Un flair à toutes épreuves

  • Par l'aspirante Morgane Jardillier
  • Publié le 19 novembre 2018

Créé en 2002, le Groupe national d’investigation cynophile (Gnic) est exclusivement engagé pour la recherche de restes humains (RRH), de traces de sang humain (RTSH) et de produits accélérateurs d’incendie criminels (RPAIC). Projetable sur tout le territoire national, ainsi qu’à l’étranger, l'unité intervient notamment dans le cadre de disparitions inquiétantes et d’affaires criminelles. Elle traite environ 70 affaires chaque année.

Dresser à détecter le pire avec l’innocence de ne chercher rien d’autre qu’un jouet. Douze chiens, spécialement formés par quatre maîtres de chien, s’évertuent chaque semaine à découvrir, entre autres, des traces de sang ou de restes humains, ensevelis à la suite d'une catastrophe ou dans le cadre d’un crime. Malinois, springers ou encore bergers allemands, ils composent le Groupe national d’investigations cynophile (Gnic). Rattachée au Centre d’instruction cynophile de la gendarmerie nationale, situé à Gramat, cette unité unique en France apporte ainsi son concours à tous les services d’enquêtes de gendarmerie ou de police, ainsi qu’à toutes les juridictions, exprimant le besoin de ces funestes recherches.

Un savoir-faire unique en France

Peu de pays possèdent cette spécialité. En France, l'affaire Dutroux a provoqué undéclic pour ce type de recherches. « C’est la découverte, par une équipe canine belge, des corps de Juliette et Mélissa, enterrés dans le jardin sous plusieurs mètres cubes de terre, qui a conduit à la création de cette unité », révèle l’adjudant-chef Michael Jouniaux, commandant le groupe national d’investigation cynophile de la gendarmerie.

Cette unité, au savoir-faire si particulier et unique, a ainsi participé, entre autres, à la recherche de victimes de catastrophes naturelles (Tsunami en 2004) et aériennes (Germanwings en 2015) ou encore de génocides en Afrique. Elle est revenue dernièrement sous le feu des projecteurs lors de la disparition de la petiteMaëlys, dont le corpsa notamment été retrouvé grâce au flair de ces chiens. « Nous intervenons dès lors qu’un ressortissant français disparaît », résume le sous-officier. En 2017, les membres du Gnic ont été mobilisés plus de 280 jours.

Le fameux « flair » des enquêteurs … et des chiens !

Les chiens de Gramat sont parfois engagés pour « fermer la porte » d’une enquête… et souvent, pour confirmer l’hypothèse du pire.

« Dans un premier temps, nous donnons un avis technique par téléphone aux enquêteurs qui nous sollicitent », explique l’adjudant-chef. Les cartographies et les photographies permettent par la suite d’avoir une idée de la faisabilité de la mission. »

Très souvent engagé sur de larges secteurs, le chien est un outil précieux, dont le caractère indispensable est reconnu des enquêteurs et des magistrats. Ils permettent de gagner du temps et de conduire rapidement à la découverte d’éléments clefs. Et à défaut de trouver un corps, le flair du chien peut confirmer si un corps sans vie a séjourné à un endroit et ainsi réorienter, si besoin, les investigations.

© Sirpa gendarmerie - MAJ F. Balsamo

La mort ou le jeu au bout de la laisse

À l’approche des zones indiquées par les enquêteurs, les maîtres de chien se concentrent, alors que les chiens, eux, sont en proie à une certaine excitation. Leurs millions de cellules olfactives sont en alerte !

« Si le terrain le permet, on le sectorise pour faciliter le travail de recherche du chien », décrit le maréchal des logis-chef Nicolas Braems, maître de chien au Gnic. La truffe au sol, le chien traque la moindre odeur. Soudain, il il gratte énergiquement la zone indiquant à son maître l'endroit suspect. « Quand le chien marque, on fait contrôler la zone par une autre équipe pour avoir confirmation avant de le signaler aux enquêteurs. Le chien n’est pas infaillible, alors on s’autocontrôle », renseigne le sous-officier.

Leur récompense n’est autre qu’un boudin en tissu, auquel ils ont associé l’odeur de cadavre, dont la valeur semble inestimable à leurs yeux. À croire que le crime a un parfum bien particulier… celui du jeu !

Des chiens comme les autres

Pour dresser ces chiens, une seule méthode pour les maîtres : le jeu. « Tout comme les chiens qualifiés stup, explo, billets ou armes et munitions, ce sont des chiens de recherches avant tout.Seule la matière et la technique diffèrent », explique l’adjudant-chef Jougniaux.

L'un des critères le plus important dans le choix de ces animaux : leur capacité à travailler dans des conditions difficiles. « Ils sont amenés à évoluer dans un environnement dégradé, détruit ou difficile d’accès : forêts, décharges, ruines, ronciers, en montagne, sur des sentiers pentus et dans bien d'autres endroits les plus inimaginables. Ils doivent donc avoir une excellente condition physique », indique le commandant du Gnic.

© Sirpa gendarmerie - MAJ F. Balsamo

Au-delà de leur robustesse, leur sociabilité et leur côté joueur sont tout autant de critères indispensables.

Tous les chiens ont donc leur chance. « Nous ne sommes pas fixés sur une race en particulier. Nous avons des malinois et des springer, qui sont excellents pour ces missions. Mais nous pouvons avoir d’autres races si elles remplissent les conditions », confie le MDC Braems. Les maîtres de chien du Gnic sont d’ailleurs les seuls en gendarmerie à pouvoir sélectionner et dresser leurs propres chiens.

Et si les critères de sélection sont stricts pour les chiens, il en est de même pour leurs maîtres. « C’est un métier de haute technicité. Nous confions ces chiens à des personnels déjà très expérimentés et dotés d’un excellent mental… Car il faut bien être conscients que nous ne sommes pas engagés pour sauver des vies … », conclut l’adjudant-chef.

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