétique qu’elle mène sur son parc immobilier et la gendarmerie s’engage à réinvestir l’intégralité de ces fonds dans des projets de développement durable, générant ainsi un cercle vertueux.

« Il est bon de rappeler que le verdissement de la gendarmerie représente aussi une opportunité financière, permettant à l’Institution de dégager de nouvelles marges de manœuvre budgétaires », précise le lieutenant-colonel Antoine Lagoutte, affecté à la Direction des soutiens et des finances (DSF).

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