Des parcours de formation rénovés pour les officiers

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 03 février 2020
© GND F. Garcia

S’inscrivant toujours dans une démarche d’anticipation et d’innovation, la gendarmerie modernise en permanence les formations destinées à ses cadres. La formation continue des officiers a ainsi évolué de façon significative pour permettre à ces chefs d’adapter leur commandement aux besoins opérationnels comme aux réalités sociétales.

« Depuis le rattachement de la gendarmerie nationale au ministère de l’Intérieur, il y a dix ans maintenant, on assiste à une accélération du rythme d’emploi et à une véritable révolution intellectuelle. La formation a un grand rôle à jouer dans le parcours des officiers, explique le colonel Frédéric Monin, commandant le centre de formation des dirigeants de la gendarmerie nationale. Dans notre institution, les officiers changent plusieurs fois de métier au cours de leur carrière. Il s’agit donc qu’ils soient efficaces là où ils servent. »

Depuis près de deux ans, les nombreuses formations continues destinées aux officiers ont été rénovées et de nouveaux parcours ont vu le jour. Ce travail de longue haleine a été majoritairement mené par le Centre de formation des dirigeants de la gendarmerie (CFDG).

Vers du concret

Un des souhaits majeurs de cette rénovation des formations continues a été de tendre vers plus de concret, « afin que tous les officiers, à tous les niveaux, sachent agir sous le signe de l’urgence », souligne le colonel Monin. Cela se traduit notamment par des enseignements modernisés de la fameuse « MRT » (Méthode de Raisonnement Tactique), intervenant à différents stades du parcours de l’officier.

Bien qu’elle soit connue et utilisée par le plus grand nombre, des « piqûres de rappel » interviennent durant les stages d’Enseignement militaire supérieur des premier et second degrés (EMS1 et ES2), ainsi que durant les préparations aux temps de commandement de compagnie et de groupement de gendarmerie.

Les lieutenants-colonels promus dans l’année et n’ayant pas suivi une formation à la tactique de niveau « Groupement » suivent également la formation. « Aujourd’hui, tout le monde en profite, afin d’avoir une culture commune de la MRT », précise le colonel Monin. Pour autant, la méthode se veut plus souple, « pour que les gens ne se sentent pas bridés. »

© D.R.

Pour s’exercer dans des conditions les plus réalistes possibles, les officiers stagiaires se rendent au Centre d’entraînement et de simulation au commandement opérationnel (CESCO) de l’EOGN, à Melun. Installés dans des cabines individuelles immersives, avec un casque et un ordinateur, ils peuvent simuler une manœuvre opérationnelle à partir d’une cartographie et de moyens réels. Différentes thématiques leur sont proposées avec un niveau de difficulté progressif. Selon l’exercice, ils endossent tous le rôle de chef opérationnel ou se redistribuent les différentes fonctions (préfet, délégué militaire départemental, sécurité civile, etc.), alimentant la cartographie commune à chacune de leur action.

C’est l’occasion pour eux d’envisager concrètement la gestion de crise et d’imaginer des dispositifs efficaces face à des situations qu’ils n’auraient pas encore vécues. Cela leur permet également d’échanger leurs visions, entre eux, mais aussi avec des camarades déjà en poste, invités à intervenir durant les formations (stages des commandants de compagnie et de groupement) pour partager leur expérience et faire s’exercer les stagiaires sur des cas réels qu’ils ont eu à gérer.

L’officier, cadre dirigeant

L’autre nouveauté de ces formations continues réside dans l’ouverture vers le monde civil, permettant ainsi de préparer l’officier à ses fonctions de cadre dirigeant et aux interactions qu’il aura de plus en plus avec le monde administratif et privé. C’est notamment le cas de l’ES2, au cours duquel les officiers admis au concours peuvent désormais suivre d’autres scolarités que celle de l’École de Guerre, que ce soit en école de commerce (HEC, EM Lyon, ESSEC, ESCP, EDHEC, etc.), à l’École nationale d’administration (ENA), ou en écoles plus spécialisées (ENAC, CELSA, EGE, EEIE, etc.) La composition du jury du concours (pour moitié des personnalités civiles telles que des hauts fonctionnaires, des chefs d’entreprise, etc.) permet également d’apporter un regard extérieur sur les candidats.

Tout comme l’enseignement à distance, de plus en plus utilisé pour s’adapter au rythme et aux contraintes des officiers selon leur poste, certains de ces cursus sont réalisables en « full time » (toute l’année), tandis que d’autres proposent des formules en « part time », avec des cours concentrés sur un ou deux jours dans la semaine.

Pour autant, les lauréats se retrouvent pour échanger à différents moments de leur scolarité, notamment lors de leur intégration à l’ES2, où des ateliers de réflexion sont organisés. À l’image des grandes entreprises et des écoles de l’administration, les officiers sont invités à réfléchir sur des sujets majeurs pour l’Institution, afin de faire des propositions au directeur général.

Une Mission des hauts potentiels (MHP) a également été créée au sein de la direction générale de la gendarmerie nationale. Elle a pour vocation d’identifier et d’accompagner, à travers un parcours individualisé, un vivier d’officiers destinés à assumer les plus hautes responsabilités au sein de l’Institution, voire de l’État. Dans cet esprit, différentes formations leur sont proposées : préparation à une mobilité extérieure, accompagnement sur l’usage des réseaux sociaux, etc.

Échanges de bonnes pratiques

S’inscrivant toujours dans une démarche d’ouverture, la gendarmerie échange un maximum de connaissances avec le monde civil. Dans la nouvelle version de l’EMS1, d’une durée d’un mois et ouvert à tous les jeunes capitaines, une semaine « initiation au management » est dispensée par une société privée. « Le commandement et le management ne doivent pas être opposés, dans les deux cas c’est une affaire de « chef », rappellent les cadres du CFDG.

Les stagiaires peuvent découvrir, à travers ce module, des méthodes utilisées par les cadres en entreprise (gestion de projet, conduite du changement, techniques de négociation, etc.) susceptibles de compléter les outils classiques du commandement. À l’inverse, une formation MOOC (Massive Open Online Courses) « Gestion de crise », de six semaines, est dispensée par les officiers professeurs du CFDG à l’attention des étudiants en Master de l’université de Paris II Panthéon-Assas. Diffusée également sur Internet, elle permet au grand public, notamment aux personnes en situation de responsabilité, de découvrir les modes de résolution de crise utilisés en gendarmerie.

Enfin, des formations hybrides sont mises en place, destinées à la fois aux cadres militaires et aux hauts responsables civils. C’est le cas du MBA spécialisé en « management de la sécurité », créé en lien avec l’université Panthéon-Assas et HEC, qui regroupe chaque année des officiers de gendarmerie et des autres armées, ainsi que des cadres d’entreprises publiques et privées. Ce diplôme leur permet notamment d’acquérir des connaissances sur les enjeux sécuritaires et stratégiques actuels, tout en favorisant l’échange entre les officiers et les auditeurs externes.

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