GBGM : des cellules et des moyens spéciaux au service du maintien de l'ordre

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 29 décembre 2021
© GND F. Garcia

Le Groupement blindé de la gendarmerie mobile (GBGM) constitue une réserve gouvernementale spécifique, à même de s’engager rapidement sur un spectre large de crise, y compris dans des situations extrêmes susceptibles de mettre en péril le fonctionnement normal des institutions de l’État, au niveau national comme en OPEX. Pour cela, il dispose notamment de cellules nationales de haute technicité ainsi que de moyens spécifiques, tels que les véhicules blindés.

La Cellule nationale d’appui à la mobilité (CNAMO)

La CNAMO a été créée en 2011 pour désentraver sans les blesser les activistes redoublant d’imagination lorsqu’il s’agit, par exemple, de bloquer un convoi nucléaire ou d’occuper illégalement une zone. Si ces adversaires multiplient leurs modes d’action (corps enchaînés volontairement à des grilles ou des rails, entravés à l’aide de tubes, de structures en béton armé ou d’antivols de moto, personnes suspendues dans le vide, etc.), les cinq gendarmes composant la cellule ne manquent pas de ressources pour les libérer et les mettre en sécurité, tout en facilitant la manœuvre des gendarmes mobiles.

Chaque militaire de la CNAMO engagé sur une intervention assure une tâche bien spécifique  : un chef d’équipe supervise la mission, un logisticien prépare le matériel, un équipier prend contact avec l’adversaire et un autre travaille sur l’entrave en elle-même. À la base, tous les gendarmes de la cellule détiennent les brevets de Moniteurs en intervention professionnelle (MIP) et d’Instructeurs en franchissement opérationnel (IFO). S’ajoute à cela un an de formation pour intégrer le protocole et savoir maîtriser un outillage adapté (disqueuse thermique, perforateur, burineur, etc.), afin d’obtenir le monitorat en désentravement. Ainsi, contrairement à leurs homologues allemands, les personnels de la CNAMO maîtrisent à la fois le désentravement terrestre et l’intervention en hauteur.

Bien que la CNAMO intervienne sur des situations tendues, avec des individus souvent hostiles aux forces de l’ordre et récalcitrants, chaque intervention est considérée comme un secours. Aussi, tous formés PSE2, les gendarmes de la cellule assurent toujours un soutien sanitaire au sol, équipés de leur lot de secours et du matériel destiné à protéger l’adversaire lors de l’intervention (casque, lunettes, couverture anti-feu, cotte de maille, etc.). De même, lorsqu’il s’agit de faire descendre une personne retranchée en hauteur, celle-ci est sécurisée et entravée pour éviter qu’elle ne bloque sa descente ou qu’elle ne se détache et se mette en danger.

La Cellule nationale d’observation et d’exploitation de l’imagerie légale (CNOEIL)

© GND F. Garcia

Créée en 2013, à la suite des manifestations ayant eu lieu en marge du sommet de l’OTAN, la CNOEIL permet d’effectuer des captations d’images (photos et vidéos) et de les retransmettre aux chefs des unités concernées par l’événement, via un poste de commandement opérationnel.

Intervenant aussi bien sur des manœuvres d’ordre public d’ampleur nationale (évacuation de Notre-Dame-des-Landes, manifestations des «  gilets jaunes  », etc.) que sur de la gestion de foule au niveau local (festivals, événements sportifs, etc.), la CNOEIL constitue une véritable aide au commandement. Elle permet aux chefs opérationnels d’avoir une vision sur les différents compartiments de terrain et sur les comportements des individus présents avant de prendre des décisions. Elle participe ainsi à l’appui des forces mobiles lors d’engagements au maintien de l’ordre, à l’identification des auteurs d’infractions, et permet de faire la preuve par l’image de la légalité de l’action des forces de l’ordre. À cette fin, les cinq personnels composant la cellule et issus de la gendarmerie mobile ont été formés par les plus anciens, par le ST(SI)2, mais aussi auprès des constructeurs civils fournissant le matériel.

