Une formation au poil !

  • Par Angélina Gagneraud
  • Publié le 19 novembre 2018
Le Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), basé à Gramat, tourne à plein régime toute l'année. Il nous ouvre les portes de son chenil et nous dévoile ses secrets de formation.
© SirpaGend – BRC F. Garcia

Avec 534 chiens répartis en métropole et outre-mer et 449 équipes cynophiles à former ou à recycler sur toute la France, un peu plus d'une centaine de chiens à acheter chaque année mais cinq fois plus à tester, le Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), basé à Gramat, tourne à plein régime toute l'année. Il nous ouvre les portes de son chenil et nous dévoile ses secrets de formation.

En gendarmerie, les chiens font, en moyenne, carrière durant 6 à 8 ans. L'équipe formée entre le maître et son chien constitue alors un véritable enjeu d'avenir opérationnel. Responsable de la sélection et de la formation, initiale et continue, le CNICG joue un rôle essentiel. Les dresseurs/instructeurs du centre, eux-mêmes anciens maîtres de chien expérimentés, en sont la clé. Ils doivent faire preuve de pédagogie, tant avec l'animal qu'auprès de l'homme, mais également de sensibilité professionnelle pour toujours « sentir » si le duo fonctionne.

Celui-ci sera amené à travailler dans l'un des trois grands domaines de la cynotechnie en gendarmerie : pistage, recherche de stupéfiants ou d'explosifs. Certaines technicités peuvent être associées comme celles des piste/avalanche, stupéfiants/défense ou « Sambi » : stupéfiants, armes, munitions, et billets de banque,...)

Cette polyvalence est rendue possible grâce aux compétences de certaines races, notamment le Malinois. Qualifié de véritable couteau suisse par les dresseurs, le Malinois peut exercer toutes les technicités, alors que le Springer sera plus spécialisé dans la recherche de matière. Le Saint-Hubert dispose, quant à lui, de l'odorat le plus développé parmi ses congénaires. Cette performance mêlée à son esprit chasseur le rend capable de séparer les odeurs et de travailler plusieurs jours après le passage de la personne recherchée. Il aime tellement la présence des humains qu'il est le seul au sein de l'Institution à être « recruté » dès ses deux mois et à vivre chez son maître, avec sa famille, plutôt qu'au chenil.

Flairer la bonne truffe

À partir de son 10e mois, le jeune chien peut être testé par un maître déjà en unité ou par un dresseur/instructeur du centre. Les qualités recherchées chez lui détermineront son avenir professionnel au sein de l'Institution. Pour être sélectionné, il doit se montrer sociable, équilibré mais surtout fanatique au jeu. En effet, le dressage étant basé sur la récompense, le chien doit absolument vouloir retrouver son jouet et être félicité lorsqu'il le récupère.

Si le chien est retenu, trois mois de « débourrage » s'ensuivent au CNICG poursuivies de 14 semaines de formation initiale avec le futur maître. Ce parcours rythme l'année de travail du dresseur/instructeur, comme Jérôme Devez, ouvrier d'état. « Chacun de nous connaît parfaitement son cheptel composé de sept chiens : six pour les stagiaires et un en secours, au cas où. Cette étape du "débourrage" est la plus importante puisque nous apprenons à connaître les chiens en nous appuyant sur leurs qualités naturelles et les amenons au niveau de mi-stage. »

