Châteaulin : Une formation pour entrer dans la cour des grands

  • Par Elsa Vives Servera
  • Publié le 03 février 2020
© MAJ F. Balsamo

Évoluant dans un monde en proie à une crise à la fois économique, écologique, politique et spirituelle sans précédent, la jeunesse a parfois du mal à trouver sa place, manquant de repères et d’orientation. Bien consciente de ces problématiques, la gendarmerie nationale a tout mis en œuvre, au fil des années, pour donner, à ces femmes et ces hommes de bonne volonté, les outils pour faire face aux défis qui les attendent, dans un environnement durci.

Ils seront nos futurs protecteurs. Et pour que ces jeunes le deviennent, l’école de Châteaulin met tout son savoir-faire en œuvre. Le corps, le mental et le sens avec une mise en perspective sont les trois leviers sur lesquels la formation s’appuie. Sur la base de cours théoriques et pratiques, les formateurs préparent les élèves à leur futur métier et à la réalité du terrain : avoir toujours à l’esprit les valeurs du gendarme que sont l’abnégation, le courage, le don de soi, le socle identitaire, mais aussi maîtriser des situations insolites ou dramatiques, repousser les limites de la fatigue physique et psychologique.

Robustesse et aguerrissement

À Châteaulin, les futurs sous-officiers et Gendarmes adjoints volontaires (GAV) sont confrontés à de nombreux exercices concrets et mises en situation. Ces derniers, essentiels à la formation, leur permettront de garder une bonne condition physique, d’être efficaces sur le terrain, de faire face à l’évolution de la menace et des adversaires, « d’être aptes à assurer leur mission de sécurité en tout temps et en tout lieu, conformément à leur statut militaire », précise le colonel Frédéric Saulnier, commandant l’école.

C’est dans cet esprit que l’école a notamment mis en place un rallye OPIC (Optimisation du Potentiel Individuel et Collectif), comme l’explique le chef d’escadron Pierre Le Moine, adjoint au directeur de la formation : « Nous les plaçons en situation d’inconfort du début à la fin, en les mettant face à leur fatigue, leur stress et leur appréhension. Le but est réellement pédagogique. On veut qu’ils repoussent leurs limites et qu’ils aient conscience que, finalement, rien n’est insurmontable. »

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Ces exercices de « rupture de rythme » leur permettent de se forger une identité, de sortir de leur zone de confort et, surtout, de se confronter à leur futur métier. En unité, ils pourront en effet être amenés à partir à n’importe quel moment, sur n’importe quel événement dicté par l’actualité.

L’école insiste également sur le volet psychologique, en les sensibilisant à la réalité potentielle de leur métier, dans toutes ses facettes, notamment la mort. Des exercices de tuerie de masse sont ainsi organisés afin de leur apprendre à gérer non seulement leurs réactions mais aussi leurs émotions. « Nous les préparons aux missions du quotidien mais également au pire, pour qu’ils puissent gérer le meilleur, insiste le colonel Frédéric Saulnier, avant de poursuivre : « On vit dans une société où le déni de la mort est constant, avec parfois une surprotection physique et psychologique des individus. Il faut donc préparer nos jeunes à la réalité de ce qui les attend. »

Donner du sens

Beaucoup de jeunes élèves arrivent en manque de repères structurants. L’école est là pour donner un sens à leur démarche, en leur fournissant des raisons de faire ce métier, en les aiguillant, mais surtout en les faisant se questionner : pourquoi ce travail ? Quelle mise en perspective en fait-on ? Pour quelles valeurs me suis-je engagé ?

« Je me souviens du titre d’un livre d’Emmanuel de Richoufftz qui m’avait frappé « Pour qui meurt-on ? » Ce n’est en effet pas anodin de devenir gendarme. On peut recevoir la mort, on peut aussi la donner. Tout ceci nécessite que l’on réfléchisse, particulièrement en école, aux fondements de notre engagement. »

Dans cette perspective, une attention particulière est notamment portée à la réflexion menée par la promotion lors de son parrainage. « Nul doute que ces jeunes trouveront dans le culte de la mémoire de leurs glorieux anciens, des ressources et une inspiration pour faire face aux défis du quotidien. À l’image souvent proposée de héros festifs, nous offrons plutôt celle de héros du quotidien, c’est-à-dire celle d’hommes et de femmes engagés pour le service des autres. En les aidant, ils donneront un sens à leur vie. C’est ce qu’ils cherchent, confusément ou en conscience, en rejoignant nos rangs. »

Une adaptabilité permanente

Chaque année, des commissions matières réunissent les référents des différentes écoles et centres pour remettre au goût du jour les programmes en fonction des évolutions réglementaires ou législatives, mais aussi en fonction des besoins nouveaux. Cette année, des cours de contact ont par exemple été créés, afin de revenir aux fondamentaux de la gendarmerie et d’accroître également la résilience individuelle. « Nous avons mis en place des exercices de TOP (Techniques d’Optimisation du Potentiel) ainsi que des cours d’accueil. Nous avons pour cela recréé des brigades au sein de l’école, où les élèves sont mis en situation. Ils reçoivent du public et nous testons leurs réactions et analysons leur comportement », détaille le chef d’escadron Pierre Le Moine.

Cet apprentissage de l’importance du contact, ADN de la gendarmerie, irrigue l’ensemble de la formation et se décline, par exemple, lors des présentations au Drapeau des promotions, qui s’opèrent en milieu ouvert, dans les communes, en présence d’élus, de la population, de porte-drapeaux, de représentants d’associations et d’enfants des écoles, dans un souci de transmission.

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Par ailleurs, en début d’année, chaque promotion doit choisir une thématique solidaire, pouvant être en lien avec la maladie d’un enfant, un projet de restauration, etc. Des actions sont ensuite mises en place pour financer la cause choisie. Un exercice formateur qui développe chez les jeunes la capacité à s’extérioriser, à sortir de leur individualisme, pour se projeter vers des détresses qu’ils ne connaissent pas forcément. « Ils sont obligés d’aller au contact des civils, des élus, des associations. Cela développe leur aptitude au partage, à la générosité. Beaucoup veulent donner un sens à leur vie et ils ressortent grandis de cette expérience », explique le colonel Saulnier.

Continuellement, l’école de Châteaulin met un point d’orgue à aller sur le terrain chercher les bonnes pratiques et les retours terrain qui viendront nourrir la formation des futurs jeunes gendarmes, le tout entouré par des cadres exemplaires et des repères structurants. « Rien n’est jamais acquis. Nous sommes en veille constante pour améliorer le produit existant », conclut le commandant de l’école.

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