Différents outils sont à leur disposition :

• Les stations œil 1 et 2 : deux Renault master équipés de mâts télescopiques pouvant respectivement atteindre jusqu’à 5,50 m et 6,50 m. Grâce à la technologie embarquée au sein des véhicules, les images peuvent être retransmises via la 4G à n’importe quel support intranet sécurisé (ordinateur, tablette, Néogend) ;

• un miniréseau de caméras fixes, en filaire ou en wifi, peut être installé en amont par les gendarmes de la CNOEIL, lorsqu’il s’agit d’opérations calmes et prévisibles de gestion de foule (exemple : meeting aérien) ;

• un drone peut également être employé par les personnels de la cellule, qui ont tous été formés télépilotes. Comme le prévoit la législation en matière de vidéoprotection, les images enregistrées par la CNOEIL sont automatiquement supprimées au bout de 30 jours maximum. La durée de conservation peut être réduite si le préfet ayant autorisé l’intervention de la cellule en fait mention dans un arrêté de vidéoprotection provisoire. À l’inverse, elle ne peut être prolongée que dans deux cas spécifiques :

• sur réquisition pour une utilisation dans le cadre d’une procédure judiciaire ; • au titre de la formation, à condition que tous les éléments d’identification soient floutés.

La Force nationale Nucléaire Radiologique Biologique Chimique (NRBC)

© MI DICOM - J. Rocha

La Force nationale NRBC peut être employée dans ses différentes composantes scientifiques, que ce soit au titre de la prévention (levée de doute, formation NRBC des gendarmes), de l’ordre public ou de la sécurité publique (visite officielle, catastrophe naturelle ou industrielle, etc.), ou de l’appui judiciaire (découverte de cadavre, autopsie, etc.).

Ses personnels, issus aussi bien de la gendarmerie mobile que de la départementale (dont des techniciens en identification criminelle), doivent avoir une bonne condition physique et une certaine appétence pour le domaine scientifique. Ils sont ensuite formés en interne, mais aussi en partenariat avec les pompiers, les industriels et des spécialistes du Val de Grâce.

Quelle que soit la nature du risque, la cellule applique un protocole adapté à la situation :

• un camp de base est déployé, comportant des tentes pour préparer et conduire la mission ;

• des zones de travail sont définies via l’Ensemble modulaire de décontamination mobile (EMDM) :

- le sas d’entrée/sortie permettant le contrôle de l’étanchéité de la tenue, avec une douche de décontamination déployée au besoin et une zone de déshabillage. La Force nationale NRBC est entièrement autonome, avec tout l’équipement nécessaire embarqué, notamment une citerne de 600  litres et différentes pompes permettant de se procurer de l’eau au point le plus proche ;

- une zone de contrôle des matériels ; - #une zone de déchets ; l’unité procédant également ensuite à la mise en fûts des déchets contaminés pour envoi vers une société de retraitement spécialisée ; - un sas judiciaire pour la sortie des preuves judiciaires si besoin.

• Une phase de reconnaissance de la zone incriminée est effectuée par un trinôme composé du chef d’équipe, de l’équipier détection radiologique « mains sales » et de l’équipier détection chimique « mains propres ». La tenue portée est adaptée à la situation et peut être composée d’un scaphandre avec un Appareil respiratoire isolant (ARI) ou d’une simple tenue papier avec un masque respiratoire et une cartouche filtrante. Dans le cas le plus contraignant, cette phase doit se faire en moins de 45 minutes (capacité des bouteilles de l’ARI), au cours desquelles le trinôme doit récupérer un maximum d’informations concernant la scène (photos, vidéos, schémas, etc.) ;