  • Au cours de la formation, les instructeurs apprennent aux stagiaires à ne pas raisonner en humain mais à comprendre le langage de leur chien. C'est ce qu'ils nomment la « lecture du chien ». SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Au cours de sa formation initiale, le chien Rexpemo mémorise plusieurs explosifs (industriel, militaire, artisanal). Pendant la phase de « débourrage », il en a déjà appris trois. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Dès les premiers jours de la formation, le maître doit apprendre à s'extérioriser pour donner envie au chien. Cette théâtralisation est la clé pour entretenir son fanatisme au jeu. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le métier de dresseur/instructeur nécessite fermeté, pédagogie et expérience. Ces qualités se transmettent essentiellement de manière orale et pratique, au fil des stages et de l'arrivée au centre d'anciens maîtres de chien souhaitant partager leur savoir. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Alors qu'un maître de chien est formé durant 14 semaines, les suppléants sont, quant à eux, en stage à Gramat pour 5 semaines. Le rôle de suppléant est essentiel pour le quotidien du chien. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le « mariage » est arrangé par les équipes du CNICG selon les personnalités des militaires et des chiens. Ces derniers n'ont connu que le chenil et le dresseur/instructeur au cours de la phase de « débourrage". Ainsi, leur rencontre avec leur futur maître est déterminante, voire émouvante. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le stage inclust des exercices de nuit, notamment pour les équipes qualifiées défense. Le cheptel de cet instructeur comporte des chiens « à caractère » mais il doit veiller à ce que le chien ne prenne pas le dessus sur son maître. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • « Le malinois est un véritable couteau suisse, explique Jérôme Devez. On peut le dresser à toutes les technicités alors que certaines autres races, comme le Springer, sont plus spécialisées dans un domaine. Pour cet exemple il s'agit de la recherche de matières. » SirpaGend – BRC F. Garcia

  • La recherche de billets est une technicité qui a augmenté ces dix dernières années, et les saisies d'argent sale peuvent dépasser plus de 20 millions d'euros par an par la seule activité des chiens. L'ADJ Besnard et Loca s'entraînent. (image d'archive - Sirpagend-MAJ F. Balsamo)

     

  • Les exercices de mordant de nuit ponctuent le stage des équipes cynophiles affectées au sein d'un peloton de surveillance et d'intervention gendarmerie. Les chiens de cette technicité sont les seuls à ne pas posséder de jouet, leur récompense ultime étant de mordre l'individu visé par leur maître. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Les stagiaires et leurs chiens qualifiés Rexpemo s'exercent aux différentes phases d'apprentissage : la recherche ciblée (sur un individu), dynamique (remonter un flux de personnes), statique (filtrage), le perfectionnement (avec des odeurs et du bruit qui parasitent le flair). SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le Saint-Hubert possède un véritable esprit chasseur : il aime l'Homme et veut le rechercher à tout prix. Il aime tellement la présence des humains qu'il est le seul au sein de l'Institution à être « recruté » dès ses deux mois et à vivre chez son maître, avec sa famille, plutôt qu'au chenil. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le Saint-Hubert est la race qui dispose de l'odorat le plus développé. Il est capable de discriminer les odeurs et de travailler dessus plusieurs jours après le passage de la personne recherchée. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Au cours de la formation, les instructeurs apprennent aux stagiaires à ne pas raisonner en humain mais à comprendre le langage de leur chien. C'est ce qu'ils nomment la « lecture du chien ». SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Au cours de sa formation initiale, le chien Rexpemo mémorise plusieurs explosifs (industriel, militaire, artisanal). Pendant la phase de « débourrage », il en a déjà appris trois. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Dès les premiers jours de la formation, le maître doit apprendre à s'extérioriser pour donner envie au chien. Cette théâtralisation est la clé pour entretenir son fanatisme au jeu. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le métier de dresseur/instructeur nécessite fermeté, pédagogie et expérience. Ces qualités se transmettent essentiellement de manière orale et pratique, au fil des stages et de l'arrivée au centre d'anciens maîtres de chien souhaitant partager leur savoir. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Alors qu'un maître de chien est formé durant 14 semaines, les suppléants sont, quant à eux, en stage à Gramat pour 5 semaines. Le rôle de suppléant est essentiel pour le quotidien du chien. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le « mariage » est arrangé par les équipes du CNICG selon les personnalités des militaires et des chiens. Ces derniers n'ont connu que le chenil et le dresseur/instructeur au cours de la phase de « débourrage". Ainsi, leur rencontre avec leur futur maître est déterminante, voire émouvante. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le stage inclust des exercices de nuit, notamment pour les équipes qualifiées défense. Le cheptel de cet instructeur comporte des chiens « à caractère » mais il doit veiller à ce que le chien ne prenne pas le dessus sur son maître. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • « Le malinois est un véritable couteau suisse, explique Jérôme Devez. On peut le dresser à toutes les technicités alors que certaines autres races, comme le Springer, sont plus spécialisées dans un domaine. Pour cet exemple il s'agit de la recherche de matières. » SirpaGend – BRC F. Garcia

