En mission sur le « caillou »

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 29 décembre 2021
© Gendarmerie nationale

Entre le 6 et le 14 décembre 2020, la Nouvelle-Calédonie a été le théâtre de fortes tensions. Retour sur l’engagement de l’EGM 12/6 de Lodève lors de cette opération de maintien de l’ordre.

Comme le rappelle le lieutenant-colonel (LCL) Alban Delalonde, adjoint au chef du bureau de la sécurité et de l’ordre publics, « la Nouvelle-Calédonie est un territoire relativement calme en temps normal, bien que certaines situations locales soient tendues de manière régulière. Mais surviennent souvent des phénomènes éruptifs qui peuvent monter rapidement et massivement dans le haut du spectre. »

Un tel événement est survenu en décembre 2020 sur le « caillou ». L’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 12/6 de Lodève était engagé en première ligne lors de cette crise. « Nous sommes arrivés sur l’île début octobre, en renfort pour le maintien de l’ordre, dans le dispositif du référendum du 4 octobre, rapporte le chef d’escadron (CEN) Dimitri, à l’époque commandant de l’EGM 12/6. Cette mission devait durer un mois, mais nous sommes finalement restés trois mois. C’était un peu particulier pour nous, car nous revenions à peine d’un autre engagement en outre-mer, de février à mai, en Guyane, dans le cadre de la mission Harpie de lutte contre l’orpaillage illégal. »

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« La tension est montée crescendo »

Le week-end du référendum avait été relativement calme et, de fait, les militaires de l’escadron n’avaient pas eu à intervenir. Ils ont ensuite assuré le service de maintien de l’ordre lors de la visite officielle de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, depuis son confinement, dès son arrivée sur l’île, jusqu’à son départ à l’issue de la visite. « Le climat était alors toujours serein, note Dimitri. Les choses se sont compliquées par la suite. »

L’EGM va effectivement être engagé sur plusieurs opérations de maintien de l’ordre, sur fond d’opposition à la vente de l’usine de nickel exploitée par la société Vale, sur le port de Prony, au sud de la Nouvelle-Calédonie. « La tension est montée crescendo, raconte le chef d’escadron. Un accord a été trouvé entre les différents protagonistes pour que les blocages cessent et que le travail puisse reprendre. Mais finalement, les blocages ont été maintenus, et nous avons reçu l’ordre de libérer les accès à l’usine. »

La phase de négociation tourne court. « Ils n’étaient pas très ouverts au dialogue... Il y avait parmi eux des indépendantistes kanaks très virulents et violents, potentiellement armés et dangereux. Les adversaires n’étaient pas très nombreux, entre 100 et 150, mais ils étaient mobiles et connaissaient bien le terrain, particulièrement les salariés de l’usine. »

Un Poste de commandement (P.C.) de crise est activé le dimanche 6 décembre, permettant de commander et de suivre la manœuvre, d’organiser les projections, en lien avec les Forces Armées de la Nouvelle-Calédonie (FANC), et d’adapter en permanence le dispositif. Le général de division (GDI) Christophe Marietti, commandant la gendarmerie pour la Nouvelle-Calédonie, prépare la manœuvre avec le commandant du Groupement tactique de gendarmerie mobile (GTGM) et les chefs d’unité, en s’appuyant sur des cartes et des prises de vue aériennes. L’EGM 12/6 est renforcé pour cette mission par un peloton d’un escadron de Satory et des militaires de l’antenne GIGN de Nouméa, soit 90 gendarmes au total, avec deux Véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG).

© Gendarmerie nationale

« Un engagement 24 heures sur 24 »

« Il s’agissait d’une opération très sensible, car le site est classé Seveso 2, et sa destruction aurait entraîné des conséquences irréversibles en termes de contamination chimique de la population et de l’environnement, poursuit le CEN Dimitri. La priorité de la mission était donc de défendre la partie industrielle de l’usine, et les effectifs ont été répartis en fonction de cet objectif. »

L’intervention débute le dimanche, très tôt le matin, tandis que les manifestants dorment encore. Les affrontements vont durer une semaine, les gendarmes mobiles essuyant de nombreux caillassages qui feront plusieurs blessés, dont deux sérieusement. « C’était un engagement 24 heures sur 24, extrêmement fatigant. Nous avons très peu dormi. La chaleur était supportable, mais tout de même éprouvante en raison du poids de notre équipement. »

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Après l’évacuation par la mer des quelque 200 salariés, avec l’appui de la Brigade nautique (B.N.) de Nouméa, les militaires de l’antenne GIGN interviennent, avec un armement spécifique pour crever les pneus des énormes engins de chantier, détournés par les manifestants. « Quand ils ont vu les gendarmes de l’antenne débarquer en Puma, ils ont compris que c’était terminé, que ce n’était plus la peine d’insister », se souvient le commandant d’escadron.

L’EGM appuie alors l’AGIGN pour disperser les manifestants, avec des gaz et des grenades explosives lacrymogènes. Le calme est revenu définitivement durant la nuit. De retour à Nouméa, les gendarmes mobiles ont été accueillis par le Haut-commissaire de Nouvelle-Calédonie, représentant de l’État sur l’île, le GDI Marietti et un représentant de la direction de l’usine, extrêmement reconnaissant.

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