Dossiers

Les antennes du GIGN : force régulière d'intervention décentralisée

Auteur : le lieutenant Floriane Hours - publié le
Temps de lecture: ≃5 min.
© CABCOM RGNAQ - P. Héraud

Sur le territoire français, métropolitain et ultra-marin, le GIGN peut compter sur le soutien de quatorze antennes. Unités de proximité spécialisées dans les interventions de haute intensité, les AGIGN constituent la force de frappe régionale du Groupe.

En 2015 et 2016, une série d’actes terroristes marque plusieurs régions françaises. Face à ces faits d’une extrême violence et pour renforcer l’action relais du GIGN au niveau régional, la gendarmerie décide d’accélérer un projet mis en place depuis une dizaine d’années à titre d’expérimentation à Toulouse, Dijon et Orange : les antennes GIGN (AGIGN).

Fin 2016, en plus des trois localisations précédemment citées, sont ainsi créées sept antennes outre-mer, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie Française, en Guyane, à la Réunion, à Mayotte, à la Martinique et à la Guadeloupe, et trois nouvelles antennes en métropole, à Tours, Nantes et Reims. Cinq ans plus tard, le maillage territorial des antennes est encore étoffé par la création de l’antenne de Caen, portant à près de 600 le nombre de gendarmes employés au sein de ces quatorze unités d’intervention.

D’un niveau technique et tactique moindre que le GIGN, mais offrant une plus grande ouverture territoriale, leur mission est d’apporter une réponse immédiate face à des actes terroristes ou à des faits de grande criminalité (grand banditisme, forcenés…). Une force de frappe devenue indispensable en France et à l’étranger, et qui ne cesse d’évoluer depuis la mise en place du GIGN 3.0 en août 2021.

Une structure unique

Héritières des groupes de pelotons mobiles en outre-mer et des pelotons d’intervention 2e génération en métropole, les antennes constituent une force complémentaire. Dédiées à une forme d’intervention moins spécialisée que le Groupe, elles ne possèdent pas de capacités rares, telles que les dépiégeurs d’assaut, les chuteurs opérationnels, les plongeurs, etc., mais disposent toutefois de compétences particulières, comme l’emploi de moyens explosifs, l’aérocordage, etc. Elles mettent en œuvre des compétences d’action supérieures à celles des PSIG SABRE (Pelotons Spécialisés d’Intervention de la Gendarmerie), des pelotons d’intervention de gendarmerie mobile et des PSPG (Pelotons Spécialisés de Protection de la Gendarmerie). Elles sont une force unique, qui déploie des métiers différents mais complémentaires, comme l’explique le lieutenant-colonel Olivier, commandant de la Force antennes : « En outre-mer, les AGIGN mettent en œuvre les volets intervention spécialisée et observation-surveillance, tandis qu’en métropole, elles traitent les volets intervention spécialisée et PHP (Protection des Hautes Personnalités). »

Ce positionnement dans la chaîne d’intervention spécialisée se retrouve dès la formation. Celle-ci débute en effet par une semaine de sélection, suivie de huit semaines de formation, dont une dédiée à l’aguerrissement au combat. Comme pour le GIGN central, les candidats pour les antennes doivent être âgés de moins de 34 ans et posséder une excellente condition physique. À l’issue de cette formation, les militaires peuvent intégrer les AGIGN, et peuvent surtout continuer à se former grâce à des modules complémentaires, qui leur permettent de se spécialiser dans des domaines comme le tir embarqué, le pilotage de VBRG (Véhicule Blindé à Roues de la Gendarmerie), etc.

© GIGN

Une souplesse d’emploi

Si les personnels des antennes reçoivent une formation plus réduite que les effectifs du GIGN central, ils n’en restent pas moins experts dans le domaine du contre-terrorisme et du grand banditisme. Sur le terrain, les AGIGN interviennent au profit des unités territoriales de leur secteur. Les antennes sont également sollicitées pour agir dans le cadre de missions situées en dehors de leur zone « territoriale ». C’est le cas, par exemple, de l’antenne de Tours, détachée à Paris dans le cadre du procès des attentats du 13-Novembre, du détachement de militaires issus de différentes antennes métropolitaines déployé au côté du GIGN et de l’antenne de Nouvelle-Calédonie lors du 3e  référendum d’autodétermination du 12 décembre 2021, ou encore des détachements (en appui du GIGN ou en autonomie) projetés dans le cadre du renfort des commandements de gendarmerie de Guadeloupe et de Martinique fin 2021. Par ailleurs, en lien avec la cellule des relations internationales du GIGN, les antennes peuvent aussi être déployées à l’étranger auprès de gendarmeries « sœurs », pour réaliser des actions de formation. Une interopérabilité qui s’incarne également à travers la réalisation d’opérations au profit d’institutions nationales partenaires.

Des antennes 3.0

S’adapter toujours mieux aux territoires et à la menace est la grande force des antennes. Leur rattachement organique au Groupe en août 2021, dans le cadre de la transformation du GIGN 3.0, témoigne de la volonté de les faire monter en compétences et en puissance.

Auparavant gérées par les régions sur les questions de ressources humaines, de logistique et de matériels, les AGIGN dépendent désormais uniquement du GIGN. Un rattachement qui se fait tout en conservant la dimension de proximité avec les échelons de commandement territoriaux. « C’est un juste équilibre à conserver. Tout l’enjeu est de ne pas couper les antennes de leur territoire, et donc de conserver cette proximité avec les unités territoriales, notamment en outre-mer », explique le lieutenant-colonel Olivier, avant d’évoquer le renforcement de l’interopérabilité avec le GIGN central et la mise en cohérence des différentes antennes : « Il y a un gros travail d’harmonisation du fonctionnement des antennes par rapport aux standards du GIGN en termes d’organisation, de structure interne et d’instruction. Il faut faire en sorte qu’elles évoluent toutes de la même façon, tout en maintenant des particularismes locaux. »

Cette montée en puissance s’est déjà concrétisée sur le terrain par des engagements communs, à l’instar des traques du printemps 2021. Elle permettra ainsi de faire évoluer les moyens et d’être mieux armés face aux menaces grandissantes, à l’évolution de la délinquance et aux futurs enjeux, comme la coupe du Monde de rugby en 2023 ou les Jeux Olympiques en 2024.