  • La recherche de billets est une technicité qui a augmenté ces dix dernières années, et les saisies d'argent sale peuvent dépasser plus de 20 millions d'euros par an par la seule activité des chiens. L'ADJ Besnard et Loca s'entraînent. (image d'archive - Sirpagend-MAJ F. Balsamo)

     

  • Les exercices de mordant de nuit ponctuent le stage des équipes cynophiles affectées au sein d'un peloton de surveillance et d'intervention gendarmerie. Les chiens de cette technicité sont les seuls à ne pas posséder de jouet, leur récompense ultime étant de mordre l'individu visé par leur maître. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Les stagiaires et leurs chiens qualifiés Rexpemo s'exercent aux différentes phases d'apprentissage : la recherche ciblée (sur un individu), dynamique (remonter un flux de personnes), statique (filtrage), le perfectionnement (avec des odeurs et du bruit qui parasitent le flair). SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le Saint-Hubert possède un véritable esprit chasseur : il aime l'Homme et veut le rechercher à tout prix. Il aime tellement la présence des humains qu'il est le seul au sein de l'Institution à être « recruté » dès ses deux mois et à vivre chez son maître, avec sa famille, plutôt qu'au chenil. SirpaGend – BRC F. Garcia

  • Le Saint-Hubert est la race qui dispose de l'odorat le plus développé. Il est capable de discriminer les odeurs et de travailler dessus plusieurs jours après le passage de la personne recherchée. SirpaGend – BRC F. Garcia

Le métier de dresseur/instructeur nécessite fermeté, pédagogie et expérience. Cette dernière se transmet essentiellement à l'oral, au fil des stages et de l'arrivée au centre d'anciens maîtres de chien souhaitant partager leur savoir. « L'avenir de la cynotechnie en gendarmerie réside dans cette transmission, dans ce partage des retours d'expérience. Dédier un passage de sa carrière à la formation fait en quelque sorte partie du métier », déclare l'adjoint au chef du CNICG, le lieutenant-colonel Paul Betaille.

Maîtres et chiens s'apprivoisent

Parce qu'un chien ne travaillera pas seul, en parallèle, le candidat maître est également testé sur sa motivation et ses aptitudes, d'abord au sein de sa région d'origine, puis à Gramat. Après un test psychologique, un entretien de motivation et une course de 8 kilomètres en treillis/rangers, le dossier du militaire sélectionné passe entre les mains de la cellule évaluation/contrôle du centre. L'enjeu est grand : réaliser le « mariage » le plus heureux entre le futur maître et son chien, selon la personnalité de chacun. Alors qu'aucun des deux ne s'est encore rencontré !

Que le maître soit novice ou expérimenté, la formation initiale dure 14 semaines au sein du CNICG. « Le chien va dicter le rythme de travail, explique Jérôme Devez. On commence par 15 jours de familiarisation entre le futur maître et son chien, pour créer une osmose entre eux. »

L'une des étapes importantes de ce début de formation est d'apprendre aux stagiaires à ne plus raisonner en humain mais à comprendre le langage de leur chien. C'est ce que les dresseurs appellent la « lecture du chien ». Puis, les aspects techniques sont développés :

« Chaque compétence est travaillée méthodiquement, une difficulté à la fois, pour que l'équipe soit opérationnelle dès sa sortie du centre. Mais elle devra toujours s'entraîner, c'est essentiel ! »

Il faut compter trois ans de dressage pour faire évoluer le chien jusqu'à maturité. Un recyclage a lieu à la fin de la première année d'emploi pour perfectionner le niveau de ce tout jeune duo.

Rexpemo : une compétence rare

Expérimentée en 2014 et développée depuis 2016, la technicité Rexpemo (Recherche d'explosifs sur personnes en mouvement) constitue une compétence rare en France. La gendarmerie s'est lancée très tôt dans l'aventure.

Pour en découvrir un peu plus, rencontrez Néo, Woggle, Lali, M-Kayron, Mac et Lilou ainsi que leurs futurs maîtres. Ces duos récemment formés vont faire monter à 30 le nombre d'équipes cynophiles qualifiées Rexpemo de la gendarmerie nationale.

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