• au cours du débriefing, une réévaluation du risque est faite, à la suite de quoi le chef d’équipe peut envisager d’alléger la tenue, afin de bénéficier de davantage de temps sur la scène (4 à 5  heures). L’équipe, composée a minima d’un chef d’équipe, d’un personnel « mains propres » et d’un «  mains sales  », retourne sur zone pour réaliser les prélèvements, puis les apporte au sas pour leur mise en sachets avec un triple emballage (afin d’éviter toute fuite de contamination pendant 24  heures, temps imparti maximal pour qu’ils parviennent au laboratoire). L’unité peut prendre en charge le transport des scellés contaminés si besoin, puisque tous les militaires sont habilités au titre de l’Accord européen relatif au transport international de marchandises dangereuses par route (ADR pour Accord for Dangerous goods by Road).

La Cellule nationale de planification des escortes (CNPE)

Créée en 2015, la CNPE a pour mission de planifier et de coordonner l’ensemble des effectifs assurant l’escorte et la garde des convois de la Banque de France (BDF), que ce soit par voie routière, aérienne ou maritime. Ces missions sont opérées par quatre pelotons de gendarmes mobiles répartis au sein de la région Île-de-France pour la zone Nord, et par l’escadron de Clermont-Ferrand pour la zone Sud. La CNPE suit le bon déroulement des escortes et conseille les chefs d’escorte, mais aussi les services planification de la Banque de France, face aux différentes situations rencontrées. Une formation semestrielle des pelotons de gendarmes mobiles, des personnels responsables de missions et de l’ensemble des conducteurs civils est organisée avec le soutien du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG).

Les véhicules blindés de la gendarmerie

GND F. Garcia

Les blindés de la gendarmerie constituent une garantie de protection et de mobilité des forces de l’ordre, de liberté d’action et de sécurité des organes gouvernementaux. Ils permettent une intervention graduée et un emploi proportionné de la force au rétablissement de l’ordre, mais sont aussi précieux dans d’autres contextes (escortes, reconnaissance d’axes, assistance à la population). Les blindés ne peuvent être engagés que sur autorisation écrite du Premier ministre, ou du préfet de la zone de défense et de sécurité quand il s’agit d’employer ceux implantés sur son territoire. Déployée en métropole et en outre-mer, cette composante est aujourd’hui en cours de renouvellement. 90 engins neufs doivent être commandés puis livrés entre  2022 et 2024.

• Les Véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG)

En dotation depuis 1975, le VBRG, encore aujourd’hui en service, est le moyen blindé prioritairement engagé par la gendarmerie au maintien de l’ordre. Au-delà de l’équipage (trois militaires), il peut transporter cinq militaires équipés. Son blindage résiste à différents calibres et son gabarit fait qu’il demeure relativement maniable par rapport à ses capacités de transport. Doté d’une autonomie de 500 km et d’une vitesse maximum de 80 km/h, il peut rejoindre la zone d’engagement par voie aérienne ou routière, de façon autonome ou sur porte-char. Équipé d’un disperseur lacrymogène, une lame de dégagement d’obstacles ou un treuil peuvent également être rajoutés si besoin. Il possède aussi un tourelleau équipé d’épiscopes d’observation, d’une lunette de visée couplée à une mitrailleuse, ainsi que d’un lance-grenades en fonction de la mission.

• Les Véhicules de l’avant blindé (VAB)

Conçus par Saviem à la fin des années 1960, les VAB sont avant tout utilisés par l’armée de Terre. La gendarmerie s’en est dotée à l’occasion de son engagement en Afghanistan. Certains d’entre eux sont déployés dans leur version surblindée en Nouvelle-Calédonie. Ces engins disposent de quatre roues motrices et peuvent atteindre la vitesse de 90 km/h maximum. Pouvant transporter jusqu’à dix personnes en plus de l’équipage, le pilote est en revanche séparé des autres, contrairement au VBRG. La tourelle permet la mise en œuvre d’une mitrailleuse.

Contacter la gendarmerie

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77

Ces contenus peuvent vous intéresser