Sécurité planifiée

  • Par la capitaine Céline Morin
  • Publié le 05 décembre 2018
La rénovation du réseau de communication, conduite par la SSIC projetable du CPGC, en lien avec le ST(SI)2, le SCRTA et la SSIC de Nouvelle-Calédonie, s’est achevée en juin 2018. Elle a permis d’assurer une couverture optimale de l’île.
© MAJ F. Balsamo

Anticipées et préparées depuis près de deux ans, les différentes étapes du processus d’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie se sont déroulées sans incident. Le jour du vote, plus de 1000 gendarmes étaient mobilisés, sous l’autorité du Haut-commissariat de la République, pour en assurer la sécurité. Retour sur une importante manœuvre de planification conduite en étroite liaison avec les autres services de l’État.

Le 4 novembre 2018, les habitants de la Nouvelle-Calédonie étaient appelés aux urnes pour décider de leur rattachement à la France. Un événement historique, auquel la gendarmerie s’est préparée dès décembre 2016, en étroite liaison avec le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, les Armées et la police nationale.

La planification était d’autant plus essentielle que près de 17 000 km et 9 à 10 heures de décalage séparent ce territoire français, situé dans le Pacifique Sud, de la métropole. Une distance impactant à la fois la manœuvre logistique et la projection de personnel en termes de réactivité. Tout devait donc être évalué et préparé bien en amont, afin d’être en mesure de réagir à tout événement et de garantir le bon déroulement du scrutin, tout en assurant la sécurité des militaires et de leurs familles.

Début de planification dès décembre 2016

Le contexte dans lequel les préparatifs débutent est celui d’un automne 2016 tendu, au cours duquel les forces de l’ordre ont été la cible de plusieurs tirs d’armes à feu. Pour l’appuyer dans sa manœuvre de planification de l’opération de sécurité, le Commandement de la gendarmerie (COMGEND) pour la Nouvelle-Calédonie fait appel au Centre de planification et de gestion de crises (CPGC) dès le mois de décembre 2016. À cette époque, la date définitive du référendum n’est pas encore arrêtée.

Selon ses méthodes habituelles, le CPGC commence par projeter sur place, dès le mois de janvier 2017, une équipe d’évaluation afin de dresser un état des lieux des moyens disponibles, de la menace et des forces en présence. Puis, il élabore une conception de manœuvre générale, ainsi qu’un inventaire des mesures indispensables à prendre selon un rétroplanning précis.

La manœuvre logistique, orchestrée par la section logistique du CPGC, le SAELSI et le CNSL, a permis d’acheminer de nombreux matériels par bateau et par avion : matériel de transmission et de secourisme, munitions, lots de protection balistique, rations individuelles, herses amovibles, véhicules 4x4blindés, VBRG, Iribus…

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L’idée de manœuvre, validée par le directeur général le 15 mars 2017, repose principalement sur le renforcement de la résilience des unités territoriales, l’intensification du contrôle du territoire et une augmentation de la capacité d’intervention.

Sur ordre du directeur général, le CPGC met alors en place, dès avril 2017, à Nouméa, un Groupe de planification opérationnelle (GPO) permanent, composé de différentes technicités évoluant au regard des besoins, pour piloter l’ensemble de la préparation en lien avec le COMGEND, préparer la montée en puissance des moyens opérationnels et logistiques, puis la conduite des opérations. Parallèlement, la manœuvre renseignement, conduite par les échelons locaux, la sous-direction de l’anticipation opérationnelle et le service d’information et de relations publiques des armées gendarmerie, permet d’avoir un suivi en temps réel de l’évolution de la situation et de la menace, et donc d’affiner les besoins opérationnels.

Consolider les moyens locaux

Premier objectif : renforcer la résilience des unités territoriales et les capacités de communication. À cet effet, la manœuvre de rotation des escadrons de gendarmerie mobile déployés en permanence sur l’île est conçue de manière à en maintenir cinq sur place. Leurs effectifs sont sanctuarisés, bien en amont du jour J, au profit des unités territoriales, sous forme de détachés en brigade et de Détachements de surveillance et d’intervention (DSI).

Dès l’été 2017, une manœuvre d’ampleur est également entreprise par la Section des systèmes d’information et de communication (SSIC) projetable du CPGC, en lien avec le Service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure [ST(SI)2], le Service central des réseaux et technologies avancées (SCRTA) et la SSIC de l’île, afin de rénover l’ensemble du réseau de transmissions et assurer une couverture optimale de l’île, clé de toute conduite opérationnelle et gage de la sécurité des militaires.

À J-15, le GPO est renforcé par une cinquantaine de spécialistes dans différents domaines(administratif, judiciaire, logistique, communication, intervention spécialisée, etc.). Parmi eux, par exemple, des mécaniciens auto-engins blindés, afin de dépanner les VAB et les VRBG.

