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Lionel et Graf, duo à toute épreuve

Auteur : Antoine Faure - publié le
Temps de lecture: ≃3 min.
Lionel et Graf, lors de l’assaut de Dammartin-en-Goële, le 9 janvier 2015.
© F. Balsamo

Membre du GIGN depuis 2012, Lionel a pris part, avec son berger belge malinois Graf, à de nombreuses missions, dont l’assaut de Dammartin-en-Goële, le 9 janvier 2015.

Lorsque Graf pointe le bout de son museau, Lionel n’est jamais très loin. Et vice-versa. On parle d’une équipe, mais on pourrait tout aussi bien parler d’une fratrie. Ces deux-là font partie depuis des années de la même famille, vivent sous le même toit. « Graf est avec moi en permanence, confirme son maître. Ce n’est pas un fusil qu’on range au râtelier entre deux missions. Je m’occupe de lui quotidiennement, de son entraînement, de ses soins. Il est là quand on se promène en forêt avec femme et enfants. Oui, bien sûr, on peut dire qu’il fait partie de la famille. »

« La cerise sur le gâteau ! »

La vocation militaire de Lionel a été précoce. À 20 ans, il s’engage au sein de l’armée de Terre comme maître de chien au 132e bataillon cynophile. « Il y avait toujours eu un chien dans ma famille, c’était un élément essentiel de mon environnement. » Mais l’affectation ne lui convient pas réellement. « Beaucoup d’entraînements et peu de missions intéressantes, regrette-t-il. Uniquement la garde de zones techniques, de dépôts de munitions. Je voulais un métier d’action, ce n’est donc pas ce que je recherchais. »

Lors de ses déplacements à l’étranger, il a l’occasion de discuter avec des gendarmes mobiles en OPEX, dont certains vont passer les tests de sélection du GIGN. « C’était trop tard pour m’orienter vers des unités spéciales de l’armée de Terre, mais je pouvais encore tenter le GIGN. J’ai donc décidé de quitter l’armée à la fin de mon contrat, et j’ai passé le concours de sous-officier de la gendarmerie pour entrer au GIGN. »

Lionel a 30 ans, en 2012, lorsqu’il intègre la Force intervention (F.I.), « celle que je souhaitais rejoindre. J’y ai trouvé tout ce que je cherchais, en termes d’engagement, d’action, de cohésion. Je ne voulais pas être maître de chien à l’origine, mais un chien de ma section arrivait en fin de carrière, et son maître a voulu se réorienter vers le GSPR (Groupe de Sécurité de la Présidence de la République). Quand la place s’est libérée, elle m’a été proposée, en raison de mon expérience. C’était la cerise sur le gâteau ! »

« Le chien n’est jamais méchant »

Le chien constitue un outil supplémentaire pour le commandement. Il y en a toujours un engagé sur les missions, même s’il n’est pas toujours employé. « Tout dépend de la situation, explique Lionel. Il n’est pas utile, par exemple, dans le cas d’une prise d’otages, puisque pour le chien, tout le monde est une cible potentielle. En revanche, lorsque l’individu est isolé, et qu’on a besoin de fulgurance, l’animal prend toute sa place. C’est une option qui peut s’avérer décisive et permet d’éviter d’exposer des gendarmes. »

Mais Lionel insiste sur un point : « Le chien n’est jamais méchant. Pour lui, c’est un jeu et, en mission, il joue aussi, parce qu’il sait qu’il y a une récompense au bout. Tout son entraînement est basé sur du jeu, avec une augmentation progressive des difficultés, avec des coups de feu, des cris, qui seront aussi assimilés à un jeu par l’animal. »

En 2018, les deux unités cynophiles du GIGN, celle des chiens d’assaut de la F.I. et celle des chiens recherche explo de la force d’appui opérationnel, ont fusionné en une seule cellule, le Groupe appui cynophile, qui compte neuf gendarmes et intervient au profit de toutes les forces. D’abord adjoint de cette cellule, Lionel en est devenu le chef il y a trois ans. « Je voulais continuer à m’investir en étant un peu moins sur le terrain, et un un peu plus dans la gestion humaine et la formation. » Graf, de son côté, a pris une retraite bien méritée. Mais il continue de jouer.