PGHM : secouristes et enquêteurs

  • Par Angélina Gagneraud
  • Publié le 12 mars 2018
Les ADJ Paddeu (PGHM) et Châtaignier (Tic) forment les pisteurs-secouristes à la préservation des traces et indices au cours d'un exercice de découverte de cadavre en station.
© Mi Dicom – ADC F. PELLIER

Le PGHM de Pierrefitte-Nestalas, en plus d’être un acteur incontournable en termes de secours en milieu périlleux, n’oublie pas ses prérogatives judiciaires.

Travail illégal sur les massifs montagneux, infraction à l'environnement, homicide ou blessures involontaires lors d'un accident de dameuse, incendie de refuge, chute mortelle d'un passager de télécabine, découverte de cadavre… autant d'enquêtes que les militaires du PGHM sont amenés à diriger. Un savoir de technicien montagnard mêlé à celui d'Officier de police judiciaire (OPJ) sur lequel les magistrats s'appuient au quotidien (lire témoignage).

Formés spécifiquement à la réglementation montagne, les gendarmes des PGHM maîtrisent non seulement le Code pénal mais également les Codes du sport, de l'environnement, de l'urbanisme, du tourisme ou encore du travail. « Cet enseignement du monde particulier de la montagne donne un statut de sachant à nos OPJ, qui peuvent mener des enquêtes judiciaires dont la technicité relève parfois de “l’expertise” », souligne l'adjudant-chef Alain Menière, chef du pôle juridique du Cnisag.

PTS et constatations en haute altitude

Lors de chaque mission, l'intervention des militaires du PGHM de Pierrefitte-Nestalas est double : ils agissent en urgence dans le cadre du secours puis prennent de la hauteur pour étudier la scène dans son ensemble et effectuer les premières constatations.

Selon la nature de l'événement, ils sollicitent un Technicien en identification criminelle (Tic) de Tarbes, membre du GMG (Groupe montagne gendarmerie). Formé par ses camarades de l'unité, l'adjudant (ADJ) Thierry Châtaignier peut intégrer une caravane terrestre ou être encordé pour accéder à une scène complexe ou pluri- victimes. Il apporte son concours pour réaliser les constatations et la mise sous scellés.

Avec un militaire du PGHM, ils vont analyser la scène en prenant en compte les caractéristiques du terrain, les conditions météorologiques et l'équipement de la victime pour établir le plus précisément possible l'origine, les liens de causalité et les circonstances de l'accident.

L’ADJ Châtaignier (Tic) réalise toutes les constatations nécessaires à la découverte d’un cadavre en milieu montagneux. Un exercice en hauteur pour les gendarmes et pisteurs des stations du département.

© Mi Dicom – ADC F. PELLIER

« Il s'agit véritablement de compétences croisées entre le spécialiste de la police technique et scientifique et le spécialiste montagne, explique le capitaine (CNE) Jean-Marc Bougy, commandant le PGHM. Chacun s'appuie sur l'autre. De ce travail en osmose dépend la bonne conduite de l'enquête. »

Cette compétence d’enquêteur et cette qualification d’OPJ sont appréciées par les magistrats. Ainsi, Eric Serfass, procureur de la République à Tarbes, esplique : « Tous les militaires du PGHM de Pierrefitte-Nestalas sont OPJ. Une qualification particulièrement appréciable car ils possèdent les compétences nécessaires pour nous remettre des enquêtes de qualité en termes judiciaires et techniques. Cette expertise est d'autant plus importante que certaines années, les accidents mortels en montagne sont plus nombreux que sur la route » .

La « fiche réflexe P.J. » : un partenariat multi-services

Il y a trois ans, le PGHM a initié une « fiche réflexe P.J. » dans le cadre des accidents en montagne, en lien avec le Parquet. En accord avec ses partenaires (préfecture, CRS, Samu, Sdis), ce document est présenté aux onze directeurs de station de ski du secteur et intégré aux fiches de poste des professionnels et vacataires des sites.

« En cas d'accident mortel ou corporel grave, impliquant un professionnel de la montagne ou un équipement de la station, les pisteurs-secouristes sont sensibilisés à la conduite à tenir pour concilier secours et préservation des indices », explique le CNE Bougy.

Accompagné des militaires du PGHM, l'adjudant Châtaignier dispense une formation à l'attention des saisonniers et des permanents des stations de ski. « Je leur explique par des cas concrets leur rôle en arrivant sur les lieux d'un accident. Ils doivent participer au mieux à la préservation des traces et indices, fermer une piste, immobiliser le matériel, retenir les témoins, etc. »

Conseils techniques pour prévenir les accidents

Spécialistes reconnus, les militaires du PGHM sont régulièrement sollicités pour leurs compétences techniques. Enquêteurs en milieu montagneux, ils apportent un avis pertinent auprès de leurs partenaires et sont des vigies de l'application de la réglementation.

Ils permettent ainsi de prévenir de nombreux accidents et donc autant d'enquêtes. Par exemple, l'émergence du recours aux hélicoptères privés sur le domaine skiable pour les évacuations fait l'objet d'une attention particulière par les services de la préfecture, notamment en termes de conformité d'emploi des moyens et de protection des personnes.

« Leur utilisation doit impérativement respecter les normes de transport sanitaire et de sécurité aérienne. Imaginez s'ils transportent un blessé avec un trauma et que son cas s’aggrave. Finalement, les moyens de l'État seront engagés, mais nous aurons perdu beaucoup de temps ! Sans oublier le contentieux qui pourrait en résulter », prévient le capitaine Bougy, qui a souhaité associer à cette réflexion la brigade de gendarmerie des transports aériens, en plus du détachement aérien de Tarbes.

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