La prévôté en soutien à la force Barkhane
- Par la capitaine Gaëlle Pupin
- Publié le 10 septembre 2018
Engagé depuis 2013 dans le cadre de l’opération Serval, le détachement de gendarmerie prévôtale de Gao accompagne les soldats français déployés au Mali et assure des missions de police judiciaire militaire, de police générale, d’appui et de renseignement. Constituant l’un des principaux foyers de tensions et d’attentats contre les militaires, le Mali est un théâtre d’action exigeant au quotidien.
« Le détachement de Gao prévoit une brigade prévôtale à six militaires et une antenne à deux prévôts sur la Plateforme désert relais (PfDR) de Kidal, explique le lieutenant-colonel Emmanuel Marie, chef du détachement. Tous sont habilités officier de police judiciaire des forces armées sur l’ensemble de la Bande Sahélo-Saharienne (BSS), ce qui permet de se renforcer mutuellement au besoin, en termes d’effectifs ou de compétences techniques. »
Une polyvalence de tous les instants
À l’image du travail des gendarmes départementaux en métropole, les prévôts assurent des missions de police judiciaire et préviennent ou traitent les infractions qui pourraient mettre en cause les militaires français. Vols d’ordinateurs ou de téléphones en retour de mission, violences, altercations entre militaires ou entre supérieurs et subordonnés, etc. « C’est notre première vocation, précise le LCL Marie. Cependant, à la demande du commandement de la force, nous assurons également des missions d’appui. » Ainsi, les prévôts exercent des missions extrêmement diverses, dans des domaines aussi variés que la police générale, la recherche du renseignement, le contentieux, l’état-civil ou bien encore la législation douanière. « Il nous appartient, entre autres, de prévenir et de réprimer les incidents et les troubles à l’ordre public survenus au sein de l’emprise militaire. En lien avec le comsite et l’encadrement de contact, nous veillons au respect du règlement de sécurité intérieure. » La confiance dans l’intégrité du gendarme amène également les prévôts à effectuer des missions de « caution morale ». Ainsi, à l’occasion des relèves, en fin de mandat, ils contrôlent les caisses de matériels sensibles (armement, munitions) et les mettent sous scellés. « C’est une mission de circonstance mais qui a son importance. Qu’il s’agisse de remise d’armes aux autorités maliennes ou à la Minusma, ou qu’il s’agisse de réceptionner une cuve à eau, le sceau du prévôt garantit que tout s’est passé dans les règles. Il en va de même pour le suivi des personnes capturées. Si la phase d’interrogatoire nous échappe complètement, en revanche, nous intervenons soit pour le transfert aux autorités à Bamako, soit pour les libérations. »
En outre, grâce à ses contacts privilégiés avec les autorités judiciaires locales, la prévôté fait partie intégrante de la chaîne de renseignement de Barkhane. « Lors de nos patrouilles hebdomadaires dans Gao, nous nous efforçons de nouer des liens solides avec le procureur et les forces de sécurité intérieures locales. S’il ne s’agit pas de renseignement opérationnel pur, il contribue néanmoins à la sécurité des militaires et de leur emprise. »
Un ancrage militaire nécessaire
« Notre détachement au Mali est une mission exigeante. Il nécessite un véritable engagement aux côtés des soldats français, explique le major Bertrand Norois, commandant la brigade prévôtale. Notre positionnement est parfois délicat. À nous de montrer notre savoir-faire et dans quelle mesure il est une plus-value pour l’armée. » L’engagement des prévôts au sein des convois logistiques en est l’exemple le plus prégnant. « Notre mission est de faciliter ce convoi, dans un environnement hostile, où le risque d’IED est réel. Elle permet aux militaires de se concentrer sur le cœur de leur mission. Par exemple, en cas d’accrochage matériel, corporel, ou de warning shot (tir d’avertissement), nous mettons à disposition nos compétences pour définir les responsabilités et nous effectuons un procès-verbal de renseignement militaire. » Constatations, avis techniques, traitement du contentieux routier, appui à l’officier d’état-civil lors de blessure ou de mort au combat... Les prévôts sont présents sur tous les fronts. « La proximité et la rusticité inhérentes à ces convois ont permis de rappeler à nos camarades soldats, si besoin en était, notre condition de militaire, ajoute le major Norois. Le stage prévôtal à Beynes et la mise en condition opérationnelle avant la projection étaient, en ce sens, parfaitement adaptés pour nous préparer à cette mission. »
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