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Différents travaux sont menés de front jusqu’à la fin juin 2018 : remise à niveau des relais radio (réseau VHF outre-mer), bascule sur fibre optique sous-marine (bande passante multipliée par dix - prérequis au déploiement de Néogend) de la liaison de sortie vers la métropole pour l’ensemble des unités locales, en conservant l’ancien lien satellite en secours pour le centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie, mise en place d’un réseau numérique projetable PTN, déploiement accéléré de 259 smartphones et huit tablettes, mise en œuvre d’un système de géolocalisation des véhicules (y compris les non opérationnels), livraison de matériels pour compléter les dotations, renforcer les volants tactiques ou répondre à des besoins nouveaux (balises)… Les Véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG), ainsi qu’un hélicoptère, sont par ailleurs équipés de caméras pour alimenter la manœuvre image.

Dans le même temps, un volet formation est mis en œuvre pour que les personnels de la SSIC soient en mesure de déployer et d’opérer les différents équipements. Toutes les deux semaines, le COMGEND organise des tests pour contrôler le fonctionnement du réseau de communication. Le CPGC déploie par ailleurs son dispositif de cartographie tactique numérique dédié :T@cMap988.

Renforcer les effectifs

Si la manœuvre de sécurisation de cet événement s’appuie très largement sur l’ensemble des ressources du COMGEND, celui-ci doit recevoir le renfort d’une cinquantaine de spécialistes dans différents domaines (administratif, judiciaire, logistique, communication, intervention spécialisée, etc.), regroupés au sein du GPO.

La projection de trois escadrons supplémentaires est également programmée pour répondre aux besoins d’intervention, portant à huit le nombre total d’unités de force mobile à un mois du jour J. Deux escadrons Serval sont, en outre, placés en alerte en métropole.

Garantir la sécurité des militaires et des emprises

Dans sa conception de manœuvre, la gendarmerie s’attache également à garantir la sécurité de ses militaires et de leur famille tout au long de ce processus électoral, en renforçant à la fois leur protection et leur capacité de résilience.

Outre les moyens de communication et de géolocalisation qui participent largement à ce volet, le parc de véhicules blindés est renforcé :

- quantitativement, à hauteur de 22 engins : huit Véhicules de l’avant blindés (VAB), de retour d’Afghanistan, et quatre VBRG, projetés depuis la métropole, s’ajoutent aux dix VBRG déjà présents en Nouvelle-Calédonie ;

- qualitativement, avec la mise en place d’un dispositif de surblindage pour faire face aux armes de grande chasse. Des moyens de communication (radio, haut-parleurs) et de prise d’images sont également installés sur certains engins. Parallèlement, une formation est mise en place au centre national d’entraînement des forces de gendarmerie afin de préparer les gendarmes mobiles à intervenir sous blindage.

Courant 2018, des opérations de renforcement des protections passives ont été réalisées sur trente-trois emprises de gendarmerie isolées, après l’audit des référents sûreté.

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Des référents sûreté sont également projetés sur place pour réaliser l’audit de trente-trois emprises de gendarmerie isolées, où des opérations de renforcement des protections passives sont effectuées courant 2018. Des trousses de secours et des rations alimentaires sont livrées dans les unités, des plans d’évacuation sont élaborés, et les sites sensibles font l’objet de dossiers d’objectif réalisés par l’antenne GIGN.

Une manœuvre logistique d’ampleur

Essentielle elle aussi, la manœuvre logistique est principalement conduite par la section logistique du CPGC, le Service de l’achat des équipements et de la logistique de la sécurité intérieure (SAELSI) et le Centre national de soutien logistique (CNSL), en charge de la projection opérationnelle.

Divers matériels sont ainsi acheminés par bateau (deux mois de transport) et par avion : munitions, matériel de secourisme, lots de protection balistique, rations individuelles, herses amovibles, véhicules 4x4blindés, véhicules surblindés VBRG, une rame Iribus, cinq rames tactiques Serval…sans oublier le matériel de la manœuvre SIC. La gendarmerie est, par ailleurs, accompagnée dans sa manœuvre de planification par les forces armées, qui prennent en compte la mission d’appui à la mobilité en termes de dépannage, de distribution de carburant et de stockage de munitions. L’état-major des armées dispose également sur place de trois CASA, de deux PUMA et de moyens maritimes sur lesquels s’appuyer en cas de besoin.

J-15 : le dispositif est prêt

À J-15, la phase de planification laisse place à la conduite opérationnelle. Une cinquantaine de spécialistes de différents services arrivent sur l’île pour renforcer le GPO. Sur le terrain, la présence des gendarmes s’intensifie. Un contrôle de zone classique mais vigilant est mis en place jusqu’au jour J.

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